Cette situation influe énormément sur la qualité des services dans les hôtels et aussi sur le personnel du secteur. L'endettement a atteint des proportions importantes et dangereuses et qui menacent la survie de plusieurs unités, et postes d'emploi. Après une année 2009 moyenne pour le tourisme tunisien, et une année 2010 qui ne donne pas de grands signes encourageants, la situation ne semble pas s'arranger. Derrière l'endettement du secteur, il existe des banques qui souffrent elles aussi des crédits impayés des hôteliers. Un problème qui mérité une réflexion de fonds et des solutions radicales. Un endettement important : Un hôtel, c'est beaucoup d'argents en investissements et ainsi, beaucoup d'argent en retour. Or l'activité d'un hôtel est toujours soumise à plusieurs pressions internes et externes, et sa rentabilité est toujours mise en cause, quelque soit sa catégorie ou son classement. Le secteur touristique a subi plusieurs chocs au cours des dix dernières années : attaques du 11 Septembre 2001, la guerre du Golfe en 2003, la crise économique de 2009. Ces crises à répétitions n'ont pas permis de stabiliser la croissance et la rentabilité des unités hôtelières. Cette situation a causé un endettement excessif du secteur, qui s'est manifesté par la vente de plusieurs unités, la location gérance d'autres, ou la mise en faillite pure et simple. D'autres unités hôtelières ont opté pour l'ouverture seulement durant la haute saison et de fermer pour le reste de l'année afin de limiter les dégâts. Il n'existe pas de chiffres officiels concernant l'endettement des hôtels en Tunisie, mais le chiffre de 3500 millions de dinars semble être le plus plausible, dont 800 millions de dinars sont litigieux. Selon le site « Tourismag », plus de 120 hôtels lourdement endettés sont mis en vente. Une information qui reste à vérifier. Selon un récent rapport sur les entreprises en difficultés et qui sont passés devant la commission nationale des entreprises en difficultés, plus de 50% des entreprises sont issus du secteur touristique. L'endettement excessifs et qui menace l'activité et la qualité de services de ces unités, affecte le secteur bancaire, qui souffre déjà d'un fort taux des crédités classés. Selon des sources, ce sont les banques publiques qui accaparent la grande partie de l'endettement des hôteliers, avec plus de 70% pour le compte de la STB seulement. En effet, cette banque a hérité l'endettement de l'ex Banque nationale de développement touristique (BNDT).
Un impact très négatif sur le tourisme : Un hôtel endetté c'est un hôtel qui va essayer de compresser ces coûts pour rentrer dans ses frais. Aussi un hôtel endetté, c'est forcément un hôtel dont les services vont être médiocres, à l'exception de quelques uns. Et c'est la situation de plusieurs unités hôtelières et ce malgré le contrôle et l'intervention des pouvoirs publics. Certains des établissements hôteliers ont eu recours à la location gérance de leurs hôtels en l'attribuant à des sociétés étrangères. Cette situation n'a fait qu'empirer les choses. En effet, ces locataires, venant éventuellement avec l'esprit du gain, optent pour la suppression de postes d'emplois, la compression excessive des coûts et surtout ils n'investissent pas dans le développement des unités louées, ce qui affecte la qualité de l'établissement. L'endettement du secteur affecte aussi la crédibilité des établissements hôteliers auprès des banquiers qui exigent des garanties excessives auprès des opérateurs qui veulent des crédits. Une situation compréhensible mais qui affecte le financement du secteur.
La nécessité de solutions radicales: Le poids du secteur touristique dans l'économie nationale, ne doit pas nous laisser insensible à sa situation. Avec plus de 7% dans le PIB et quelque 350 milles postes d'emploi, le secteur touristique nécessité une intervention urgente pour remédier à l'endettement des hôteliers. A la suite de chaque crise, le président de la République a donné ses instructions pour aider les hôteliers pour un rééchelonnement de la dette, ou un abaissement des intérêts. Une manière d'aider ce secteur à remonter la pente en périodes difficiles. Au point que certains parlent aujourd'hui d'un secteur nettement « assisté », et ce qui constitue sa plus grande faiblesse. Depuis des années une commission regroupant la Fédération Tunisienne de l'Hôtellerie et la STB, se réunit constamment pour trouver les solutions aux problèmes de certains professionnels du secteur. C'est une initiative qui va aider à traiter les problèmes de certains opérateurs à l'amiable. En 2006, un homme d'affaire Saoudien Monsieur Mohamed Bin Issa Al Jaber, a rendu visite à notre pays afin de lancer un fonds d'investissement destiné au secteur touristique à travers l'IMBank, d'un capital de 65 millions de dinars. L'objectif étant la prise en gestion des hôtels en difficulté à travers l'assainissement et la conversion d'une partie des créances en capital. Rien n'a filtré sur les activités de ce fonds, mais il parait qu'il a été contacté par plusieurs hôteliers qui ont mis leurs hôtels sur la table. Il est important que les promoteurs hôteliers pensent sérieusement à réduire leurs investissements dans certaines grandes composantes de l'établissement et qui ne sont pas rentables tel que les grands espaces verts, ou les grandes esplanades, et de se limiter aux espaces nécessaires et rentables. La création d'un fonds de soutien aux hôtels en difficultés, financé en partie par les hôteliers eux même et l'Etat, afin de venir en aide aux hôtels en difficultés, est aussi une piste à bien étudier. Pour arriver à préserver l'équilibre financier des établissements touristiques, et l'apurement du passif de plusieurs d'entre eux, il est important de prévoir un rééchelonnement des dettes et une grâce concernant les pénalités de retard. Ceci nécessité une volonté politique importante. Les banquiers doivent aussi être plus souples. Ils doivent penser à des mécanismes de remboursement appropriés au secteur. En effet, le cash flow pour un établissement touristique est important en haute saison et l'est moins en basse saison. Les banquiers doivent s'accommoder avec cette réalité, et n'exigeant le paiement qu'en période de haute saison. La fusion des hôtels ou la gestion en chaîne peut être aussi une piste de réflexion pour améliorer la rentabilité de certaines unités. Or cette tendance ne connaît pas un franc succès, et nous retrouvons des chaînes hôtelières de petites tailles (pas plus que 5 hôtels). Or mutualiser les efforts peut aider à répartir les risques. Cet été, et comme tout été, il s'annonce chaud pour le secteur touristique. D'un côté les hôteliers qui s'attendent à de grands bénéfices pour payer leurs dettes, de l'autre les banquiers qui s'attendent à une bonne saison pour revoir la couleur de leur argent.