«La centrale syndicale qui a dans son agenda des élections l'année prochaine est dans la surenchère entre candidats», déplore le président de la commission économique de l'UTICA, Nafaâ Ennaïfer Plusieurs milliers de salariés des entreprises privées implantées à Sfax ont observé, hier, une grève générale régionale en signe de protestation contre le blocage des négociations sociales devant aboutir à la majoration de leurs salaires. «La grève, qui concerné 164 entreprises, a enregistré un taux de participation proche de 100%», a assuré le secrétaire général de l'Union régionale du travail de Sfax, Mohamed Hédi Ben Jomâa, estimant que ce taux de suivi reflète la solidarité entre les travailleurs et leur attachement à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). De son côté, le secrétaire général-adjoint de la centrale syndicale chargé du secteur privé, Belgacem Ayari, a fait remarquer que la «réussite éclatante» de la grève régionale représente un signal clair envoyé à l'UTICA, appelant cette organisation patronale à revoir sa position en ce qui concerne la majoration des salaires de quelque 1,5 million de travailleurs dans le secteur privé. M. Ayari, qui a prononcé une allocution devant le siège de l'antenne régionale de l'UGTT à Sfax, a également évoqué la possibilité d'une grève générale qui touchera les secteurs public et privé au cas où l'UTICA continuera à refuser d'accorder des augmentations respectables aux salariés des entreprises privées. Outre la grève, les travailleurs du secteur privé à Sfax ont organisé une marche de protestation qui a pris départ du siège de l'Union régionale du travail (URT) jusqu'au siège du gouvernorat. Quelque 20.000 personnes ont participé à cette marche, selon des sources syndicales. Du côté de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), on remet en doute les chiffres relatifs à la participation à la grève régionale annoncés par la centrale syndicale. Selon une source proche du bureau exécutif national de l'organisation patronale, le fait d'annoncer un taux de suivi proche de 100% relève de la «surenchère médiatique». Le président de la section régionale de l'UTICA à Sfax, Anouer Triki a souligné, quant à lui, que «l'activité dans certaines zones industrielles à l'instar de celle de Oued Chaâbouni a connu aujourd'hui un rythme soutenu», indiquant que le travail s'est presque poursuivi normalement dans les stations- services et les boulangeries. M. Triki a aussi fait état de «pressions exercées par les syndicalistes sur les travailleurs qui n'ont pas souhaité observer la grève». Le président de la commission économique de l'UTICA, Nafaâ Ennaïfer, a estimé, de son côté, que les grèves, qui devraient se poursuivre dans d'autres régions, comportent des enjeux liés au prochain congrès de l'UGTT. «La centrale syndicale qui a dans son agenda des élections l'année prochaine est dans la surenchère entre candidats», déplore-t-il, indiquant que «l'UGTT cherche à avoir un ascendant sur les futures négociations et à peser sur les réformes (Partenariat public-privé, Code des investissements etc...) ». Il est à rappeler que lors de la dernière séance de négociations tenue au siège du ministère des Affaires sociales, la centrale syndicale avait revu à la baisse ses exigences en proposant des augmentations salariales de 15 à 12% tandis que l'UTICA a campé sur sa position préconisant des majorations salariales indexées sur les indicateurs économique de la productivité, du taux de croissance et de la valeur ajoutée, soit un taux inférieur à 5%. Mémoire du temps présent Par Khaled Guezmir Bras de fer social .. L'économie au bord du précipice Et on pousse... en avant ! Le bras de fer UGTT-UTICA met la Tunisie, son moral et surtout son économie sur les pas de danse du Tango ! Un pas en arrière, deux pas en avant alors que nous sommes au bord du précipice. La productivité en baisse vertigineuse, le chômage en hausse pour atteindre 15,3% de la population active, la dette à 53% du PIB, la masse monétaire et la liquidité bancaires aux quatre vents, l'investissement interne et externe prend le large vers d'autres cieux et contrées plus attrayants etc... Tout cela n'est pas suffisant pour inciter la centrale syndicale historique lubrifiée à bloc par la revendication permanente et la centrale patronale, elle aussi, démobilisée à bloc par la pesanteur bureaucratique et le mal de mer du climat des affaires totalement anesthésié, à faire prévaloir l'intérêt supérieur de la nation et du peuple que Hached a tant aimé. Et dire que chaque jour la menace terroriste grandit et les nouvelles tombent heure après heure sur l'arrestation d'une « cellule... dormante », criminelle terroriste, sur le point de s'activer pour submerger le tout murs et fonds. Tout cela n'impressionne pas les « leaders » syndicaux à l'image de M. Belgacem Ayari en charge du secteur privé à l'UGTT qui cumule les discours de mobilisation à Sfax et ailleurs et que l'UTICA par « leaders » opposés notamment M. Khelil Ghariani assimilent à des « menaces » qui ne lui font pas peur ! Pourtant la différence pour arriver au compromis positif et salvateur se situe autour de 10 points seulement. En effet l'UGTT réclame une augmentation de salaires dans le privé de 15% et l'UTICA offre 5%, à peu près le pourcentage de l'augmentation annuelle de l'inflation depuis la Révolution et même avant. Par conséquent couper la poire en deux à un ou deux points près, serait peut être la solution, pour fixer à l'amiable et d'un commun accord une augmentation de 8% minimum, 10% maximum. De toute façon rien ne se perd et rien ne se crée... tout se transforme. Les augmentations salariales donneront du pouvoir d'achat chez les travailleurs qui se traduiront positivement sur la consommation et donc sur le commerce. Quant aux entreprises déjà en difficulté, ou sinistrées et qui ne peuvent pas digérer ni faire face à l'augmentation des salaires et des prix de revient, elles seront obligées de dégraisser le personnel et la masse salariale gonflée artificiellement par la revendication sociale excessive et inopportune pour elles. Là, c'est le risque que court la centrale syndicale à force de tirer un peu trop sur les cordes... depuis trois ans dans le public et dans le privé. Personnellement je ne suis pas très pessimiste, parce que l'UGTT a toujours été nationaliste et patriote à l'image de son fondateur le leader Farhat Hached. Le fait de consolider son rôle de canalisation des exigences et du mécontentement des travailleurs et des catégories fragilisées de la population, est en lui-même un acquis sur le moyen et le long terme. Les systèmes politiques et sociaux implosent quand ils n'ont pas, justement, de structures d'aération comme l'UGTT. Donc, soyons raisonnables et solidaires et allons ensemble vers la solution équitable et réalisable pour tous. Attention, quand « trop... c'est trop », la machine cale et le peuple en souffrira davantage ! Alors un « mauvais » arrangement vaudra mieux qu'une « belle » grève à Sfax !