Rome abritera au mois de novembre prochain le Sommet mondial sur l'alimentation. Un sommet exceptionnel que les pays membres de l'Organisation mondiale et de l'Alimentation et de l'Agriculture (FAO) attendent afin de trouver les moyens susceptible d'éradiquer la faim dans le monde d'ici à 2025. Tous les Chefs d'Etat auront un objectif commun : celui déjà approuvé dans le programme « Amérique latine et Caraïbes sans faim d'ici 2025 » et par le XXI ème sommet ibéro-américain des chefs d'Etat et de gouvernement en 2006. La réalisation de cet objectif facilitera sans aucun doute la mise en œuvre des « lignes directrices sur le droit à l'alimentation » et le doublement de la production nécessaire d'ici à 2025. Les Chefs d'Etat seront également appelés à prendre des décisions pratiques afin de permettre aux agriculteurs aussi bien des pays développés que ceux des pays en voie de développement d'avoir des revenus comparables à ceux des secteurs secondaires et tertiaires dans leur pays.
30 milliards de dollars à mobiliser On s'attend également à la mobilisation de 30 milliards de dollars par an pour les secteurs public et privé dans les zones rurales et à la facilitation de l'accès aux intrants modernes pour la production alimentaire, mais aussi de l'évolution des besoins d'investissement pour chaque pays à travers la mise en œuvre des programmes d'action à court et à long termes. Le sommet devrait également permettre d'adopter un mécanisme de réactions précoce à la crise alimentaire sur la base d'un modèle de système d'alerte.
Les raisons d'un sommet ? Les raison qui ont poussé le FAO à organiser ce sommet sont multiples. En premier lieu, la faim à mettre en sellette. On assiste en effet à une augmentation du nombre de personnes sous alimentées, estimée à 750 millions de personnes en 2007 et 400 millions en 2008, amenant ainsi le nombre total des personnes sous-alimentées presque à 1 milliard. En plus, le coût des importations des denrées alimentaires a augmenté de 35 % pour les pays en développement avec un grave impact sur l'inflation et la pauvreté. En revanche, et depuis juin 2008, et en raison de bonnes perspectives de récolte, mais aussi en raison de la crise économique qui a induit une baisse rapide des prix du pétrole, l'indice FAO des prix des denrées alimentaires a baissé de 32 %. Au cours de la même période, les prix ont également baissé de 53 % pour les produits oléagineux (huiles et matières grasses), 49 % pour les produits laitiers et 32% pour les céréales. En outre, la production est toujours entravée par l'augmentation du coût des intrants, des engrains et des semences. La FAO a aussi pris cette initiative d'organiser ce sommet mondial sur l'alimentation afin d'éveiller la conscience collective au sujet de l'agriculture et l'alimentation en favorisant la réflexion sur les moyens d'assurer la durabilité du secteur agricole, à un moment où les changements climatiques menacent l'existence de certaines filières. Chaque pays répond à sa façon à cette question et ce en fonction de ses besoins et des potentialités qu'il recèle.
Pourquoi pas l'approche tunisienne ? Il s'agit, en effet, de préserver et d'optimiser l'exploration des ressources naturelles, étant donné que les ¾ des terres agricoles en Tunisie sont menacées par la désertification. Il importe aussi d'engager un vaste programme de mise à niveau en faveur de l'agriculture tunisienne, à l'instar du l'industrie et du commerce. Aussi, est-il recommandé d'assurer la sécurité sanitaire dans le secteur de l'élevage, étant donné que 75% des maladies attaquant l'être humain proviennent des animaux. A cet effet, le développement de l'agriculture est tributaire de la capacité à produire et de la réduction du coût de production et aussi de la limitation de l'augmentation des prix des produits agricoles. L'approche tunisienne se base aussi sur la préservation du sol et des ressources hydriques et, dans cet état de choses, l'agriculture doit respecter les écosystèmes et ce par la création des lignes de financement afin de faciliter la tâche des différentes structures professionnelles surtout dans l'encadrement des petits agriculteurs. Aussi, la mobilisation des ressources naturelles permettra-t-elle d'opter pour une politique prospective afin de faire face aux changements climatiques. En tunisie, la mise en œuvre des programmes d'action encourageant la création des projets renforçant l'agriculture familiale a déclenché le processus de développement d'une agriculture durable et rentable. Si la Tunisie a pu faire face aux aléas des changements climatiques et les retombées d'une crise financière et alimentaire mondiale, c'est grâce notamment à l'adoption d'une équation qui allie le développement durable et la sécurité alimentaire en maîtrisant la gestion des ressources naturelles et hydriques du pays, tout en adoptant une stratégie de gestion des ressources humaines et l'enracinement de la population rurale dans son environnement afin de contrôler le flux migratoire vers les villes et les centres urbains. C'est une approche à valoriser lors du prochain sommet de la FAO, à Rome. D'ailleurs, ce n'est guère fortuit que la semaine dernière le Chef de l'Etat a reçu les hommages de la FAO pour la politique clairvoyante de la Tunisie dans la sauvegarde la sécurité alimentaire du peuple tunisien, et la volonté des instances de cette organisation mondiale de prendre l'approche tunisienne comme un modèle pour les pays en voie de développement afin de garantir la sécurité alimentaire pour les gnérations futures.