Le tourisme économique est un nouveau concept – disons – un nouveau créneau pour le tourisme tunisien en plus des autres «spécialités» touristiques en Tunisie. Ce genre de tourisme tend à favoriser le développement économique local dans les pays du Sud de la Méditerranée, l'objectif étant d'aller à la rencontre de la population locale, les richesses patrimoniales culturelles ou environnementales loin des hôtels et la surconsommation, passant ainsi d'une consommation touristique à une rencontre avec la culture locale tunisienne tout en respectant l'environnement. C'est une tendance qui va crescendo, car il y a une maturité générale de la nécessité de se tourner vers des pratiques alternatives. C'est dans ce cadre que l'Institut de Coopération pour le Développement en Afrique et Ecotours Tunisie viennent de lancer conjointement le projet de promouvoir le tourisme économique dans les différentes régions tunisiennes, avec un désir d'opérer plus d'échanges Nord-Sud, et ce face à la demande croissante d'une rencontre avec les territoires, les lieux et les gens plus que la consommation. «Le tourisme est désormais un outil de développement économique, pas de commerce, et il obéit à d'autres mobiles», explique M. Henri Dalbiés, président de l'ICD Afrique «on s'appuie sur des opérateurs locaux dans les pays du Sud et de l'Europe de l'Est. Une structure sur place permet de connaître mieux le pays, sur les plans, artisanal, agricole, culinaire, historique…visiter les sites et rencontrer le monde associatif. «Au bout de 15 jours, le voyageur aura découvert réellement le pays contrairement à un touriste «cloitré» dans son hôtel qu'il ne quitte pratiquement pas et qui consomme sur place» explique Mme Monia Boukurha, présidente d'Ecotours Tunisie. Les deux associations insistent sur le fait qu'il n'y a pas d'urgence, et s'appuient sur le monde associatif et les opérateurs locaux, pour définir les circuits les mieux adaptés à la nature et aux spécificités de la région. Ainsi, le programme comporte d'abord une formation-action sur la mise en œuvre de l'écotourisme en l'occurrence l'aide à la construction d'un circuit, l'aide à la mise en commande d'un produit et l'appui à la gestion locale. Suivant l'échange Nord-Sud, ils offrent un appui-formation auprès des opérateurs et leur font découvrir en Europe l'agrotourisme, les acteurs locaux dans le domaine, les collectivités locales et les associations «Il s'agit de former des formateurs qui vont pouvoir décliner leurs produits» expliquent les deux présidents. La formation va durer 18 mois puis, fin 2009, les opérateurs seront capables de fixer les circuits. La première région concernée sera le Nord-Ouest de la Tunisie puis le projet sera modélisé, reproduit et adapté à d'autres régions. Rappelons que l'Association Tunisienne Ecotours Tunisie a un an d'existence et travaille dans le domaine de la sauvegarde des sites écologiques tunisiens. ICD Afrique, quant à elle, est une association française d'intérêt général qui conduit des programmes de développement et de solidarité internationale.
L'écotourisme, un tourisme solitaire et équitable Il faut noter que l'écotourisme se définit comme étant un tourisme solitaire et équitable qui implique un respect pour l'environnement et pour les traditions locales, un partage équitable des revenus du tourisme et un accompagnement de microprojets pour un développement durable. L'organisation mondiale du tourisme prévoit en 2020 un milliard et demi de touristes dans le monde. Le triplement des flux touristiques en l'espace d'une génération (1995-2020) aura des conséquences néfastes sur l'environnement s'il n'est pas encadré. Ces flux ne doivent pas entraîner la destruction progressive et irrémédiable du cadre de vie, des paysages et des milieux qui font toute l'attractivité des destinations touristiques. Il s'agit de proposer aux visiteurs une interprétation du patrimoine naturel et culturel intervenant sur les spécificités de l'écotourisme. Rappelons que la notion d'écotourisme est apparue dans les années 70, et, est largement adoptée aujourd'hui par certaines destinations touristiques tels l'Equateur, l'Australie, le Kenya… qui ont été auparavant des destinations connues pour le tourisme de masse.
Le profil du client «écotouriste» A relever que le profit de client «écotouriste» se distingue par un nombre de critères, à savoir que c'est un touriste qui a beaucoup voyagé, et a un pouvoir d'achat très élevé et c'est aussi un cybernaute qui compare les prix sur Internet. Le développement de «l'esprit écotourisme» exige une étroite collaboration entre les tours opérateurs, les ONG, les scientifiques et les collectivités locales.
Du potentiel, certes, mais des difficultés A cet effet, une étude stratégique sur le développement de l'écotourisme en Tunisie, élaborée par le ministère de l'Environnement et du Développement durable avec le concours de l'Agence de Coopération Technique Allemande (GTZ), a relevé trois difficultés qui entravent le développement de l'écotourisme, à savoir: - Le statut foncier des sites naturels qui peuvent abriter des installations écotouristiques. - L'absence d'un cadre réglementaire régissant l'écotourisme. - L'inexistence de normes et de textes permettent à l'Office National du Tourisme Tunisien d'agréer des projets écotouristiques.
72 sites potentiels identifiés D'ailleurs, cette étude a identifié au moins 72 sites potentiels pouvant accueillir des activités à vocation écologique et six (6) circuits thématiques exploitables tout de suite. Il s'agit de la route de l'eau Zaghouan-Carthage (Grand-Tunis), le parcours saharien «La mémoire de la terre, du Sahara et des oasis à Tataouine (Sud du pays). Viennent ensuite le circuit des îles tunisiennes, ceux des forêts (Nord-Est-Ouest du pays), de l'olivier et des villes andalouses. D'ailleurs, l'étude répartit les 72 sites en quatre (4) catégories à savoir à très fort potentiel écotouristique, à fort potentiel écotouristique, à moyen potentiel et à faible potentiel écotouristique. L'étude mène également les activités qui peuvent être exercées dans les aires écotouristiques. Il s'agit des activités traditionnelles, l'agrotourisme, l'agriculture traditionnelle, l'artisanat du tapis, les villages berbères et montagnes. En outre, d'autres activités sont citées par l'étude tels l'observation de la nature, le trekking (marche à pied), les randonnées équestres, la plongée sous-marine, les activités sportives, le parapente, le delta. Et pour ne rien oublier, les arts et traditions populaires sont retenus comme un créneau favorisant l'écotourisme, à savoir la pêche traditionnelle, le corail, la gastronomie, le tissage, la poterie, la mosaïque, le thermalisme traditionnel… Il faut noter que le réseau national d'aires protégées compte actuellement 24 zones s'étendant sur une superficie de 3,5% de la superficie totale de la Tunisie et 19 nouvelles zones protégées additionnelles seront intégrées pour porter les superficies des aires protégées à 7% de la superficie totale du pays.
Une stratégie pour booster l'activité Signalons, enfin, que l'étude stratégique balise une stratégie en cinq (5) points. Celle-ci prévoit de reconnaître l'écotourisme comme activité économique à part entière, de lever les contraintes administratives et réglementaires au développement des projets privés, d'assurer sur les budgets publics la réalisation en temps voulu des infrastructures, équipements et services publics et compléments et, en fin de compte, l'appui aux projets privés et la mise en place des mécanismes de financement adoptés (fonds spécial de développement de l'écotourisme, institutions d'incitations et de subventions). Le créneau a besoin d'être boosté afin de diversifier les activités du tourisme tunisien.