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« Nous sommes lancés dans un programme de transformation sociale profonde mais on n'a pas de pédagogie »
Publié dans Le Temps le 26 - 06 - 2016

« Enseignement supérieur en Tunisie – quelle université pour quel développement », est le nouveau livre de Riadh Zghal, professeure émérite des universités tunisiennes et titulaire d'un doctorat d'Etat en sciences de gestion et d'un doctorat en sociologie.
Au cours de son ouvrage – à travers une série d'articles et de communications rédigés de 1988 à 2011 –, l'auteur tente de faire un diagnostic sur les vrais maux de l'université tunisienne et d'attirer l'attention sur les moyens de faire développer chez les étudiants l'autonomie et la prise de responsabilité.
Pour notre interview dominicale, Riadh Zghal nous a reçus et a répondu à toutes nos questions...
-Le Temps: Comment vous est venue l'idée de ce livre ?
Riadh Zghal:J'ai rédigé les articles publiés dans cet ouvrage parce que je considère que l'enseignement est un métier. Comme je suis à la fois sociologue et gestionnaire, je considère que l'exercice de ce métier dépend d'une organisation, d'un système, d'un écosystème de l'enseignement et, aussi, des compétences à développer chez les enseignants.
J'estime, par ailleurs, que la relation entre les étudiants et les enseignants est une relation interactive: comme l'information est de plus en plus disponible, il ne faut plus considérer l'enseignant comme étant le seul qui possède des informations et il faut que les étudiants apprennent réciproquement, entre eux-mêmes.
De ce fait, j'estime que la relation entre les enseignants et les étudiants doit être une relation verticale et non pas horizontale. C'est de là d'où vient mon intérêt pour la pédagogie d'autant plus que, personnellement, j'ai enseigné au secondaire pendant deux années et j'ai vu combien c'était important d'avoir des conseillers pédagogiques et des inspecteurs qui viennent vous renvoyer une image de votre pratique de l'enseignement. Au niveau du supérieur, la pédagogie et la formation n'ont pas de place. Tous ces articles que j'avais rédigés étaient une réflexion faite tout au long de ma carrière d'enseignante.
-En lisant votre livre, on a l'impression que depuis 1988, la situation de l'Université tunisienne ne fait qu'empirer. Aujourd'hui, la situation est assez compliquée et l'on entend, presque quotidiennement, des informations décourageantes comme celle qui a parlé de la possibilité de fermer les portes de l'Ecole normale. Comment évaluez-vous la situation générale de nos facultés aujourd'hui ?
Je tiens tout d'aborde à préciser que supprimer l'agrégation sera une très mauvaise idée ! Si on veut avoir un enseignement de qualité, il nous faut des enseignants de qualité et les enseignants de qualité se forment.
Quant à l'état des lieux, je peux vous assurer que la situation a commencé à s'aggraver depuis fort longtemps parce qu'on est allé sur une voie populiste en créant plusieurs institutions universitaires sans se poser la question sur ce qu'elles peuvent apporter, concrètement, aux étudiants.
Cette méthode est populiste et répond à un critère social typiquement tunisien : chez nous, avoir le baccalauréat est synonyme d'ascension sociale. Tout le monde a droit d'avoir une formation et une place à l'université. Moi qui étais attentive aux débats politiques, je me rappelle qu'il y avait des représentants de quelques régions du pays au niveau du pays qui demandaient la construction de facultés dans leurs villes. Cela continue d'ailleurs aujourd'hui.
En quelques années, nous avons multiplié le nombre des facultés et nous avons recruté à tour de bras mais dans une logique de précarité (beaucoup de contractuels et de vacataires qui n'ont pas de réelle expérience en recherche ni en pédagogie). En conséquence à cela, il est tout à fait normal qu'il y ait des déficits dans la formation. En plus, nous avons un système universitaire qui ne se préoccupe pas du tout de l'évaluation des institutions ni de celle des enseignants.
Je me rappelle qu'à l'époque où Daly Jazi était ministre, il avait voulu faire une sorte d'évaluation à travers un rapport que chaque professeur devait présenter pour rendre compte des activités menées au cours de l'année. La proposition a été rejetée et le syndicat n'en voulait pas du tout. Ce qui est, c'est qu'au niveau du primaire et du secondaire, nous avons des enseignants qui sont accompagnés par un système d'encadrement et de contrôle alors qu'au niveau du supérieur, nous n'avons absolument rien.
Les institutions universitaires sont des organisations qui connaissent des luttes pour le pouvoir. Le pouvoir passe, bien évidement, par le positionnement des responsables des établissements. Comme la performance n'est pas le critère de sélection des décideurs, naturellement, des lobbies se sont constitués au niveau des facultés pour contrôlent certains jurys, les élections des conseils scientifiques, les élections des départements etc.
On est entré dans une logique qui n'a rien à voir avec la science ; une logique de guerre de positions. Evidement, tout cela affecte les étudiants qui observent tout cela. Quel exemple leur donne-t-on pour les motiver afin d'accéder à des niveaux supérieurs de l'enseignement ? Toutefois, il faut aussi reconnaître que nos facultés disposent de grands chercheurs enseignants de valeur. Mais nous avons, avec le système politique qui a prévalu, un grand problème de communication : nos laboratoires et unités de recherche ayant décroché de grandes réussites ne sont connus par personne.
-La chute de l'Université tunisienne a-t-elle commencé avec l'avènement du système LMD dans notre pays ?
La baisse du niveau a commencé bien avant le LMD. S'il avait été appliqué correctement, le LMD aurait pu être bénéfique : si nous l'avions appliqué progressivement, en mettant en place des projets pilotes, on aurait peut-être pu en profiter. Mais, malheureusement, après l'adoption de la loi qui a instauré le système en question, le ministre a voulu l'appliquer dans l'immédiat et dans toutes les institutions. Le modèle n'a donc pas été expérimenté.
Cependant, il faut rappeler que le LMD a des points positifs dans le sens où si l'on est diplômé à travers ce système, cela veut dire que nous sommes en conformité avec ce qui se passe dans le monde. Ce système comprend aussi un aspect de formation professionnelle et de participation; tout cela demande du temps pour être appliqué et digéré, chose que nous n'avons pas faite.
Je me rappelle avoir demandé au ministre comment allait-on assurer les stages (exigés dans le LMD) aux étudiants qui résident dans des régions où il n'existe pas le nombre suffisant de sociétés. Le principe était de bien présenter les choses dans leur forme et de ne pas accorder trop d'importance au fond et aux résultats de l'application d'un tel système. Malgré la résistance des syndicats et des professeurs, le système avait été appliqué de force et il y a eu, bien évidement, au sein de tous les établissements, des masters professionnels enseignés par des non-professionnels etc. Il n'y avait pas de souci de résultat.
-Cela serait-il derrière le taux de chômage qui ne cesse de croître en Tunisie?
Quand on parle de souci de résultat, il faut faire quelques petites précisions; pour le ministère, le résultat se résumait essentiellement en le taux de la réussite annuelle. A un certain moment, lorsque les enseignants notaient les étudiants d'une façon relativement correcte et que les résultats n'étaient pas suffisamment bons, le doyen se faisait taper sur les doigts par le président de l'université. L'argument ? Le taux de rentabilité interne de la faculté n'étant pas satisfaisant, les bailleurs de fond risquaient de ne plus suivre.
Par ailleurs, l'Université n'est pas déconnectée du système social ; un système social qui croit aux diplômes mais ne croit pas à la science. Il croit aux diplômes dans un sens utilitaire alors que le diplôme, normalement, doit refléter des capacités. Le problème c'est que toute cette aspiration des familles pour que les enfants obtiennent leur bac, pour qu'ils aillent, par la suite, aux facultés, a détourné d'une formation professionnelle pour ceux qui n'ont ni l'envie ni la capacité dans l'abstrait.
On a détourné les jeunes d'un enseignement professionnel, sous-estimé par la société, vers un enseignement supérieur pour obtenir des diplômes dits universitaires. De l'autre côté, nous avons un tissu économique composé de près de 97% de petites et de moyennes sociétés qui ne sont pas capables d'absorber tous les cadres supérieurs. Par conséquent, au niveau du privé, cela devient vite saturé et donc on ne cherche plus qu'à aller vers les meilleurs et, du coup, les personnes ne sont plus employées que dans des situations précaires. De ce fait, et cela devient une conséquence mathématique, le chômage ne peut qu'augmenter.
On a tenté de corriger la croissance du chômage par le développement de la formation en entreprenariat et là on ne parle pas de la formation en entreprenariat universitaire mais des centres d'aide de création d'entreprises, des pépinières etc.
Ceci a constitué un moyen – qui aurait pu être développé davantage – pour que les étudiants innovateurs puissent trouver dans les pépinières les possibilités de lancer leurs projets avec un encadrement adéquat : aider les jeunes à préparer un busines plan en ayant des modules d'innovation. Toutefois, les capacités de toutes ces institutions pour couvrir l'ensemble de jeunes qui n'ont pas trouvé d'emploi et l'envie de créer qui n'est pas très bien répartie parmi la population et ce surtout au niveau des régions peu entreprenantes, cela a fait que les résultats ont été très mitigés.
En 2008/2009, le ministère de l'Industrie avait lancé une étude pour comprendre pourquoi il n'y avait pas un flux de création d'entreprises suffisant pour absorber la nouvelle génération de la population active. J'ai eu la chance de participer à cette étude et en mettant en perspective la réalité tunisienne avec les expériences internationales, particulièrement avec les pays qui ressemblent à la Tunisie, nous avons constaté que ce qui manquait était une contribution de la société civile.
La société civile peut, en effet, contribuer par le financement. Il nous manquait aussi le monitorat – le Québec a beaucoup réussi grâce à ce plan – ; des chefs d'entreprise qui coachent les jeunes qui lancent leurs projets. Au Canada, les monteurs sont formés et ce sont des bénévoles. L'autre élément que nous avons relevé – un élément que nous avons transformé en une proposition qui était un peu trop démocratique pour l'époque – était la nécessité de créer au niveau de chaque gouvernorat un conseil qui réunit les personnes qui s'intéressent aux questions relatives à la création d'emploi pour proposer un projet de développement de l'entreprenariat régional.
Par la suite, nous avons pensé à mettre tous les gouvernorats en compétition pour obtenir les financements nécessaires. En créant cette compétition, les personnes seront amenées à exploiter toutes les opportunités qui existent dans la région en question pour encourager les jeunes. Le ministère était très à l'écoute, depuis, il y a eu un vrai travail concernant le coaching et la création d'une association de busines agence, qui est basée à Tunis, mais, le niet c'était à propos du conseil régional. J'espère que cela se fera maintenant que les choses ont changé.
-Suite à un dialogue national, le ministère de l'Education nationale a lancé son livre blanc pour les réformes éducatives. Comment évaluez-vous ces tentatives de réformer le système ?
Je soutiens énormément cette initiative d'introduire au sein de nos écoles les activités extrascolaires. L'intérêt de libérer les énergies est très important, on devient moins agressifs et on émerge les talents de toutes sortes qui sont étouffés par un enseignement rébarbatif.
Pour la question de la suppression des 20%, je tiens à préciser qu'en management et en matière de gouvernance, on dit que chaque nouvelle loi est une source de corruption. La loi crée des opportunités. Quand on dit que 25% des notes de l'année seront comptés lors du concours final, cela paraît très noble. Mais, dans les faits, c'était une opportunité supplémentaire aux enseignants à tour de bras.
Ensuite, ce qui est encore plus grave, c'est que la note, avec ce système corrompu, risque de ne plus refléter le vrai niveau de l'élève puisque les parents de ce dernier ont payé pour que leur enfant obtienne les bonnes notes. L'enseignant qui assure les cours particuliers a du mal à attribuer une mauvaise note à celui dont les parents lui ont donné une somme considérable. C'est humain et logique, sans entrer dans la morale.
-Même si vous ne faites plus de la politique, vous êtes certainement observatrice des dernières évolutions de la scène. Quel est votre avis sur l'initiative lancée par Béji Caïd Essebsi concernant la formation d'un gouvernement d'union nationale ?
Je dois dire que je suis très sceptique parce que la question, à mon avis, est la capacité de prendre des décisions. On sait qu'on ne va pas, on sait pourquoi on ne va pas bien et on sait quelles décisions il faut prendre pour que cela aille mieux. On connaît l'angle d'attaque mais, malheureusement, on ne fait pas grande chose.
Je pense que le mal fondamental c'est que la loi n'est pas appliquée. Quand vous avez des décisions du Tribunal administratif qui ne sont pas appliquées, quand vous avez une démocratisation en marche et que vous acceptez le pluripartisme et que vous ne traitez pas sur le même pied d'égalité les syndicats créés après la révolution et qui sont quand-même représentatifs de beaucoup de travailleurs que les syndicats historiques, cela veut dire que vous n'acceptez pas la démocratie.
Pourquoi les consultations ne sont faites qu'avec l'UTICA et l'UGTT ?Pourquoi la CGTT et la CONECT sont exclues ? Est-ce qu'on accepte le pluripartisme et on n'accepte pas le pluri-syndicalisme ? Pourtant, le pluri-syndicalisme est une richesse pour le pays !
Je pense qu'il ne s'agit pas d'une question de remaniement ministériel, le gouvernement d'union nationale on l'a essayé avec l'équipe de Mehdi Jomaâ – dont la majorité des membres étaient des Tunisiens importés de l'extérieur – et cela n'a pas été une brillante réussite.
Cette manie de dire qu'on va changer à partir du sommet pour que les choses marchent mieux n'est pas nécessairement la solution. La crise est très profonde. Je pense qu'il y a de la communication à faire ; la politique c'est de la pédagogie, il faut changer les mentalités. Nous sommes lancés dans un programme de transformation sociale profonde mais on n'a pas de pédagogie. Les faiseurs d'opinion sont les journalistes, des journalistes qui ont très peu de moyens pour s'approfondir et dépasser les buzz. Au lendemain de l'Indépendance, voulant changer la société, Bourguiba avait assuré une série de discours hebdomadaires où il donnait la pédagogie à suivre pour faire fonctionner le pays pour sortir du sous-développement. Ce n'est pas parce qu'on a beaucoup de diplômés qu'on est au top de l'information et autre.
-Vous avez été membre du Sénat avant la révolution. Comment évaluez-vous la situation parlementaire d'aujourd'hui ?
J'ai été recrutée au Sénat en tant que compétence; je n'ai pas participé aux élections et je prenais mon rôle au sérieux. Quand j'avais quelque chose à dire, je le disais d'une manière politiquement correcte. J'avais remarqué qu'il y avait quand-même un débat d'idées lié aux problématiques de l'époque. Il y avait, aussi, des discours qui sentaient la tendance islamique et, pour moi, c'était une révélation aussi bien au niveau du comité central du parti – là aussi j'avais été recrutée en tant que compétence – qu'au niveau du Sénat.
-Est-ce que ces tendances ont été derrière le lynchage dont vous avez été victime après votre fameuse intervention à propos des mosquées au Sénat en décembre 2010 ?
C'était à l'occasion de la discussion du budget du ministère des Affaires religieuses. Ce qui était très significatif, c'est que lorsqu'on m'avait lynchée, aucun geste de défense de la part des officiels ne m'avait été adressé. J'avais juste été contactée par la présidence de la République et m'on avait juste demandé de m'abstenir d'accorder des déclarations médiatiques.
Mon intervention n'a pas été assez enrobée politiquement ; je suis pratiquante et, dès mon jeune âge, mon père m'avait appris la beauté du texte coranique. Donc, j'ai toujours été très sensible à la question de l'esthétique avec la religion. Quand je voyais toutes ces mosquées qui étaient en train d'émerger avec ces haut-parleurs mal réglés, je ne me suis pas empêchée de dire ce que je pense.
D'habitude, je ne discutais presque jamais du budget du ministère des Affaires religieuses parce que le ministre de l'époque n'a jamais réussi à me convaincre. Mais avant l'entrée à l'Assemblée, on nous donnait les réponses des ministres aux questions des commissions. En lisant les siennes, j'ai trouvé qu'elles relevaient réellement du domaine de la démagogie et j'avais décidé de parler. La réaction à mon intervention était significative de la force des tendances islamiques.


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