Contrairement aux déclarations de Khaled Tarrouche, porte- parole du ministère de l'intérieur concernant le viol d'une jeune fille par des agents de police dans lesquelles il a indiqué que la fille a été retrouvée “avec son copain dans une posture irrespectueuse", voici une autre version racontée par la victime à la journaliste Olfa Riahi précisant les détails de l'incident. Cette affaire avait été révélée au départ par l'avocate Radhia Nasraoui. “Parmi les affaires soulevées par le Conseil National des Libertés en Tunisie (CNLT), l'histoire de ce viol dont a été victime une jeune tunisienne il y a à peine deux semaines. Le dossier revient sur les détails d'un crime alarmant d'une brutalité et d'une sauvagerie obscènes. Ci-après la traduction française du récit des faits révélés par le CNLT : “Dans la nuit du 3 au 4 septembre, aux alentours de minuit, la victime et son fiancé se trouvaient dans leur voiture dans une situation normale et décente, contrairement aux déclarations très controversées du porte-parole du Ministère de l'Intérieur qui avait avancé que la victime et son compagnon étaient dans une situation indécente ou encore immorale (traduction littérale) au moment des faits dans une rue de Aïn Zaghouan. C'est alors qu'un véhicule civil s'approche d'eux. Trois hommes en descendent et procèdent directement à l'ouverture des portières de la voiture demandant à ses occupants de descendre et déclarant qu'ils font partie du corps policier rattaché au poste de police « Les Jardins de Carthage » situé à Aïn Zaghouan. Tout de suite après, les policiers menottent le compagnon de la victime et emmènent cette dernière vers leur véhicule. Puis l'un des agents revient vers le fiancé, le fait remonter dans sa voiture et l'éloigne du lieu de l'arrestation en s'installant lui-même au volant. Entretemps, les deux autres policiers font monter la jeune femme dans leur véhicule et lui demandent ce qu'elle serait en mesure de leur offrir. La jeune femme rétorque qu'elle dispose de 40 dinars et qu'elle est prête à leur donner l'argent. Les deux agents se moquent alors d'elle et l'informent qu'elle va leur offrir autre chose. La victime est alors placée sur la banquette arrière. Un agent la rejoint à l'arrière du véhicule tandis que l'autre reste au volant observant son collègue en train de procéder au viol. Ce dernier ordonne à la jeune femme de ne pas crier et de pleurer en silence. Une fois le viol terminé, les deux agents s'échangent les places et c'est au tour du second de procéder au deuxième viol. Pendant que la victime se fait violer, le troisième agent qui avait éloigné le fiancé de la scène du viol interroge ce dernier. Il le menace de lui coller un procès pour adultère s'il ne lui file pas la somme de 300 dinars. Le fiancé de la victime rétorque alors qu'il ne possède pas la somme. L'agent lui propose de le conduire à un distributeur automatique de billets pour retirer l'argent, ce que le jeune homme accepte de faire. Cependant, il ne parvient pas à retirer la somme. Le policier lui retire alors sa carte d'identité et son permis de conduire et lui demande de ramener l'argent le lendemain pour pouvoir récupérer ses papiers. Il le reconduit ensuite au lieu de l'arrestation où stationne le véhicule des deux autres agents. Lorsqu'il descend de la voiture, le compagnon de la victime voit que sa fiancée est encore à l'intérieur du véhicule des forces de l'ordre. Il tente alors d'agresser physiquement les deux policiers. Pour l'en empêcher, l'un des agents tente de faire usage de gaz paralysant mais le fiancé parvient à lui arracher le dispositif. Les policiers ont dès lors négocié avec lui afin d'échanger le dispositif à gaz contre ses papiers et sa fiancée. Ce qui fut conclu. Une fois le couple remonté dans leur véhicule, la jeune femme raconte les faits à son compagnon qui décide de l'emmener à la clinique du Lac où elle est auscultée de suite. Le viol est médicalement avéré. La clinique contacte alors la police conformément à la procédure. La victime et son fiancé sont convoqués le 4 septembre 2012 au tribunal de première instance, 3ème étage, siège de la sous-direction de la prévention sociale (police judiciaire) où ils sont confrontés à leurs agresseurs. La victime et son fiancé sont gardés pendant 7 heures. Ils sont humiliés et subissent une forte pression afin de les obliger à abandonner la plainte. La victime, en raison du choc psychologique, décide d'abandonner les poursuites et un procès verbal est rédigé dans ce sens. Une fois sortis du poste de police, la victime et son compagnon se dirigent directement chez un avocat et portent plainte auprès du Ministère Public." Source: tobegoodagain.wordpress.com