Les deux avocats du groupe de défense de Kamel Létaief, maitres Mohamed Ammar et Nizar Ayed, ont contacté la rédaction de TunisieNumérique et ont donné des précisions concernant l'affaire de leur client, en rapport avec un supposé complot contre la sûreté de l'Etat. Ils ont d'abord, tenu à préciser qu'aucune accusation n'a, à ce jour, été officiellement signifiée à leur client. Et malgré cela, il est d'emblée tombé sous le coup d'une interdiction de quitter le territoire, décision dont ils contestent d'ailleurs la conformité aux lois en vigueur. Les deux avocats ont voulu éclairer l'opinion publique sur l'affaire, et certains détails et zones d'ombre qui émaillent ce dossier. Rappel de l'affaire Les deux avocats s'étonnent qu'un de leurs confrères, sensé défendre les accusés, s'érige en justicier, se substitue au ministère publique, et joue le rôle d'investigateur, dévolu normalement à la sûreté nationale. Ils pensent que le plaignant dans cette affaire, l'avocat Cherif Jebali, a outrepassé tous les usages. Ils ont succinctement rappelé l'historique de ce plaignant, à savoir qu'il avait été renvoyé des directions de la sûreté nationale pour s'orienter vars le métier d'avocat, mais qu'il était resté en contact étroit avec le système policier, au point qu'il en aurait attrapé le « flair ». L'affaire a commencé, le 4 juin 2011, par « la réception », par erreur, par un ami à l'avocat plaignant de sept sms, qu'il a trouvés suspects, il en a alors informé un autre avocat, Me Najib Ben Youssef, qui, à son tour, en a parlé à l'avocat plaignant qui s'est fait « un devoir » de s'occuper du suivi de ce dossier, en se faisant aider par un ex-cadre de la sûreté qui a fait l'effort d'interpréter à sa façon ces texto. Ce n'est que le 17 octobre 2012, soit 16 mois après, que le ministère publique a demandé à un juge d'instruction d'ouvrir une enquête sur ce supposé complot. A rappeler, qu'il n'est encore pas fait allusion à Kamel Létaief à cette date. L'instruction vise toute personne que révèlerait l'enquête. Et c'est la veille de l'Aïd, que leur client apprend qu'il est convoqué par le juge, et interdit de voyager. Le dossier comporte une accusation, construite sur des déductions personnelles et arbitraires faites par le plaignant et son « conseiller » comme quoi, Kamel Létaief complotait avec un certain nombre de personnalités pour renverser le gouvernement. Parmi les personnalités citées dans ce dossier, on relèvera le nom Boris Boillon, ex ambassadeur de France à Tunis, qui aurait imaginé en collaboration avec Kamel Létaief, de faire kidnapper le frère de BCE et réclamer la libération d'Imed Trabelsi en contre partie. Or tout le monde sait le conflit qu'il y a entre Letaief et la famille Trabelsi, et il est « grossier » de penser qu'un représentant diplomatique de la France puisse mouiller dans de tels projets. En fait, les avocats concluent que leur client est poursuivi pour une série d'appels téléphoniques qu'il aurait eu avec un certain nombre de personnalités tunisiennes et même étrangères. L'autorité judiciaire ayant retiré un listing des appels téléphoniques à partir et vers le GSM de Letaief, qui n'ont rien à voir avec les sms à l'origine de « l'affaire » et a tenté de faire la parallèle entre ces deux éléments complètement étrangers l'un à l'autre. Des zones d'ombre et des « curiosités » Les avocats ont tenu à énumérer un certain nombre d'anomalies de procédures et de zones d'ombre qui grèvent le dossier de l'instruction, comme à titre d'exemple : Il apparait que le GSM qui a envoyé les sms appartenait à une dame habitant à Denden, et qui a déclaré avoir perdu son appareil, et n'aurait pas déclaré la perte, ni bloqué sa carte SIM. Il se trouve que, comme par hasard, l'avocat Cherif Jebali habite aussi à Denden. Par ailleurs, la personne qui aurait reçu « par erreur » les sms n'a jamais été auditionnée. Un de ces sms commence par « Ya Mongi ! Fais ceci et celà ». Or, il s'avère que le type qui a déclaré avoir reçu ces sms, par erreur, se prénomme justement, Mongi ! C'est l'avocat plaignant qui avait fourni à la justice le listing des communications personnelles de Kamel Létaief ! Le dossier ne renfermant pas de réquisition pour les retirer de chez l'opérateur. Certains numéros de téléphones ont été soustraits de la liste réelle des communications de Kamel Létaief, dont des membres des partis de la Troïka ! Une affaire à motivations politiques Les avocats ont conclu, qu'au vu de ces éléments, il devient évident, à leurs yeux, que cette affaire a des dessous éminemment politiques. Ils relient ce dossier à une accusation lancée quelques semaines auparavant par un leader du CPR, à l'encontre de Kamel Létaief, comme quoi, il serait en train de financer un parti politique concurrent de la Troïka. Le message voulu par l'instruction de cette affaire, selon les avocats, est on ne peut plus clair : Quiconque s'aviserait d'aider de près ou de loin un parti concurrent de la Troïka risque de se voir accuser des pires crimes ! Première partie