Complexité du terrain, altitude de 1544 km, chemins escarpés, feuillages et végétation, grottes, cassures et sillons, Jebel Châambi est l'un des champs de bataille les plus rudes Après les «Jours sombres», notre armée maîtrise, désormais, la situation et adopte une position de force Chaque année, le ministère de la Défense offre aux journalistes l'opportunité de visiter, dans les régions, les différentes unités de l'armée nationale et de découvrir plus en détail leurs missions. La destination de la première visite en ce 2016 a été tenue secrète jusqu'au dernier moment et pour cause ! Parti de Tunis aux aurores, le groupe composé d'une trentaine de journalistes et de représentants du ministère s'est rendu à Kasserine en direction de Jebel Châambi. Une aventure inédite pour les journalistes sur les hauteurs de ce mont où se déroule, depuis quelque temps, une bataille sans merci entre les ennemis de la patrie et ses défenseurs, qui leur a permis de découvrir la rudesse mais aussi la délicatesse de la mission confiée aux soldats tunisiens dans cette zone montagneuse. Une visite à l'issue de laquelle on peut toutefois affirmer que dans cette guerre de tout instant pour la survie de l'Etat et malgré la menace terroriste persistante, la peur a définitivement changé de camp et après les quelques coups douloureux qui lui ont été portés au début, l'armée a définitivement repris le dessus et maîtrise, désormais, la situation. Il est presque midi lorsque le groupe de journalistes et de représentants du ministère de la Défense est arrivé à Kasserine, sous bonne escorte. Dans le centre-ville, en voyant le cortège passer, certains citoyens ont à peine levé les yeux, d'autres n'y ont même pas fait attention et ont continué leurs chemins. Seuls les enfants semblaient impressionnés et ont salué de la main avec enthousiasme. C'est que le passage des gros engins militaires est devenue monnaie courante dans la ville et l'armée nationale fait désormais partie du décor. Le groupe a marqué un premier arrêt au niveau du centre de vacances et de loisirs situé au pied du Mont Châambi. Sur place, ils ont rencontré de hauts gradés des unités spéciales militaires de lutte contre le terrorisme et des chefs de régiments. Ensemble, ils ont salué le drapeau national et ont déclamé, à l'unisson, le serment de l'armée avant d'assister à une présentation théorique de laquelle il ressort que la lutte contre la menace terroriste au Jebel Châambi est passée par trois phases. La première, baptisée « Jours sombres», a duré trois mois, s'étendant du 29 avril au 31 juillet 2013. Il s'agit d'une période d'exploration et d'adaptation lors de laquelle l'armée a été rudement attaquée par les ennemis et a essuyé de nombreux revers avec 12 soldats tombés sur le champ d'honneur et la blessure de 14 autres. La deuxième, s'étalant du 1er août 2013 au 31 août 2014, est celle de la récupération du mont Châambi par l'armée, à travers un positionnement étudié des troupes à travers le mont, une région stratégique et à forte symbolique pour les deux parties. Enfin, la troisième étape, ayant commencé depuis le 1er septembre 2014, est placée sous le signe de l'initiative. Ayant cerné les contours de la menace, l'armée est aujourd'hui dans une position d'attaque, portant de douloureux coups aux ennemis et leur infligeant bon nombre de défaites. Depuis le début de cette troisième phase, 18 terroristes ont été abattus et d'autres capturés. De même, un important arsenal d'armes a été saisi lors des différentes opérations. A l'issue de la présentation, un hommage a été rendu aux martyrs de l'armée, tombés en héros, ainsi qu'aux blessés défendant corps et âme leur patrie à longueur d'année. Rude réalité La visite s'est poursuivie à l'intérieur de la zone militaire fermée du Châambi, d'habitude totalement interdite d'accès aux civils. Répartis à bord de Kirby, des véhicules militaires blindés, les journalistes ont découvert la tenue, en cours, de travaux d'aménagement et de goudronnage d'une route s'étendant sur une distance de 7 kilomètres qui permettra une meilleure fluidité de passage aux gros engins militaires. Trois opérations blanches de démonstration ont été menées en présence des journalistes pour leur faire découvrir quelques aspects de la mission de l'armée sur place. La première a consisté au repérage et la destruction d'un camp de terroristes caché entre les feuillages. La deuxième était une opération de détection de mines antipersonnel et antichars et la destruction de l'une d'elles. La troisième opération était une simulation de bombardement à distance. L'ultime étape de cette visite a mené le groupe tout en haut du Châambi, au niveau de l'antenne de diffusion de l'Office National de la Télédiffusion située sur l'un des points culminants du mont et précieusement gardée par nos soldats. Guerre de nerfs, lutte sans merci Loin des déclarations médiatiques enflammées de ceux qui se sont promus du jour au lendemain, experts en stratégie militaire, des discours alarmistes prononcés dans le confort des studios cossus de la capitale, des annonces répétitives et angoissantes de l'imminence d'attentats terroristes sur tout le territoire tunisien, des spéculations tous azimuts des uns et des autres, la visite du groupe de journalistes au mont Châambi a permis de percer à jour des faits qui méritent d'être cités. D'abord, dans cette guerre contre les ennemis de la patrie, il faut prendre en considération la complexité du terrain mais aussi de l'aspect spécifique de la lutte antiterroriste. D'une altitude de 1544 km, situé à quelques kilomètres de la frontière algérienne, fait de chemins escarpés, d'une importante étendue de feuillage et de végétation ainsi que de nombreuses grottes, cassures et sillons facilitant la dissimulation des terroristes, le mont Châambi est l'un des champs de bataille les plus rudes. De même, il faut savoir que les terroristes adoptent, à chaque fois, une nouvelle tactique pour surprendre nos soldats et leur tendre un guet-apens. Cela se traduit également par les compositions, à chaque fois renouvelées, des explosifs et autres mines dissimulées sous terre. Autant de facteurs et bien d'autres que l'armée préfère garder confidentiels pour une meilleure efficacité dans cette lutte sans merci contre le terrorisme. Une réalité toutefois : malgré la persistance de la menace, notre armée nationale maîtrise, désormais, la situation et adopte une position de force malgré les douloureuses pertes humaines enregistrées. Tous ses soldats puisent justement leur force du courage de ceux qui sont morts sur le champ d'honneur en combattant pour leur patrie. Malgré le danger, leur moral est au beau fixe et tous ceux rencontrés au cours de cette visite au mont Châambi affirment qu'ils se battront jusqu'au bout pour le salut de notre Nation et qu'ils n'épargneront aucun effort pour terrasser les ennemis du pays. « Que ne vive point en Tunisie quiconque la trahit. Que ne vive point en Tunisie qui ne sert pas dans ses rangs ! »