La grève du transport public est suspendue, mais la crise demeure intacte, grave, lancinante et son dénouement dépend de plusieurs facteurs aussi inextricables les uns que les autres. En dépit de toutes les considérations, la suspension de la grève est perçue comme un pas positif de nature à atténuer un tant soit peu la colère des citoyens et à détendre l'atmosphère entre la centrale syndicale et le gouvernement dont la réaction énergique et les mesures décidées ont été favorablement accueillies aussi bien dans les milieux populaires que politiques. Il ne faudrait pas cependant s'attendre à une période de totale quiétude, ni surtout à ce que le prochain round de négociations entre le syndicat et le gouvernement sur ce dossier et sur bien d'autres soit une sinécure. Les raisons de la tension sociale restent les mêmes, les revendications n'ont pas changé et les mentalités aussi. Ainsi une nouvelle grève dans le transport est annoncée pour les 26, 27 et 28 janvier alimentant la crainte d'un bras de fer aux conséquences incalculables pour la paix sociale et pour l'économie du pays. Justement, y a-t-on pensé à cette économie essoufflée lessivée et au bord du gouffre ? A vrai dire, quatre ans après la Révolution, rares sont ceux qui mesurent la gravité de la situation. Il ne s'agit nullement de remettre en question les acquis de la Révolution, ni le succès de la transition démocratique, mais de dire franchement que le pays ne peut plus continuer sur la voie de la frénésie revendicatrice et l'agitation sociale. Les caisses sont vides et l'Etat a besoin d'un moment de répit pour pouvoir redresser la situation. Cet objectif ne peut être atteint qu'avec la conjugaison des efforts de tous et une prise de conscience générale des défis futurs qui ne peuvent être relevés qu'avec le retour des valeurs de la citoyenneté, du travail et du don de soi.