«La citoyenneté» tel était le thème de la conférence organisée par la librairie CLAIREFONTAINE à Tunis, chapeautée par M. Gilles LE BAIL, Délégué Général de la Maison des Jeunes et de la Culture qui a ouvert le débat par une réflexion sur la citoyenneté en France. Nous rapportons ci-dessous les grands traits de l'intervention de M. LE BAIL: «La question de citoyenneté est mise de côté, car les Français sont considérés comme des consommateurs, des producteurs ou des personnes assistées. Or, les citoyens ont un regard et un avis et sont donc facteur de démocratie. La personne doit avoir une capacité politique d'intervention mais aussi elle doit être reconnue dans sa spiritualité». «La citoyenneté est quelque chose qui se construit avec l'histoire du pays mais c'est aussi un idéal à atteindre. En effet, la France a passé plus de deux cents ans pour arriver à la véritable définition de citoyenneté puisqu'en 1789, pour être citoyen, il fallait être un homme, âgé de 35 ans et payant l'impôt. La France n'a pas de leçons à donner à la Tunisie. Chaque citoyen détient une part de la souveraineté nationale, cette part est partagée avec tous les autres qui ont les mêmes droits et les mêmes obligations. La citoyenneté développe la notion d'appartenance à une communauté qui partage un ensemble de valeurs. Le fait de se sentir citoyen suppose une acceptation des valeurs de la société et donc le jeu de la démocratie». «La démocratie se fonde sur les libertés publiques comme la liberté de presse, la liberté de travail et la liberté d'expression. Ce sont les institutions qui garantissent ces libertés et doivent être au dessus de l'Etat».
Conséquence de la citoyenneté «Être citoyen, c'est bénéficier des libertés, certes, mais aussi savoir comment faire de ces libertés, d'où la notion de participation et d'engagement. Pour que l'intérêt général fonctionne, il faut un devoir fiscal, un devoir de solidarité, un système d'instruction des personnes, accepter de se détacher du pouvoir au profit d'une autre majorité et l'indépendance des pouvoirs et l'indépendance de la justice. L'Etat doit accepter à la fois d'être contrôlé et de financer l'institution qui le contrôle, il doit donc être neutre et garant de l'intérêt général. Ce raisonnement nous mène à chercher les relations adéquates qui doivent s'organiser entre l'Etat, le Marché et la Société civile». Propos recueillis par