● D'après le rapport, plus de 80% du total des exportations de l'Afrique ont encore pour destination les marchés européen, asiatique et américain, tandis qu'un pourcentage comparable des importations du continent provient de ces mêmes marchés ● Entre 2000 et 2007, 50 à 60% des exportations des communautés économiques régionales africaines (CER) étaient destinées à l'Europe et aux Etats-Unis d'Amérique, alors que, durant la même période, seuls 9% des importations de l'Afrique provenaient des pays du continent
Les pays africains doivent améliorer quantitativement et qualitativement leurs infrastructures physiques en vue de réduire les coûts de l'activité économique en Afrique et accroître la compétitivité et le volume du commerce intrarégional, selon une recommandation clef de la quatrième édition du rapport sur l'Etat de l'intégration régionale en Afrique publié par la Commission économique pour l'Afrique (CEA) et la Commission de l'Union africaine (CUA). Le rapport, intitulé «Développer le commerce intra-africain» a été lancé à Abidjan lors des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD). Certaines recommandations importantes sont contenues dans ce rapport. Des indications concernant le poids de la Tunisie dans le commerce africains sont aussi présentées.
Une intégration régionale limitée : En Afrique, toute l'attention se focalise de plus en plus sur l'intégration régionale en tant que stratégie de réalisation d'une croissance économique durable, vu qu'il existe un consensus sur le fait qu'en mutualisant ses capacités et ses ressources et en mobilisant les énergies, le continent sera à même de surmonter les formidables défis du développement auxquels il est confronté. En effet, une intégration plus poussée permettra à l'Afrique non seulement de réaliser une croissance économique forte et durable, de réduire la pauvreté, d'assurer une meilleure circulation des biens, des services, des capitaux et de la main-d'œuvre mais également d'améliorer la coordination et l'harmonisation des politiques économiques, le développement des infrastructures et de promouvoir la paix et la sécurité à l'intérieur des régions et entre celles-ci. D'après le rapport, plus de 80% du total des exportations de l'Afrique ont encore pour destination les marchés européen, asiatique et américain, tandis qu'un pourcentage comparable des importations du continent provient de ces mêmes marchés. Le rapport en conclut qu'il est indispensable de renforcer l'intégration régionale pour accélérer la transformation des économies cloisonnées et élargir les marchés et l'espace économique. Il ressort du rapport que, entre 2000 et 2007, 50 à 60% des exportations des communautés économiques régionales africaines (CER) étaient destinées à l'Europe et aux Etats-Unis d'Amérique, alors que, durant la même période, seuls 9% des importations de l'Afrique provenaient des pays du continent. Le rapport procède à une analyse empirique globale des raisons pour lesquelles les échanges intra-africains étaient restés faibles au cours des dernières décennies, tout en proposant des solutions concrètes pour remédier à la situation et permettre ainsi à l'Afrique de tirer parti d'un accroissement des échanges sur le continent. Le rapport souligne que la plupart des pays africains ne parviendront pas à une croissance économique et à un développement accéléré dans un délai raisonnable s'ils ne surmontent pas d'abord les limitations d'ordre démographique et économique qu'ils connaissent. Sur 53 pays africains indépendants, 38 (près de 72%) ont une population de 15 millions de personnes ou moins, alors qu'un tiers comptent une population de 3 millions de personnes ou moins. Sur les 46 pays qui sont classés dans le monde comme les moins avancés (en termes de revenu par habitant), 31 sont africains. Ces statistiques mettent en évidence le fait que l'intégration régionale constitue le moyen véritable de surmoter les limitations inhérentes à la taille des marchés intérieurs.
Une part minime dans le commerce mondial : Le rapport souligne aussi que l'Afrique ne détient qu'une part infime du commerce international, ses exportations et ses importations ne représentant respectivement que 2,9% et 2% du total mondial. L'Afrique du Sud occupe une place dominante aussi bien sur le plan des exportations vers l'Afrique que sur celui des importations du continent. Entre 2000 et 2007, l'Afrique du Sud a exporté vers le continent africain des biens d'une valeur d'environ 5,9% milliards de dollars des Etats Unis, soit environ 29,6% des exportations intra-africaines. L'absence de diversification et de compétitivité des économies africaines en général est la principale cause de cette situation. En effet, un grand nombre de pays se sont spécialisés dans un petit nombre de produits de base, alors que leurs importations sont principalement constituées de produits manufacturés, indique le rapport. Autres grands obstacles au commerce intrarégional mentionnés dans le rapport: le médiocre état des infrastructures liées au commerce, l'absence de coordination macroéconomique en général, ainsi que la multiplicité des monnaies et leur non-convertibilité. L'insuffisance du réseau routier bitumé du continent illustre bien cette situation. L'Afrique dispose de cinq fois moins de routes que les pays à haut revenu de l'OCDE. Le rapport indique qu'à ce jour, seuls trois pays, l'Egypte, le Maroc et la Tunisie, ont renouvelé le revêtement de plus de 50% de leurs routes. Selon le rapport, les coûts de transport en Afrique sont réputés être les plus élevés au monde. Les coûts de frêt, en pourcentage de la valeur totale des importations étaient d'environ 13% pour le continent en 2000 tandis qu'ils étaient de 8,8% pour l'ensemble des pays en développement et de 5,2% pour les pays développés (CNUCED, 2002). Les coûts du frêt en Afrique varient d'une région à l'autre, l'Afrique orientale et l'Afrique australe connaissant les coûts les plus élevés par rapport à d'autres régions du continent.
Potentiel d'échanges entre pays africains Entre 1995 et 2006, l'Afrique a exporté en moyenne pour environ 15 milliards de dollars de marchandises appartenant à la catégorie des produits alimentaires de base contre environ 21 milliards de dollars des Etats Unis d'importations. On peut en déduire que l'Afrique a enregistré des termes de l'échange défavorables dans cette catégorie de produits. Lorsque on compare les exportations de l'Afrique vers le reste du monde à ses importations venant du monde dans cette catégorie de produits, on constate un certain déficit dans les produits alimentaires de base ou un manque d'autosuffisance dans cette catégorie de produits. On observe des tendances similaires en ce qui concerne les biens manufacturés, les machines, le matériel de transport et les produits chimiques. Il existe un potentiel considérable des pays africains d'exporter leurs produits vers la région de l'Afrique, s'ils choisissaient de le faire. Le fait que la région de l'Afrique ne semble pas être une destination d'exportations favorite pourrait s'expliquer par un certain nombre de facteurs dont l'insuffisance des infrastructures et de la communication et les goulets d'étranglement au commerce. Seulement quelques pays africains avaient une part dans leurs exportations totales, égale ou supérieure à 40% en moyenne durant la période 1995-2006. Il s'agit des pays suivants: Bénin (41%), Burkina Faso (49,6%), Djibouti (43%), Kenya (49%), Mali (57%), Niger (65%), Sénégal (40%), Sierra Leone (85%), Togo (44%). En valeur, elles ne représentaient cependant que 10% de la valeur totale des exportations vers l'Afrique. Si l'on fait abstraction des exportations du Kenya, elles ne représentent plus qu'environ 5%.
Tunisie : les exportations vers l'Afrique en nette croissance : La Tunisie a exporté en moyenne pour 512 MD vers l'Afrique durant la période 2000-2007. Ces exportations connaissent une très nette progression passant de 201MD en 2000 à 1470MD en 2007. Le Maroc a exporté pour une moyenne de 370 MD durant la période 2000-2007. Nous exportons principalement des produits alimentaires, des produits chimiques, des produits manufacturés et des machines et équipements. Quant aux importations, la Tunisie a importé pour une moyenne de 481 MD durant la période 2000-2007. Nos importations sont passées de 204 MD en 2000 à 1471 MD en 2007. Ces importations sont en majorité énergétiques.
La Tunisie a occupé ainsi la 10ème place au niveau des exportations intra africaines, et la 17ème place au niveau des importations. Selon le rapport, la Tunisie a occupé la 4ème place africaine en matière d'échanges transfrontaliers, et 38ème mondiale. L'île Maurice arrive en première place, suivie de l'Egypte et de Djibouti. Pour les exportations au sein de l'UMA, la Tunisie occupait la première place (37%), suivie par la Libye (30%) et l'Algérie (23%). Au niveau des importations, c'est l'Algérie qui occupe la 1ère place avec (32%), le Maroc (31%) et la Tunisie (22%). La crise de la zone euro a remis la nécessité de diversifier nos marchés à l'exportation pour diminuer notre dépendance. L'Afrique est l'un de ces marchés sur lesquels il faut travailler. Une stratégie commerciale pour l'Afrique est en train d'être finalisée. Mais sommes nous capables concrètement de conquérir un continent où les Chinois, les Marocains, les Indiens ainsi que les Français et les Américains ont une grande longueur d'avance sur nous ? Nous tenterons de répondre à cette question dans de prochains papiers. A.T Source : rapport sur l'intégration régionale en Afrique