Dans une étude publiée récemment, le Département des Affaires Economiques et Sociales des Nations unies s'inquiète, en effet, de l'impact de la triple crise alimentaire, écologique et économique sur les plus vulnérables. « Les tensions vont augmenter entre les décisions prises au niveau mondial et celles prises au niveau national », a indiqué le rapport. Alors que le nombre de personnes vivant avec moins de 1,25 $ par jour est passé de 1,8 milliard en 1990 à 1,4 milliard en 2005. Cette réduction a été possible grâce à la croissance économique de la Chine. Les inégalités et les disparités se sont accentuées en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Le défi démographique causera aussi des tensions si les instruments de régulation internationale ne sont pas rénovés. Chaque année, la population mondiale augmente de 70 millions d'habitants. D'ici à 2050, a souligné le rapport, « l'économie globale aura besoin de fournir une vie décente à plus de 9 milliards de personnes dont 85% vivront dans les pays en développement ». Dans les pays développés, 1 personne sur 4 aura plus de 65 ans en 2050, ce qui provoquera une pression sur les retraites et les systèmes de santé. De plus, a indiqué le rapport, « ce déficit de jeunes gens dans les pays développés devrait augmenter les flux migratoires ». Ces flux de populations s'accentueront, également, à l'intérieur des pays. Dans quarante ans, 70% de la population habitera en zone urbaine. Le rapport s'est inquièté de la situation de pauvreté et d'iniquité dans laquelle ces populations vivront. L'ensemble de ces défis sociaux, environnementaux et économiques peuvent être solutionnés par la reformulation des instruments globaux. La triple crise alimentaire, financière et environnementale nécessite une réponse coordonnée, a plaidé le rapport.
Vers une régulation de la circulation des capitaux
Pour l'ONU, le commerce et la finance internationale doivent évoluer vers « une régulation de la circulation des capitaux qui garantisse la stabilité, les financement à long-terme pour les pays en développement ». Le défi est de, simultanément, créer une croissance économique tout en assurant des politiques durables et suffisamment de fonds pour l'éducation, la santé et la protection sociale », a précisé le rapport. C'est pourquoi, la régulation du commerce et de la finance internationale va de pair avec une réforme de l'architecture de l'aide internationale. Il faudra environ 100 milliards $ par an d'aide publique au développement pour lutter contre la pauvreté. Le rapport a pointé aussi les disparités dans l'aide internationale soulignant que certains pays reçoivent beaucoup plus de fonds que d'autres sans pour autant que leurs situations soient différentes. Enfin, l'ONU considère que la dérégulation de la finance globale a joué un grand rôle dans la crise actuelle et que les autorités nationales doivent exercer une meilleure régulation financière. La reprise de l'économie globale ne pourra se faire que si la réforme du système financier, des échanges commerciaux et des mécanismes d'aide au développement soient transformés de manière coordonnée. L'ONU propose donc d'instituer un mécanisme de coordination de l'économie qui aille au-delà du G-20 afin d'améliorer la régulation de l'économie mondiale et la situation des plus pauvres.