Le verdict du peuple tunisien est tombé : Béji Caïd Essebsi candidat de Nidaâ Tounès, de plusieurs autres partis et personnalités nationales, est le président de la République pour les cinq années à venir. Les résultats préliminaires annoncés par l'Instance Supérieure Indépendante des Elections sont péremptoires, coupent court à la polémique et consacrent le « jeune » octogénaire de la vie politique du pays, vainqueur du deuxième tour de la présidentielle avec 55,68% des voix contre 44,32% pour son adversaire Moncef Marzouki. En fait, l'ISIE n'a fait que confirmer les scores révélés par les instituts de sondages d'opinions et contestés par l'équipe électorale de Moncef Marzouki sous prétexte que des données parvenant de leurs observateurs, faisaient état d'un score très serré mettant en doute la victoire de Béji Caïd Essebsi et la possibilité d'une surprise à la proclamation des résultats officiels par l'ISIE. Mais on sentait, d'après la mine patibulaire de Adnène Moncer et d'après les traits crispés de Marzouki lors de son intervention devant ses partisans, que la partie était perdue, malgré les semblants d'airs festifs au quartier général. Il y a lieu de s'interroger à juste titre sur les raisons de la polémique conséquente aux résultats révélés par les instituts de sondages d'opinion alors qu'il s'agit d'une procédure instituée dans les anciennes démocraties et qui a fait ses preuves même dans la démocratie tunisienne naissante. Les résultats de ces instituts étaient proches de ceux de l'ISIE, aux législatives comme au premier et deuxième tour de la présidentielle. Mais maintenant que l'orage est passé, que la campagne électorale avec ses dérives et ses soubresauts est terminée, que la construction de la démocratie sur des bases solides a commencé et que la Tunisie est sortie victorieuse d'une épreuve harassante et pénible, tournons la page du passé et regardons l'avenir en face avec espoir et détermination. Et surtout, saisissons le message du peuple tunisien à la classe politique : pas de chèque en blanc à un seul parti ou à une seule personne, pas question d'un retour à la dictature et à l'hégémonie et surtout union sacrée dans le cadre des institutions démocratiques de l'Etat autour des objectifs de la prochaine étape et des attentes du peuple. D'ailleurs, aucun parti n'est en mesure de prétendre résoudre à lui seul les problèmes du pays ni relever à lui seul les défis du futur. Et, Dieu sait combien ils sont difficiles, sur tous les plans.