Depuis 1986, la Tunisie s'est engagé dans un programme de privatisation des entreprises, dans le cadre d'un plus grand programme, qui est celui de l'Ajustement Structurel. Loin du cadre économique dans lequel a été adoptée cette politique, la privatisation a constitué un élément important dans l'instauration de l'économie du marché, le développement de l'investissement privé, le désengagement de l'Etat de certains secteurs concurrentiels et l'allègement des finances publics du fardeau de certaines entreprises constamment déficitaires. En tant que réforme, ce programme a réussi à augmenter la part privée dans l'investissement et surtout à drainer des montants importants d'IDE. Le bilan de la privatisation, est jugé aujourd'hui satisfaisant vu son impact sur les recettes de l'Etat et le milieu des affaires. La privatisation, va se poursuivre cette année, avec une nouvelle liste d'entreprises et de projets à privatiser. Coup de projecteur… 219 entreprises, ont rapporté 5976 MD : Selon les chiffres publiés par le secrétariat d'Etat à la Privatisation, 219 entreprises ont été privatisé, sous toutes les formes, depuis 1987, et ont rapporté 5976 MD, soit près de 28 MD par opération. Près de 90% des investissements sont étrangers, ce qui confirme le rôle de la privatisation dans le développement des IDE.
Mode de Privatisation et/ou de Restructuration Nombre d'entreprises en % du total Privatisation totale 116 53 Privatisation partielle 29 13 Ouverture du capital par OPV 10 5 Concession 5 2 Liquidation 41 19 Autres 18 8 Total 219 100
La répartition sectorielle dégage une nette domination du secteur des services avec 118 entreprises représentant 53.9% de l'ensemble, pour un montant de 4868 MD (81.5%). L'importance de la valeur est du à la vente de 30% du capital de Tunisie Telecom à l'émirati Técom-Dig pour 3052 MD. 83 entreprises du secteur industriel ont été privatisées pour un montant de 1067 MD soit 17.9% du montant global. Dans le secteur agricole 18 entreprises seulement ont été concernées et qui ont rapporté 41 MD seulement. La vente d'actions représente le mode le plus répandu pour les opérations de privations. Ce mode a représenté 80% du total des privatisations. La concession ne représentait que 11.8%, la vente d'éléments d'actifs 7.3%, et l'augmentation de capital 2.2%. Dans l'ensemble le programme de privatisation a constitué un bon élément de développement économique, et a nettement booster l'investissement surtout étranger. L'impact de ces opérations sur l'emploi, le transfert technologique, reste sujet à évaluation.
On privatise encore: Le programme de privatisation apporte chaque année son lot d'entreprise à privatiser. Pour cette année, 12 entreprises vont être privatisées et 3 concessions vont être accordées. Selon, la direction générale à la privatisation, les sociétés à privatiser sont comme suit : Industrie Entreprise / Unité productive Mode Société Tunisienne de Sidérurgie "El Fouledh" Augmentation de capital au profit d'un investisseur stratégique Compagnie Tunisienne de Navigation (CTN) Ouverture de capital à hauteur de 25 % dans le cadre d'une augmentation de capital par offre publique de souscription Société Nationale de Distribution de Pétrôle (SNDP) Ouverture du capital à hauteur de 20% par offre publique de vente Société Tunisienne des Industries Pneumatiques ( STIP ) Cession des participations publiques (51,59 % du capital). Société Tunisienne de Sucre (STS) Cession des participations publiques (68% du capital). Services Entreprise / Unité productive Mode Société Tunisienne de Réassurance (Tunis Ré) Ouverture de capital dans le cadre d'une augmentation de capital par Offre Publique de Souscription (OPS) Assurances SALIM Ouverture de capital dans le cadre d'une augmentation de capital par Offre Publique de Souscription (OPS) Société Modern Leasing Ouverture de capital dans le cadre d'une augmentation de capital par Offre Publique de Souscription (OPS) L'immobilière de l'Avenue Introduction de la société dans le marché alternatif Société Hôtelière Africa Sousse ( SHAS) * Hôtel Sousse Palace Vente de l'unité hôtelière Agriculture Entreprise / Unité productive Mode Société Tunisienne d'Aviculture (SOTAVI)
Offre Publique de Vente (OPV) à hauteur de 19,84 % du capital Société de Développement Agricole Lakhmès : SODAL ( Gouvernorat de Siliana ) 1 ferme Cession des actifs et location des terres domaniales. Concessions Projet Réalisation, financement et exploitation d'une station de dessalement des eaux de mer à Djerba. Réalisation, financement et exploitation d'un port de transbordement en eaux profondes dans la région d'Enfidha. Réalisation, financement et exploitation de deux stations d'épuration (à Tunis Ouest "El Attar II" et à Tunis-Sud "El Allef ") et exploitation de trois stations en cours de réalisation. Source : secrétariat d'Etat à la privatisation. Voici quelques éclaircissements sur certaines entreprises qui sont sur la liste de la privatisation. La Société Tunisienne de Sucre: En 2008 la CAREP (Commission d'assainissement et de restructuration des entreprises publiques) a donné son feu vert pour la privatisation de l'entreprise. L'entreprise a enregistré un résultat négatif en 2006 de plus de 17 MD, sous l'effet d'une conjoncture difficile manifestée par la hausse considérable du prix du sucre à l'échelle mondiale, et la concurrence sur le marché local. La privatisation de la STS était annoncée depuis 2005, et elle ne prendra effet, qu'au cours de cette année, peut être. Assurance SALIM : Une fois n'est pas coutume, la direction générale de la privatisation a choisi le marché financier pour effectuer cette opération, à travers une OPS. En effet, le 30 Décembre 2009, le Conseil d'Administration de la Bourse a donné son accord de principe pour l'admission au Marché Principal de la Cote de la Bourse des 2 000 000 d'actions existantes composant le capital actuel de la Société d'Assurances SALIM. Modern Leasing : Elle est une filiale de la Banque de l'Habitat. Déjà, l'Assemblée Générale Extraordinaire du 29 Septembre 2009 a décidé de porter le capital social de la société de 10 MD à 15 MD par la création de 500 000 actions nouvelles de valeur nominale de10 dinars et portant jouissance à compter du 1er janvier 2010. Elle a aussi décidé de réserver cette augmentation aux anciens actionnaires, sans aucun recours éventuel à l'appel public à l'épargne. La société El fouledh : c'est l'unique opérateur sidérurgiste en Tunisie, et qui couvre 30% seulement du marché local. L'entreprise vient d'entamer un grand programme de mise à niveau pour augmenter ses capacités productives. L'objectif de l'opération de privatisation est d'atteindre une capacité de 500.000 tonnes, et ce en se joignant à un opérateur stratégique. Elle vient même de mettre en activité un nouveau four qui a coûté 20 MD, et d'une capacité de 100.000 tonnes. La société El Fouledh emploie aujourd'hui plus de 1000 personnes, et connaît aujourd'hui quelques agitations sociales suite à des revendications syndicales.
Compagnie Tunisienne de Navigation : L'opération d'augmentation du capital de La Compagnie Tunisienne de Navigation a été réalisée en concrétisation d'une décision prise au cours du conseil ministériel de Janvier 2009. Le capital de la CTN est passé de 42.5000.000 DT à 119.000.000 DT. Cette augmentation permettra à la compagnie de consolider sa flotte et d'augmenter ses capacités. La CTN prévoit l'acquisition de deux navires routiers pour le transport de marchandises (Tunis- Marseille, Tunis-Gênes), dont l'entrée en exploitation est prévue au cours du premier trimestre 2010 et la construction du nouveau car-ferry en vue de sa mise en service à partir de la haute saison 2012. Elle se préparera aussi à son introduction en bourse annoncée depuis des mois. A cette fin, la compagnie vient de lancer deux appels d'offres nationaux. Le premier concerne la réalisation d'une mission d'évaluation de la compagnie en vue de son introduction à la bourse des valeurs mobilières de Tunis et le deuxième porte sur l'accompagnement de la CTN lors de son introduction en la bourse.
La STIP : La STIP est l'une des entreprises difficile à privatiser, vu sa situation financière. Faut il rappeler que la société noue déjà des relations de partenariats avec l'opérateur italien Pirelli. Selon les états financiers publiés récemment, la société a accusé une perte nette de 8.182.741 DT pour la période des 6 premiers mois 2009, portant les capitaux propres arrêtés à cette date à la somme négative de 74.241.859 DT, soit 80.553.595 DT en deçà de la moitié du capital social. Le passif exigible était, au 30 juin 2009, supérieur de 110.174.105 DT à l'actif circulant et le passif total supérieur de 74.241.859 DT au total de l'actif. Par ailleurs, bien que la société ait établi un plan d'assainissement financier mis à jour pour la période 2008-2011, et en dehors des décisions prises par l'Assemblée Générale Extraordinaire du 30 juin 2008 prévoyant simultanément une réduction du capital motivée par des pertes de 29.454.768 DT par la réduction de la valeur nominale de l'action de 10 DT à 3 DT et une augmentation du capital en numéraire, non suivie d'effets, de 42.078.240 DT par émission de nouvelles actions de 3 DT chacune, la situation financière de la société n'a pas encore fait l'objet d'un assainissement. Toutefois, il y a lieu de signaler que la société a déjà obtenu des accords de principe formels des banques pour adhérer au plan de restructuration et procéder au retraitement des engagements de la STIP. La société continue à négocier avec ces mêmes banques pour reconsidérer certaines de leurs positions et pour s'orienter vers un abandon progressif de leurs créances au prorata des capitaux privés qui seraient éventuellement apportés. La société a, en même temps, confié, en date du 1er juillet 2009, à une banque d'affaires une mission d'assistance et d'accompagnement pour la réalisation de sa privatisation. La phase 1 de cette mission relative à l'élaboration du cahier des charges est achevée. Par ailleurs, un conseil interministériel tenu le 3 novembre 2008 a agréé le scénario consistant à privatiser l'unité de Menzel Bourguiba séparément. Lors de sa réunion en date du 22 avril 2009, le conseil d'administration de la STIP a donné son accord pour mener une étude de faisabilité de la cession de l'usine de Menzel Bourguiba et dégager l'influence d'une telle cession sur l'optimisation de la restructuration de la société. Cette étude n'est pas encore réalisée. Faute de concrétisation de la restructuration financière envisagée, des doutes importants pèsent sur la continuité d'exploitation. L'application des principes comptables généralement admis dans un contexte normal de poursuite des activités concernant notamment l'évaluation des actifs et des passifs, pourrait s'avérer inappropriée.
Pourvu que ces opérations de privatisations se déroulent sans impacts sociaux (licenciements) surtout en cette période de crise économique.