• Les entreprises sous perfusion vont disparaître du paysage touristique L'épineux dossier de l'endettement du secteur touristique a été depuis plus de six mois confié à une commission ad hoc réunissant les représentants de la profession, de la Banque centrale de Tunisie et la Banque mondiale ayant elle-même traité des cas similaires dans plusieurs pays et dont la contribution a été sollicitée. Cette réflexion tripartite, après examen de plusieurs variantes, aurait retenu la création d'une société de gestion d'actifs avec des super pouvoirs. Les détails et le fonctionnement de cette structure seront validés et connus au cours des prochains jours. Alors que le secteur touristique vit actuellement au rythme d'une relance après un grave déficit d'activité et de flux, l'on ne cesse d'évoquer, à juste titre, les maux d'ordre structurel dont souffre le secteur depuis bien des années. L'endettement est précisément l'une des plaies profondes de ce secteur. Il est incontestablement le dossier le plus épineux qui a, depuis longtemps, rongé le secteur au double plan de sa rentabilité et de son image. En l'absence de données précises, les montants d'endettement s'élèveraient à plus de trois milliards de dinars. Selon la Fédération tunisienne de l'hôtellerie, qui a engagé en 2010 une étude en la matière, la majorité des 840 hôtels que compte le pays est endettée et le nombre des unités lourdement endettées et qui n'arrivent plus à honorer leurs engagements vis-à-vis des banques prêteuses s'élève à 200 hôtels. Un endettement excessif qui a causé un énorme préjudice au système bancaire qui continue à traîner un lourd portefeuille de créances accrochées, dont notamment la STB fortement impliquée dans ce dossier. D'ailleurs, et selon la même étude, plus de 50% des crédits contractés par le secteur sont effectués auprès de la Société tunisienne de banque qui avait en 2002 absorbé deux banques spécialisées en grande partie dans le financement du tourisme, en l'occurrence la BDET et la BNDT. Pour mémoire, il convient de rappeler que la stratégie de développement du secteur , qui a prévalu surtout au cours des deux dernières décennies, a enfanté une euphorie au niveau de l'investissement hôtelier ayant engendré une surcapacité d'une offre non diversifiée dès lors qu'elle n'a privilégié que la seule composante balnéaire. Une surcapacité qui n'a fait qu'amplifier la dépendance des hôteliers vis-à-vis des tour opérateurs étrangers au niveau de la commercialisation du produit touristique tunisien . Une dépendance qui fut accompagnée par la montée de nouvelles concurrences imposées par les nouvelles destinations dont notamment celles de l'Europe centrale et des pays asiatiques. Ayant constaté la difficulté de s'imposer, les opérateurs tunisiens furent amenés à consentir des baisses de prix en vue de pallier des chutes préoccupantes des taux d'occupation de leurs hôtels entrant ainsi dans une spirale infernale, celle de la faiblesse de rentabilité, de la dégradation des prestations, du manque de solvabilité et de l'endettement excessif. Malgré les multiples tentatives de solutionner cette question et à défaut d'un traitement frontal et audacieux, elles ont toutes échoué, ce qui enfonce le secteur dans la logique de la crise, d'autant plus que les banques continuent à supporter le poids énorme des créances non productives et que les autorités publiques continuent à soutenir d'une manière artificielle le secteur en incitant le système bancaire à la seule formule du rééchelonnement abusif et peu efficace. Manifestement, ce n'est plus le cas au regard des positions affichées actuellement par tous les intervenants. En tout cas, pour l'autorité publique, l'urgence est signalée pour des solutions radicales : nombre d'unités doivent disparaître définitivement du paysage touristique tunisien ? Plus question de soutenir des unités dont le diagnostic n'a donné aucune solution de redressement. Ce qui est par ailleurs certain et établi, c'est que les pouvoirs publics sont fermes sur leur position. Il n'y aura pas de solution globale. Seules les solutions au cas par cas sont admises.