« La Révolution tunisienne va changer le nouveau paradigme vers la démocratisation et la promotion des droits de l'homme » Lors d'une brève allocution télévisée, Suharto annonçait qu'il démissionnait de son poste de président de la République indonésienne, 32 ans après son accession au pouvoir. Après Duvalier en Haïti, Marcos aux Philippines, Mobutu au Zaïre et quelques autres, un des dictateurs les plus sanguinaires de la seconde moitié du siècle partait sous la pression d'une effervescence populaire et étudiante commencée six mois plus tôt et d'injonctions de plus en plus menaçantes du FMI et de l'Exécutif américain. De fait, c'est la crise monétaire et boursière de l'Asie du Sud Est, démarrée formellement en Thaïlande en juillet 97 par la dévaluation monétaire, qui connaît en Indonésie, à ce jour de la façon la plus aigue, des répercussions économiques et sociales brutales. Probablement parce que le pays, archipel constitué de plus de 10 000 îles, arrivant en quatrième position mondiale avec ses 202 millions d'habitants, compte de très grosses concentrations urbaines, près de 80 millions d'"actifs" dont près de 10 millions d'ouvriers d'industrie, c'est-à-dire à côté d'une classe bourgeoise et petite-bourgeoise récente, une classe ouvrière presque toute neuve. Et voilà Ben Ali qui s'est enfui sans aucun préavis quand le peuple tunisien commença sa rébellion le 14 janvier 2011. Monsieur Ibnu Said est ambassadeur de la République d'Indonésie en Tunisie depuis 2008. En trois questions il nous fait part de son analyse de la Révolution tunisienne à la lumière de la Révolution indonésienne de 1998.
Quelle est votre lecture à propos de la Révolution tunisienne ?
La Révolution tunisienne est expliquée par le chômage, la pauvreté et le manque de la liberté d'expression et de presse. La Révolution tunisienne a donné un grand impact dans les pays arabes, en particulier ceux qui entreprennent la dictature au sein de leur gouvernement. A mon avis, la Révolution tunisienne va changer le nouveau paradigme vers la démocratisation et la promotion des droits de l'homme, ainsi que le développement économique. La chose importante est que le peuple tunisien a réussi à abattre le gouvernement autoritaire et à instaurer un régime démocratique. Maintenant, on estime bien que la Tunisie sera un pays démocratique qui doit suivre le processus de transformation en particulier la façon de créer des emplois et à réduire la pauvreté et à établir la stabilité politique.
Vous avez déjà assisté à une révolution comme celle de la Tunisie. Pourriez-vous s'il vous plaît nous éclairer à ce sujet et nous dire s'il existe une comparaison entre la Révolution de la Tunisie et les celle de l'Indonésie?
La révolution tunisienne qui a pris forme rapidement suite à l'initiative de Mohammed Bouazizi qui en s'immolant par le feu, été le pionnier du mouvement vers la liberté d'expression. Cette réaction a été suivie par une démonstration des Tunisiens contre le gouvernement autoritaire afin de l'exhorter à offrir une vie meilleure pour eux, non seulement dans le domaine économique, mais aussi dans les domaines politique, social et culturel. Le monde entier a admiré la Révolution en Tunisie parce qu'elle était évidente puisque le gouvernement autoritaire n'était pas en mesure de maintenir le développement politique et économique nécessaires pour le peuple tunisien. Pour notre pays, la réforme en Indonésie a également renversé le régime autoritaire pour établir un gouvernement démocratique, et c'est le cas en Tunisie. Les peuples des deux pays sont maintenant libres d'exprimer une opinion contre le gouvernement. .La seule différence est que, en Indonésie, il ya le changement du système gouvernemental de centralisé vers un système décentralisé qui donne plus d'opportunités pour les gouvernements régionaux pour créer le bien-être social ainsi que de fournir de meilleurs services publics.
À partir de votre position en tant que diplomate, quelle est la solution parfaite pour la Tunisie?
La solution parfaite à mon avis pour la Tunisie, est tenir compte des intérêts de toutes les personnes, la société civile, les partis politiques et les ONG dans un gouvernement d'union nationale en vue de fournir un meilleur bien-être et la prospérité au peuple tunisien avec leur participation dans la prise de décisions processus qui permettra de renforcer le gouvernement.