Pendant la séance plénière de l'Assemblée Nationale Constituante qui a eu lieu le 29 juin 2012, le conflit s'est rallumé entre Hamadi Jebali, le chef du gouvernement provisoire, et Moncef Marzouki, le président provisoire de la République à propos de l'affaire de l'extradition de Baghdadi Mahmoudi. Si nous laissons de côté l'aspect de tragi-comédie jouée entre certains membres du gouvernement et la présidence de la République, la séance plénière du 29 juin 2012 a projeté une image désastreuse de plusieurs députés de l'ANC qui a suscité un profond dégoût chez les téléspectateurs tunisiens. Hammadi Jebali : « Marzouki était bien informé de l'extradition » Avec une grande assurance, le chef du gouvernement provisoire assure que le président provisoire de la République, a été bien informé par écrit auparavant et le jour même de l'extradition. D'autre part, et avec son sourire habituel, Jebali a déclaré que Marzouki a retiré sa plainte auprès de l'ANC concernant le dépassement des prérogatives du président de la République dans l'affaire de Baghdadi Mahmoudi. Compte tenu du caractère solennel de cette déclaration et de l'endroit où elle a été faite, il n'est pas possible de mettre en doute la véracité de cette affirmation, sans remettre en question la légitimité du gouvernement voire celle de l'ANC. Samir Ben Amor : « Marzouki n'a pas retiré sa plainte auprès de l'ANC » Dans une déclaration accordée à Radio Shems FM, le 29 juin 2012, Samir Ben Amor, le premier conseiller du président provisoire de la République, a démenti la déclaration de Hamadi Jebali qui a annoncé que Moncef Marzouki a retiré sa requête auprès de l'ANC. Quel est le statut le plus crédible à l'heure actuelle : président de la République ou chef du gouvernement ? A l'heure actuelle, le président provisoire de la République maintient toujours sa position à savoir qu'il n'était pas au courant de l'extradition de Baghdadi Mahmoudi. Néanmoins, le chef du gouvernement provisoire tient à affirmer que Marzouki a été informé « par écrit » en deux occasions. La première occasion était après le conseil des ministres de mai 2012, et la deuxième était le jour même de l'extradition le 24 juin 2012. Qui peut-on croire dans cette affaire ? Puisqu'il existe deux versions totalement contradictoires, force est de constater que l'un dit la vérité et l'autre ment. Mais dans ce cas particulier, le mensonge n'est pas ordinaire, c'est un «Mensonge d'Etat », c'est-à-dire un mensonge fait au peuple tunisien tout entier. Dans ce cas, le menteur doit présenter ses excuses au peuple tunisien, sinon il n'a plus aucune crédibilité ni sur le plan politique ni sur le plan humain. Qui le peuple tunisien va-t-il considérer comme « coupable » dans cette affaire ?