Soutenue par des pays comme les Etats-Unis, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'idée de cette taxe était de constituer un fonds d'urgence susceptible de financer de futures opérations de sauvetage du secteur bancaire. Pour sa part, le Premier ministre, Stephen Harper, du Canada, martelait sur toutes les tribunes que les banques canadiennes ne devraient pas être soumises à une telle taxe puisqu'elles n'ont pas eu recours à une intervention gouvernementale lors de la crise financière. Il a aussi soutenu que les banques canadiennes «fonctionnent bien» et que l'établissement d'un fonds de sécurité n'apparaît pas incontournable. «C'est une vue un peu optimiste», a rétorqué le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, dont l'institution est par ailleurs le fer de lance de la taxe bancaire et pour laquelle il a déjà proposé plusieurs déclinaisons. Le FMI a pris note, impuissant, de ces désaccords Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a estimé dimanche que si taxe bancaire il devait y avoir un jour, celle-ci devait être appliquée au niveau international. Bernard Elie, économiste canadien estime que «La taxe sur les banques est une mesure purement défensive. La crise arrive et on a une petite cagnotte pour pouvoir renflouer le système», «Ce qu'il faut, ce sont des mesures en amont. D'abord, il faut effectuer une juste évaluation des risques auxquels les banques s'exposent, les contraindre à ne pas faire de tels types d'opérations et, le cœur du système, mettre en place une agence de notation qui soit crédible.» Le principe de la responsabilisation des banques a toutefois fait l'unanimité, ce week-end, auprès des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales, dans la mesure où une institution financière contribue à une crise financière, c'est elle qui devrait assumer le coût de cette contribution, et non les contribuables. Dans leur communiqué final, les grands argentiers se sont contentés de souhaiter «que le secteur financier apporte une contribution juste et significative pour payer toute charge associée aux interventions gouvernementales, là où elles ont lieu, pour réparer le système bancaire». Le compromis auquel les ministres des Finances sont parvenus laisse aux Etats-Unis et aux pays européens le droit de mettre en place leur propre levée fiscale sur leur secteur bancaire. «Tout le monde ne sera pas au rendez-vous de la taxe bancaire, mais nous sommes désireux d'être le plus nombreux», a déclaré la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde. « Mais, si certains pays jugent que ce n'est pas nécessaire, car il n'y a pas de risque systémique, on verra en temps voulu», a-t-elle ajouté. Les pays, parmi lesquels figurent la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et les Etats-Unis, qui ont dû puiser dans les fonds publics pour sauver leurs banques au bord du gouffre, exerçaient d'importantes pressions en vue de l'instauration d'une taxe bancaire universelle. Or, si un tel prélèvement fiscal voit le jour, il devra être appliqué dans toutes les juridictions, soulignent ses supporteurs. Sinon, les banques non taxées auraient un avantage concurrentiel considérable sur les autres. «C'est évident que ça peut entraîner des déplacements de certaines entreprises qui sont plus spéculatives», explique M. Elie. «Face à une finance mondialisée et une libéralisation des mouvements de capitaux, les Etats ne peuvent plus fonctionner tout seuls.» Certains qualifiaient cette taxe sur les banques de «distraction» qui menaçait de compromettre l'échéancier de réforme du système financier que les pays du G20 espèrent mettre en place d'ici la fin de l'année. La présidence sud-coréenne du G20 espère néanmoins négocier, d'ici au sommet de Séoul, en novembre, un accord sur des lignes directrices qui encadrerait les futures taxes bancaires, mais laisserait une large marge de manœuvre aux pays réticents. D'ici là, les participants à la conférence de Busan auront rendez-vous au quatrième sommet des dirigeants du G20 à Toronto, les 26 et 27 juin. En vue de cette rencontre, ils ont fixé trois priorités, c'est-à-dire mettre en œuvre un cadre de travail pour favoriser une croissance économique mondiale durable, renforcer les institutions financières internationales et compléter les réformes du système financier. Dans la foulée de celles-ci, une augmentation du capital nécessaire et une diminution des risques encourus seraient imposées aux banques.