Ce sont de jeunes lecteurs du « Temps » je les connais de vue pour les avoir de temps à autre à la terrasse du café du coin. Ils racontent leur histoire, une histoire comme celle de près de trois mille autres jeunes comme eux à Kairouan et dans les villes et villages du gouvernorat. Histoire d'un chômage qui dure pour certains jeunes depuis sept ans et même plus. Chômage, oisiveté, ennui, sentiment de solitude dans un environnement qui ne leur prête même pas attention. Oui, Monsieur, nous lisons chaque jour le journal « le Temps » grâce au coiffeur du coin qui veut bien nous le prêter pour suivre les informations sportives et l'évolution de notre porte étendard :la JSK. Errance quotidienne Nous espérons que vous voudriez bien transmettre notre angoisse et notre désarroi face au néant qui nous submerge dans notre errance quotidienne à la recherche d'un emploi. Oui, dites à qui de droit que nous avons ras le bol du chômage, que nous arrivons jusqu'à nous détester à force de nous sentir relégués aux oubliettes dans notre société. Ne nous dites surtout pas que l'Etat ne peut pas satisfaire toutes les demandes des trois cents mille diplômés du supérieur qui s'ajoutent à cinq cents mille autres jeunes et moins jeunes qui ploient sous le joug du chômage. Et d'ajouter : tous les jours que le bon Dieu fait, nous faisons le tour des entreprises, rares à Kairouan...Nous sommes allés à Sousse et surtout à Tunis où pas une institution, banque, ministère, ou office n'ont été oubliés dans notre recherche de l'emploi tant espéré. Combien de demandes accompagnées de CV, avons-nous déposé auprès de ces institutions et organismes....Les rares fois où des convocations nous ont été envoyées provocant joies et espoirs chez nos familles, ont été conclues par le sempiternelle phrase « désolé ; vous n'avez pas d'expérience, revenez quand vous en aurez ; peut être qu'on pourra vous recevoir ! » Sans présent ! Et sans avenir ? C'est un cri de détresse que l'on entend tous les jours de la part de jeunes sans emploi, sans présent et sans avenir. Des jeunes recroquevillés dans leur désespoir et dont l'attention est loin de tous ces discours politiques et ces querelles partisanes qui marquent la vie politique dans notre pays. La réalité de la Tunisie profonde est là dans les villes et villages où sommeille l'intelligence d'une jeunesse fatiguée d'entendre des promesses et d'attendre des lendemains meilleurs qui se transforment en mirages. Là dans la Tunisie profonde, des compétences et des intelligences se morfondent dans l'attente de pouvoir faire exploser leur savoir faire, et le mettre au service de leur pays. Même si les capacités et le niveau de croissance économique du pays, expliquent son incapacité à faire travailler tous les demandeurs d'emploi ; il s'agit d'une priorité qui transcende toutes les autres, il y a une exigence de salut public pour rendre espoir à la jeunesse tunisienne, la protéger des dérives de toutes sortes qui la sollicitent profitant de son désarroi et du désœuvrement dont elle souffre lorsqu'elle se sent marginalisée. Où sont les académies de formation ? Nous avons entendu parler de la création d'académies de formation et de recyclage. Où en est –on dans ce dossier essentiel, car il représente peut-être une solution adéquate pour répondre à l'exigence de « l'expérience » et faire sortir les demandeurs d'emploi du cercle vicieux de la primauté de l'expérience et de l'empoi; c'est-à-dire qui de la poule et de l'œuf a été crée le premier ? La jeunesse est l'avenir de la Tunisie .Elle représente le plus clair de la population. C'est la force vive de la nation et la colonne vertébrale de son développement présent et futur.