"Sabaa Sbeya Fi Gasbeya"'est avant tout une histoire de femmes !Elles sont sept femmes à raconter leurs histoires en rapport avec leurs corps et leurs hormones dans un cabinet de médecin. Elles se livrent à des confidences et révèlent leurs gênes, leurs soucis à propos de l'amour, de la féminité, de la maternité.... L'heure est à la joie, l'impatience, la remise en question, l'intrusion du doute, les hésitations... l'heure est tout simplement aux confidences ! Ces femmes livrent, douces et violentes, leurs failles, leurs désirs, leurs dualités, et leurs doutes aussi. Entre angoisse, larmes et rires, elles lèvent le voile sur des tranches de vie de ces femmes qui cherchent à s'épanouir dans leur féminité et que la société leur impose de se dissimuler derrière l'homme. D'une voix à sept voix, chaque femme prend vie et nous raconte leurs histoires propres. Henda Ghabri, Leila Trabelsi, Rim Abroug, Leila Rezgui et Dalila Meftahi nous racontent leur quotidien. Elles sont opprimées, impatientes, traqueuses. Ces états d'âme et de corps sont propices aux confidences : elles vivent, échangent, s'écoutent, se dévoilent sous le joug de leurs émotions. La tendresse de leur regard sur leurs failles, leurs souffrances, leurs désirs, leurs dualités, leurs remises en question sont autant de portes qui s'ouvrent vers un espace intime et partagé. Leurs histoires ne sont pas sans écho à nos vies... A partir de quelques impressions et de doutes, les signes se transforment peu à peu en preuves. Ces femmes parlent de tout, du mariage, de la ménopause, des femmes célibataires, des vieilles filles, du divorce, du des problèmes conjugaux, de l'amour aussi. Outre le rythme de la pièce qui oscille entre périodes de tension et scènes plus légères, un des principaux atouts de ce spectacle est la psychologie des personnages. L'écrivain Tahar Radhouani dessine avec beaucoup de finesse les portraits des sept femmes. Chacune d'elles fait preuve d'une grande justesse d'interprétation. Ce sont des femmes qui parlent des hommes, des textes courts, une panoplie d'histoires, de sensations, de l'amour sous toutes les coutures. Et puis quand l'amour s'évapore, il reste de grandes plages de solitude où elle vagabonde d'histoires en souvenirs comme des éclats, des fragments. Et les hommes apparaissent et disparaissent, véritables fantômes. La mise en scène dépouillée de Dalila Meftehi souligne les ambiguïtés des personnages et la musicalité du texte. Les corps des acteurs résonnent au rythme des mots, glissant parfois de manière discrète de la lumière vers l'ombre ou apparaissant tout en puissance au centre du dispositif scénique. On y retrouve dans son style une parole tendue, des cris du corps, une révolte de l'âme, des éclats fulgurants de la vie de femmes amoureuses, seules, en colère. Les forts partis-pris de mise en scène, le jeu des comédiens et le rythme particulier du texte font de cette pièce une œuvre qui, bien au-delà du constat et de la description de la situation de la femme, questionne le spectateur sur les racines du mal. Ce qui lie ces histoires c'est le questionnement de Meftahi, sur le regard que les hommes portent sur les femmes. La mise en scène pousse le spectateur à structurer cette réflexion. La pièce devait se terminer par cet hommage à Saida Sarray, un des membres de la troupe Mesrah Eness qui devait prendre part à ce spectacle. Très touchés, tous ces acteurs, les larmes aux yeux, ont souhaité à leur camarade un prompt rétablissement et un retour rapide à la scène.