Pour peu qu'elle soit mieux articulée, la coopération agricole tuniso-française ne pourra que répondre aux attentes des uns et des autres, certes très spécifiques aux réalités des deux pays mais allant dans le sens d'un partenariat rénové prenant ses sources et ses impulsions dans des projections fondamentalement euro-méditerranéennes. C'est ce qui explique sans doute l'intérêt attaché au premier Forum de partenariat tuniso-français dans le domaine agricole tant à travers la qualité des participants que les approches développées sans omettre le fait que la rencontre a été co-présidée par les ministres de l'agriculture des deux pays. Plus important encore , la Tunisie aborde cette étape de sa coopération agricole avec la France , en se prévalant , pour la première fois depuis des années d'un excédent de 3 millions d'euros de la balance commerciale agroalimentaire . La France n'est pas en reste, puisqu'elle compte parmi les principaux investisseurs étrangers dans les secteurs agricole et agroalimentaire en Tunisie à la faveur de l'implantation d'une quinzaine d'Entreprises. Les opérateurs tunisiens doivent cette avancée à l'augmentation de leurs ventes en France où les fruits représentent , à eux seuls, près de la moitié de la valeur des exportations ,suivis des légumes, des conserves et produits d'épicerie sèche et de l'huile d'olive. D'entrée de jeu , la partie tunisienne a précisé ce qu'elle attend de ses vis-à-vis français : le développement de la coopération dans le domaine de la recherche agricole, de l'approvisionnement en matières premières agricoles et le développement de nouvelles cultures, telles que le colza, et surtout un soutien de la France dans ses prochaines négociations sur la libéralisation des échanges de produits agricoles avec l'Union européenne . En écho, le ministre français de l'agriculture a dit combien son pays est disposé à œuvrer avec la Tunisie pour affronter les défis engendrés par la hausse des prix des matières premières et développer de nouvelles pratiques dans le domaine agricole afin de faire face aux changements climatiques, soulignant que le Sud de la France pourrait avoir besoin dans les prochaines années, d'utiliser les mêmes techniques d'économie de l'eau que celles en cours actuellement en Tunisie. CEREALES,MELON ET FRAISES Par-delà les orientations stratégiques, il a été possible de convenir de quelques engagements concrets comme celui fait par le Vice-président de la Fédération nationale des syndicats des exploitants agricoles (FNSEA),d'amener les agriculteurs français à travailler en collaboration avec leurs homologues européens en vue d'augmenter l'offre européenne de produits céréaliers destinée à la Tunisie. En outre, il a estimé également possible d'envisager un partenariat commercial destiné au développement de la commercialisation de produits, tels que le melon et les fraises dans des pays tiers à l'instar de ceux de l'Europe du nord, ce qui s'ajoute aux opportunités de partenariat agricole notamment dans le domaine du développement de la production des huiles végétales. Enjeux agricoles euro-méditerranéens Parmi les questions que le ministre français a évoquées avec ses interlocuteurs tunisiens le volet agricole de l'Union méditerranéenne que le Président de la République française est en train de promouvoir auprès des partenaires du pourtour méditerranéen précisant qu'il travaille à une évaluation des échanges agricoles entre les futurs pays membres. De fait, la question agricole occupe une place incontournable et stratégique dans les relations euro-méditerranéennes au motif que l'agriculture joue en Méditerranée un rôle fondamental dans les équilibres économiques, sociaux et territoriaux. Au rang des initiatives européennes majeures pour interpeller les enjeux agricoles , la décision prise par l'Union Européenne ,en novembre 2005, d'ouvrir les négociations avec les pays partenaires méditerranéens (PPM) sur la libéralisation des échanges agricoles L'UE estime que l'agriculture peut rassembler et apparaître comme un terrain d'action efficace pour stimuler la coopération euro-méditerranéenne, en se fondant sur des stratégies audacieuses, sur la base des complémentarités, des spécificités et des défis communs présents dans la région. Trois nécessités y sont prises en compte : - Une mobilisation de tous les acteurs concernés, avec notamment un rôle accru pour les opérateurs privés et les collectivités territoriales, sans négliger la société civile. - Un véritable plan stratégique de développement rural pour le Sud de la Méditerranée , où il faut à la fois diversifier les activités, rétablir la cohésion sociale, renforcer les infrastructures, reconnecter les campagnes aux villes et préserver l'environnement. - Une gestion responsable des ressources naturelles et ainsi faire du développement durable, non pas un simple correcteur des effets de la mondialisation, mais un puissant vecteur pour sortir l'agriculture du non-développement.