Sousse, Le Kef, Tunis, Kébili, Kairouan, Gafsa, Monastir, Mahdia, Gabes, Djerba, et tant d'autres régions de la Tunisie ont célébré comme il se doit l'anniversaire de l'Indépendance nationale. Des manifestants sortis par milliers scander l'hymne national, brandissant le drapeau et apportant leur soutien, inconditionnel, aux différentes unités de la Sûreté nationale. La société civile a organisé ces différentes marches pour célébrer la plus importantes des fêtes nationales et pour afficher l'union des Tunisiens après l'opération terroriste qui a frappé le musée du Bardo le 18 mars dernier. A l'avenue Habib Bourguiba, au centre du grand Tunis, des citoyens ont manifesté côte à côte avec des touristes venus soutenir la lutte des Tnisiens. Des touristes présents pour dire qu'ils poursuivront leur séjour et qu'ils reviendront visiter le pays des rêves. Des slogans anti-terroristes ont été scandés par des centaines de Tunisiens qui, par leur présence, ont voulu dire non au terrorisme et à la peur. Le ministre de l'Intérieur, Najem Gharsali, a pris part dans les célébrations et a effectué, dans un geste symbolique, une marche de son ministère en direction du palais de la Kasbah accompagné par les hauts-cadres du ministère. Par ailleurs, des rassemblements de soutien ont eu lieu devant le siège du Consulat de Tunisie à Paris avec la présence du Président de la Région Rhône-Alpes, le Maire de Lyon, le Préfet de Région et plusieurs citoyens français venus manifester leur soutien à la Tunisie. Au palais de Carthage, une cérémonie de célébration a été tenue à l'occasion de la fête de l'Indépendance. La surprise a été créée par l'arrivée de l'ancien président de la République, Moncef Marzouki, dans sa première apparition officielle depuis la cérémonie de la passation des pouvoirs. En revanche, le leader du Front Populaire, Hamma Hammami et le secrétaire-général de l'Union Générale des Travailleurs Tunisiens, Houcine Abbassi, ont curieusement brillé par leur absence. Etaient aussi présents à la cérémonie les anciens ministres du leader Habib Bourguiba, les différents chefs de partis, dont notamment Rached Ghannouchi, et quelques représentants et ambassadeurs des Etats étrangers. Dans son discours, Béji Caïd Essebsi est revenu sur l'opération terroriste ayant visé le musée du Bardo en expliquant que le terrorisme a désormais pour cible les institutions dynamiques du pays. Pour le chef de l'Etat, l'attaque contre le musée du Bardo avait pour but de saboter l'économie nationale et d'étouffer la société tunisienne tout entière. De ce fait, Béji Caïd Essebsi explique que la guerre contre le terrorisme était bel et bien lancée et qu'il n'était plus question de reculer. Il a enchainé en appelant les députés de l'Assemblée des Représentants du Peuple à faire passer la loi anti-terroriste sans attendre et sans aucune hésitation afin de renforcer les outils de cette lutte contre ‘toute personne qui ose brandir les armes devant les citoyens Tunisiens'. Il n'existe pas de Printemps arabe mais un début de Printemps tunisien C'est comme cela que le président de la République a évalué la situation actuelle de la Tunisie et de toute la zone arabe ayant connu les révolutions. Il a expliqué que le cinquante-neuvième anniversaire de l'Indépendance coïncidait avec la mise en place d'une nouvelle Constitution et de l'avènement d'un nouveau gouvernement issu d'élections transparentes et de consensus national élargi. Il a ajouté que la deuxième République Tunisienne est en train de s'instaurer doucement mais sûrement tout en respectant les objectifs suprêmes de la Révolution de 2011. Par ailleurs, Caïd Essebsi a insisté sur l'importance de la civilité de l'Etat qui a été acquis dès l'Indépendance et développé tout au long des différentes stations de l'Histoire de la Tunisie. Une Histoire qui a besoin d'être revue afin que le présent et l'avenir soient tracés à la perfection. La femme, l'Armée nationale, les différents mouvements syndicalistes et universitaires n'ont pas été omis du speech du président qui a rappelé le rôle important tenu par eux lors des différentes étapes de l'Indépendance nationale. Il a ajouté qu'il était aujourd'hui primordial que les jeunes tunisiens découvrent toute cette Histoire afin que ‘l'abominable acte de la profanation de la statue de Tahar Hadad, qui traduit la haine et l'ignorance, ne se reproduise plus jamais'. L'ère ‘désolante' de Ben Ali n'a pas été oubliée dans ce discours puisque le chef de l'Etat a expliqué qu'il ne s'agissait que d'une faille dans le parcours qui a résulté d'une tendance autoritaire virant vers une dictature des plus oppressantes. Le discours a pris fin avec un renouvellement de l'engagement de sa personne dans la protection de l'Etat et de sa civilité, la sauvegarde de l'union et de l'Indépendance Nationale. L'Indépendance a marqué le coup d'envoi de l'instauration de l'Etat civil symbole de la souveraineté de la Tunisie. Depuis la Révolution, on a eu l'impression, et ce à maintes reprises, que cette indépendance, du moins sur le plan symbolique, a été menacée. Notre lutte contre l'extrémisme, dans un premier temps, et contre le terrorisme par la suite s'est inscrite dans le registre de l'interminable reconquête de notre si chère Indépendance.