Un travail de recherche récent réalisé par José Allouche(Université Paris 1 Sorbonne) et Sébastien Soulez (Membre de l'Association Française du Marketing ) sur le comportement des cours des clubs de football anglais intitulé «La cotation des clubs de football anglais. Une analyse différenciée des facteurs explicatifs de fluctuations de cours » montre que le cours de bourse réagit : -à l'annonce de résultats sportifs : un match gagné et le cours surperforme de 0,5 % le lendemain, un match perdu et il sous-performe de 0,7 % le lendemain. L'impact d'une défaite est d'autant plus marqué que le club évolue dans une division supérieure car elle éloigne la perspective de participation à une coupe européenne, synonyme de ressources supplémentaires. De même, la qualification ou l'élimination d'une coupe nationale ou européenne produit ses effets sur le cours de bourse ; - à l'annonce des résultats financiers : on retrouve un comportement classique : des résultats positifs font monter le cours et des résultats négatifs le font baisser. De même, l'annonce de nouveaux investissements (essentiellement la rénovation ou la construction d'un stade), la signature de nouveaux contrats de sponsoring impactent positivement le cours ; - à l'annonce de l'achat ou de la vente de joueurs. Les financiers étant des gens sans émotion, ils poussent à la hausse le cours d'un club qui vend l'un de ses joueurs, et à la baisse quand celui-ci en achète un autre. Mais le plus apprécié est le renvoi d'un entraîneur jugé non performant : + 4 % de surperformance. L'étude ne dit pas combien le cours avait sous-performé avant cette nouvelle … Si le cours des clubs semble bien réagir à des informations les concernant, nous ne pouvons qu'avouer notre perplexité devant les niveaux de valorisation observés : PER de 100 sur la Juventus de Turin, la dernière année où celle-ci a obtenu des résultats financiers positifs (2003), multiple du résultat d'exploitation 2006 de 123 fois (calculé avant les récents démélés judiciaires et la démission en bloc de son conseil d'administration).
Il faut dire que les travaux de recherche des analystes financiers sont rares, ce que la faible capitalisation boursière de chaque club explique sans peine. Dès lors, et même si les informations sont rares, il est probable que l'essentiel du flottant est constitué d'investisseurs individuels plutôt que d'institutionnels. La faible liquidité n'est pas d'ailleurs de nature à les attirer. J. Allouche et S. Soulez ont calculé, qu'avant son rachat, les transactions sur Manchester United portaient quotidiennement sur 1,62 % de son flottant contre 0,49 % pour Leeds United et seulement 0,26 % pour les 12 autres clubs anglais cotés. En définitive, si on aime le football, il vaut probablement mieux acheter des billets pour des matchs que devenir actionnaire de son club favori, sauf à être convaincu que celui-ci va devenir boursièrement le prochain Manchester United. Ce dernier, grâce à une vraie stratégie de groupe conduite avec détermination dans la durée, s'est imposé face à des concurrents dont beaucoup sont dans une logique de court terme ou de prestige sans rigueur financière. D'où un taux de rentabilité pour les actionnaires de Manchester United, de 1992 à sa prise de contrôle en 2005, de 26 % par an, au prix certes d'une forte volatilité. De quoi tout de même faire pâlir d'envie 99,9 % des sociétés cotées en bourse. Quant à ceux qui n'aiment pas le football, il y a tellement d'autres opportunités d'investissement ……"