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Tunisie : Les sept péchés capitaux de Rafik Abdessalem
Publié dans Tunisie Numérique le 25 - 03 - 2013

Pour commencer, une citation de Charles Maurice de Talleyrand : « Il y a une chose plus terrible que la calomnie, c'est la vérité« .
Enfin, le vent a fini par tourner et le ver, par la force des choses, est sorti du fruit. Rafik Abdessalem quitte, par la petite porte, le Ministère des Affaires Etrangères sur fond de soulagement de tout le personnel diplomatique et administratif. Aujourd'hui l'ambiance générale est à la liesse, le sentiment de revanche est prégnant. Bon débarras ! Les congratulations vont bon train jusqu'à l'effusion. De mémoire de diplomates, jamais un Ministre des Affaires Etrangères n'ait été aussi honni. Il a mis tout le monde à dos et fait l'unanimité contre lui.
Dès son investiture, Rafik Abdessalem a annoncé la couleur. Pour lui, le personnel diplomatique n'était qu'un ramassis d'incompétents et de caciques du RCD, conspirant contre lui à longueur de journée. Donc, il ne méritait ni sa confiance ni sa sympathie. Autant donc les écarter de son chemin et éviter de les associer à quoi que ce soit ou de compter sur eux. Ce qui explique clairement pourquoi il n'a jamais daigné accorder une quelconque attention aux problèmes professionnels et administratifs et a toujours refusé d'écouter, de vive voix, les doléances de quiconque. Les perspectives de carrière n'étaient guère inscrites dans son ordre de priorités.
En revanche, pour que le tableau ne soit pas entièrement sombre, d'aucuns estiment que Rafik Abdessalem aurait pu réussir son mandat et faire un bon Ministre des Affaires Etrangères s'il avait appuyé son entreprise sur les professionnels et puisé dans l'héritage diplomatique tunisien. En plus, il semble disposer de quelques atouts (art oratoire, présentabilité, réseau de relations, honnête connaissance des questions internationales,....) pour baliser la voie à sa réussite. Mais sa fruste nature profonde, son égocentrique conception de la gestion et son cabinet occulte lui ont plombé les ailes et précipité le fiasco.
Durant tout son mandat, Rafik Abdessalem a fait tant de mal. Il a œuvré, consciemment ou inconsciemment, à brimer sinon à détruire ce Département, à dilapider sa riche tradition et son patrimoine, à hypothéquer son développement et son déploiement. De même, en termes de bilan diplomatique, réduit à une peau de chagrin, le constat est accablant. Donc, sur les deux plans, principaux axes de son mandat, à savoir la gestion administrative et la gouvernance diplomatique, Rafik Abdessalem a essuyé de cinglants revers, a accompli l'insigne performance de rendre copie blanche dans tous les domaines de son exercice. Ce qui constitue en soi un grand paradoxe dans la mesure où rien ne présuppose une telle déconvenue, bien au contraire, la plateforme était bien là. Son tort c'est d'y avoir tourné le dos.
Au niveau administratif, Rafik Abdessalem disposait d'un corps diplomatique opérationnel, rompu aux techniques de négociation et l'art de la représentation, une communauté compacte de diplomates de carrière, suffisamment expérimentés, qui ont sauvegardé, vaille que vaille, l'héritage bourguibien, malgré les tentatives de la dictature déchue de corrompre, d'inféoder et de fragmenter l'appareil diplomatique et son personnel. Malgré tout, bien qu'une partie ait été gangrenée et phagocytée par le régime Ben Ali, le corps diplomatique a résisté tant bien que mal au pourrissement et à l'instrumentalisation. Un capital humain sur lequel Rafik Abdessalem aurait pu, plutôt aurait du, s'appuyer pour mener sa barque. Il n'en était rien. Le système de gestion, cher à la dictature mauve, était reproduit avec tous ses tares, ses forces d'inertie et ses dysfonctionnements, creusant les distances et nourrissant les tensions.
Au niveau diplomatique, la révolution tunisienne a offert à la diplomatie tunisienne de vastes horizons de rentabilité d'ordre aussi bien politique qu'économique et de réelles opportunités de rayonnement. Le capital sympathie, le croissant réseau d'amis, la disposition des partenaires, bilatéraux ou multilatéraux, à soutenir la transition démocratique ont constitué tout autant de leviers à utiliser en temps opportun et à bon escient.
Fruits de la révolution qu'il aurait suffi de tendre la main pour les cueillir. Là également, Rafik Abdessalem, comme d'autres acteurs, notamment la présidence de la république, était passé à côté. En effet, à contre pied des atouts à disposition, il n'a jamais conçu ou demandé à concevoir une stratégie diplomatique nationale ou même une simple approche de mouvement devant, à terme, écrémer les dividendes, pourtant à portée de la main, et valoriser le vif et non moins large engouement mondial en faveur de la Tunisie. A ce sujet, la responsabilité première des trois présidences, notamment Carthage, de par sa compétence en la matière, est lourdement engagée.
Maintes raisons expliquent cet affligent ratage : Des considérations personnelles, des manquements professionnels, des défaillances institutionnelles et des dérives politiques et partisanes ont fait le lit de ce fiasco que, par contre, rien ne justifie ou suppose, et dont ci-après une synthèse.
Les sept (7) pêchés capitaux :
1- Déficit de coordination horizontale : Au sein du Ministère des Affaires Etrangères, Rafik Abdessalem n'a jamais été un homme de dialogue, à l'écoute des diplomates de carrière, reléguant les professionnels au rang de faire-valoir et d'éléments de décor. Il n'a compté exclusivement que sur son cabinet occulte, composé de quelques bras cassés qu'il a ramenés dans ses bagages dès son intronisation. Durant toute la période de son règne, Rafik Abdessalem n'a jamais tenu une orpheline réunion de coordination avec les Directeurs Généraux et les Directeurs. Et quand bien même une audience était sollicitée, il n'accédait pas à la demande. Il a une sainte horreur de ce qui est concertation ou coordination. Il fuit toujours la confrontation. Même les trois Secrétaires d'Etat ont été écartés du processus de coordination et de la sphère de décision. Tel un brasseur d'air, chaque Secrétaire d'Etat en a fait à sa tête, a cultivé son propre agenda et son propre réseau.
Contre toute logique professionnelle, le Département fonctionnait avec quatre têtes sans courroie de transmission ni mécanisme de synchronisation, au mépris de la fluidité, de l'efficacité, de la réactivité et de l'impératif de suivi, piliers de tout traitement optimal des dossiers. Le travail quotidien en faisait les frais, au grand dam et à la grande démotivation des fonctionnaires. Rafik Abdessalem n'a aucun esprit de groupe et aucune disposition à la concertation et à la coordination sur le plan tant horizontale que verticale. Il a articulé toute sa gestion administrative sur une logique de népotisme, de copinage et de partialité. Coincé dans sa tour d'ivoire, dans sa logique clientéliste et son calcul excessivement partisan, il s'était isolé, a rompu les ponts avec le corps diplomatique, paralysant le processus de travail et le traitement des dossiers et alimentant encore plus la discorde et la grogne dans le Département.
En outre, Rafik Abdessalem adorait le voyage. Il s'en goinfrait jusqu'à la démesure. Il n'en ratait pas un, il en montait même de toutes pièces. Toujours focalisé sur la perspective de visiter un pays, n'importe lequel. Il attachait beaucoup plus d'importance aux arrangements de son séjour qu'aux dossiers de sa mission. Il était rarement à son bureau, toujours entre deux avions. Des confidences lui attribuent environ une centaine de mission à travers le monde, en moins de 14 mois. Bien sûr, un chef de la diplomatie est appelé, de par sa fonction, à effectuer de nombreux voyages, mais pas autant. Rafik Abdessalem a battu tous les records, dépassant de loin la fréquence et le budget alloué à ce registre, aux multiples rappels à l'ordre du ministère des finances. Durant son absence, et comme il tenait à tout centraliser et à tout contrôler, déclinant toute idée de déléguer une partie de ses attributions à ses Secrétaires d'Etat, des dossiers urgents non traités s'empilaient, des décisions importantes rataient le timing, des échéances diplomatiques étaient manquées, d'où blocage, dysfonctionnement et congestion.
2- Déficit de coordination verticale : De conflits d'attributions au bras de fer, de surenchères aux coups bas, entre le Président de la République et le Ministre des Affaires Etrangères, la diplomatie tunisienne a payé les pots cassés, a perdu de son lustre et de sa crédibilité. Et ce n'est qu'un secret de polichinelle de dire que la rupture a été longtemps consommée entre les deux hommes. Une course au leadership en matière diplomatique qui a longtemps sévi jusqu'à écœurer et démoraliser le corps diplomatique, un corps longtemps sans perspectives et ni certitudes, empêtré dans un climat de surtension, voire même de sédition. L'un et l'autre ont mené des initiatives et annoncé des positions, sans coordination conjointe préalable ni souci de parler d'une seule voix.
Les exemples illustratifs n'en manquent pas : Le traitement tunisien du dossier syrien est typique de cette cacophonie et de cette fâcheuse compétition, cette course mutuelle effrénée à se poser réciproquement des lapins. Devenue bicéphale, au niveau de l'Exécutif, tiraillée entre deux camps, la diplomatie tunisienne, dans son ensemble, a souffert de ses deux têtes et de l'absence d'un cap. La prolifération des positions non concertées et des initiatives personnelles sinon egocentriques a transformé la diplomatie tunisienne en pompier de service, en soubrette chargée de nettoyer les retombées fumeuses de la casse et de sauver un tant soi peu les apparences. Un problème d'attributions, compliqué par une guerre d'egos. Aussi bien le Président de la République et le Ministre des Affaires Etrangères sont tout autant responsables (coupables) de cet état de défiance, confusion et de déficience. La neutralité, supposée et réclamée, de la diplomatie tunisienne n'est plus qu'une feuille de vigne et l'arbre qui cache une forêt d'inepties et d'injustices.
3- Déchéance diplomatique : Otage d'un agenda incompatible avec les constantes de la diplomatie tunisienne et d'une méthode de gouvernance egocentrique, fragmentée, imprévisible et défaillante, l'appareil diplomatique a été désarticulé et arraché de ses piliers et déraciné de son terroir naturel. Le capital de crédibilité que des générations de diplomates ont accumulé, au prix de grands sacrifices, a été gaspillé en un tour de main. La politique extérieure a viré, dérivé et évolué contre nature. Les principes de modération, de concertation et de médiation ayant longtemps structuré la diplomatie tunisienne ont été relégués au profit d'une nouvelle approche qui se veut agissante mais qui n'est en fait qu'un levier de sous-traitance.
Jamais dans les annales diplomatiques, la Tunisie n'a renvoyé un ambassadeur ou accueilli une conférence hostile à un pays, qui plus est arabe. D'aucuns diraient qu'il s'agit là d'une nouvelle approche diplomatique, coupant avec les anciens réflexes. Cependant, la diplomatie a ses règles, ses pesanteurs, sa propre culture et son propre champ de mouvement. D'ailleurs, peut-on parler d'une nouvelle approche quand l'action est incompatible avec l'intérêt supérieur du pays ? Dans le dossier syrien, comme dans d'autres, la position tunisienne suintait le pétrole qatari et la posture de valet. Sur un autre plan, quel intérêt à condamner l'essai nucléaire de la Corée du Nord, un pays lointain, qui n'a brandi aucune menace contre la Tunisie. Pourquoi apporter son appui et choisir un camp, sans aucune contrepartie ni pressante sollicitation, et mettre le doigt dans un si funeste engrenage où les enjeux géopolitiques et économiques dépassent de loin notre pays?
Quel est l'enjeu pour la Tunisie de vouloir inscrire ses actions, d'une manière contreproductive et à contrenature, dans la guerre d'alliances et d'axes ? Pourquoi accepter ce rôle de porteur d'eau dans les courses au leadership et au pillage dont pâtit actuellement le monde ? La diplomatie est avant tout un exercice de proximité dont la dimension régionale est le premier vecteur. Il est contreproductif et politiquement hasardeux de prendre position sur un sujet controversé de l'agenda international sans prendre la peine de tâter le pouls des voisins, sans tenir en ligne de compte cet important élément. Aucun recul et aucune vision, rien que de grands écarts.
Trois cas de figure d'annonce précipitée et désarticulée, de haute densité régionale, pour illustrer le désordre, la courte vue et l'absence de coordination préalable caractérisant la politique extérieure tunisienne, sous la Troïka :
a- Le Sommet Maghrébin dont le président de la république a fait le clou de son mandat a malencontreusement capoté. Sans aucune coordination régionale préalable, les têtes pensantes de la diplomatie tunisienne ont annoncé des dates (Octobre puis Décembre 2012). Les Chefs d'Etat maghrébins n'ont pas trop apprécié le passage en force. Personne n'a goûté un tel fait accompli. Le Sommet, si cher à Moncef Marzouki, est donc renvoyé aux calendes grecques. L'effet d'annonce a pris le pas sur la tradition diplomatique, discréditant le pays et la présidence.
b- L'ouverture unilatérale des frontières tunisiennes au mouvement des personnes et des capitaux maghrébins a également foiré, pour les mêmes causes. Le gouvernement tunisien a annoncé cette mesure unilatérale sans même daigner procéder non seulement à une réflexion interne, groupant toutes les parties prenantes tunisiennes, mais notamment à des concertations préalables avec ses partenaires maghrébins.
c- La critique acerbe et incendiaire, à peine voilée, contre la monarchie marocaine, adressée par le président Moncef Marzouki, lors de son discours de la fête de la République, a failli tourner à l'incident diplomatique. Désinvolture et manque de tact, indignes d'un Chef d'Etat. Quand la fibre régionale fait défaut à un homme d'Etat, la crise n'est pas loin.
4- Cabinet Parallèle: Ecartant les diplomates de carrière, Rafik Abdessalem n'a juré que par son cabinet occulte, un quatuor à qui il a accordé de vastes pouvoirs et de larges privilèges, entachés d'abus et d'illégalité, au mépris de tout principe de mérite, de compétence ou d'équité. Souhaiel Chebbi, étrange et étranger à la diplomatie et à la gestion administrative, ramené de l'Institut National des Statistiques et bombardé N°2 de facto au Ministère, a fait la pluie et le beau temps. Manar Skandrani, Ridha Bousselmi et Laasad Kallel, tout aussi parachutés et profanes à la diplomatie, au passé plus que douteux, ont contribué au dépérissement du Département. Tout passait par eux, les dossiers tant professionnels qu'administratifs, mettant en otage diplomatie et diplomates.
Les quatre mousquetaires, garde rapprochée et hommes de confiance, de main ou de paille de Rafik Abdessalem, ont fait le tour du monde avec leur mentor, au frais bien sûr de la princesse. Un cinquième luron complète la bande, Hafedh B. (diplomate de carrière dont la fulgurante accession est redevable à son amitié avec Rafik Abdessalem avec qui il a fait ses études au Maroc). Au Ministère, on n'a pas manqué de l'affubler du sobriquet de « force 4″ car il a obtenu quatre promotions en quelques mois. Lui aussi se prend pour le nombril de l'univers ! « Les copains d'abord » comme chantait George Brassens.
Situation franchement ubuesque : Des diplomates expérimentés entièrement mis à l'écart au profit d'un cabinet parallèle, composé de personnes louches et incompétentes et bombardé au cœur professionnel et administratif du ministère. Le blocage n'a été que le résultat d'un tel fumeux choix. Tout le monde est conscient, sauf Rafik Abdessalem, que son cabinet occulte a été le premier responsable de sa débâcle et le premier facteur de discorde au sein du Département.
Aux dernières nouvelles, avant de quitter, vraisemblablement pour forcer la main à son successeur, garder un pied –à- terre et un relais, Rafik Abdessalem a reconduit le détachement de deux membres de son fameux cabinet occulte. Tout le Département grogne contre cette indue mesure. Le risque de réactions de contestation n'est pas à écarter. Il revient au nouveau ministre de désamorcer l'éventuelle crise. Ce sera son premier test, il y va de sa crédibilité et de son audience.
5- Règne du favoritisme : Le mouvement annuel des ambassadeurs, nettement marqué par le sceau du favoritisme et soumis au lobby politique, familial et régional, du moins en partie, a montré l'étendu à la fois de l'instrumentalisation et de la décrépitude de la diplomatie tunisienne. Les critères objectifs de compétence, de profil professionnel, d'ancienneté et de mérite ont cédé le pas à d'autres motifs basés sur l'inféodation idéologique, la loyauté personnelle et le lien parental.
- La Liste officielle d'ambassadeurs, rendue publique en Septembre 2012, outre qu'aucune femme n'en a fait partie, comportait des noms impliqués dans de graves affaires de mœurs et de corruption administrative ou politique que ni le Ministre des Affaires Etrangères ni le Président de la République n'ont éprouvé de scrupule à valider, au grand ahurissement des diplomates de carrière dont certaines compétences en ont été injustement exclues sans que des explications leur aient été données. Les mêmes pratiques de Ben Ali que le pouvoir en place, issu pourtant d'une révolution, a reprises à son compte sans vergogne ni justice. Le paradoxe est bien saisissant !
- Le Gouvernement Ali Laarayadh a prévu un mécanisme chargé de statuer sur les nominations anciennes et futures, dresser l'état des lieux et faire valoir ainsi les critères de compétence. Il sera juste et impératif que le comité en question planche, d'une manière objective, neutre et transparente, sur ladite liste d'ambassadeurs et reconsidère la désignation de certains noms impliqués dans de louches affaires et dont le dossier professionnel, moral, politique et administratif ou disciplinaire est encrassé de tant de délits et d'infractions. Il en est de même pour les membres du cabinet parallèle, si cher à Rafik Abdessalem.
6- Déficit de communication : Bien qu'il soit un véritable phénomène cathodique, se démenant à assiéger tous les supports médiatiques, Rafik Abdessalem, maniant pourtant bien l'outil oratoire, n'en reste pas moins un piètre communicateur. Etant entendu que la diarrhée verbale ne veut en aucun cas signifier bonne communication. La logique de fusible et de bouc émissaire a toujours constitué son premier réflexe. Dans cet exercice de communication, il a ramassé plein de casseroles. Sur le plan interne, la communication est réduite à plus simple expression. Autant dire qu'elle n'a jamais existé. Rafik Abdessalem a traité le département comme sa chasse gardée, presque comme héritage familial, donc indigne de le traiter en vis-à-vis de communication. Un butin à pomper beaucoup plus qu'une responsabilité publique à assumer.
Dans son esprit, la communication se réduisait au cirage de pompes. On ne devait parler que de lui et non de l'action diplomatique en elle-même. Il montait sur ses grands chevaux, éructant à tout va, si la couverture médiatique n'était pas comme il l'espérait. Les services compétents au Département, sous haute pression quotidienne, en voyaient de toutes les couleurs. Comme disait Talleyrand » Il croit qu'il devient sourd parce qu'il n'entend plus parler de lui » . Donc une communication personnalisée, sur commande, à la carte. Elle n'était rien que l'adulation excessive, le battage médiatique. En un mot, le culte de la personnalité.
Sur le plan externe, se foutant du devoir de réserve et de l'obligation de ne pas laver le linge interne en public, il n'en a fait qu'à sa tête, toujours friand de discréditer le corps diplomatique et de vouer les diplomates au lynchage médiatique et populaire. Il se tirait une balle dans le pied là où il croyait cartonner. Outre ses frasques en géographie, ses lapsus et ses facéties dont toute la Tunisie a fait des gorges chaudes, il a multiplié les sorties de route dont ci-après un échantillon :
- En Avril-Mai 2012, il a rappelé nombreux ambassadeurs dont certains sans aucune raison objective. Il a poussé l'arbitraire jusqu'à les accuser (en les nommant), sur des plateaux TV et Radio, de corruption sans étayer son réquisitoire de preuves tangibles.
- Pour se laver les mains de l'épineuse question de l'ouverture unilatérale des frontières tunisiennes, Rafik Abdessalem a infligé un blâme à son Secrétaire d'Etat, qui plus est via son compte Facebook sans que l'intéressé n'en ait été informé en premier lieu.
- Toujours sur sa page Facebook, Rafik Abdessalem n'a pas trouvé de gêne à adressé un avertissement à ses Secrétaires d'Etat, les priant de ne plus faire des déclarations aux médias sans le consulter au préalable.
- Dès l'ébruitement de l'affaire « Sheraton Gate », Rafik Abdessalem s'était mêlé les pinceaux en choisissant de publier un communiqué explicatif sur le site de son parti. Dès lors qu'il a été attaqué en tant que ministre, il devait réagir en tant que tel et non se cuirasser derrière le rempart partisan. Une bourde de communication à plus d'un titre.
Donc, au niveau aussi bien interne qu'externe, Rafik Abdessalem a montré toute l'étendue de sa médiocrité et de sa suffisance en matière de communication.
7- Prisme misogyne : La nature misogyne de Rafik Abdessalem saute aux yeux. Quand il s'agit de femme, il se limitait à un sommaire et non moins arbitraire traitement. Les exemples sont légions.
- Comme signalé ci-dessus, la liste d'ambassadeurs (22 postes), nommés en Septembre 2012, ne comportait aucune femme, comme si la compétence diplomatique est, pour lui, est une chasse gardée ou un domaine réservé de la gent masculine.
- Trois femmes ambassades (sur seulement cinq en poste) ont été rappelées, avant terme, il y a quelques mois, pour des raisons jusqu'ici obscures. Il n'a pas daigné recevoir ces femmes qui ont pourtant sollicité, à diverses reprises, une audience pour s'en défendre. De guerre lasse et désespoir de cause, certaines ont saisi le tribunal administratif contre Rafik Abdessalem.
- Lors de ses missions à l'étranger, et Dieu sait leur inflation, il est rare que Rafik Abdessalem consente à faire figurer une femme dans sa délégation. Et quand bien même il en advenait, c'était toujours à la tête du client. Il y en a même, parmi les femmes diplomates, qui étaient blacklistées et dont la simple évocation de leur nom le faisait sortir de ses gonds.
- L'affaire Zohra Ladgham, Chargé d'Affaires à Helsinki, dernière en date, en est édifiante à ce sujet. Rappelée illico presto suite à une dénonciation, au mépris des procédures administratives. Après avoir sanctionné lourdement, Rafik Abdessalem a diligenté une commission d'enquête à Helsinki pour examiner l'affaire et en faire rapport. Donc, il a massacré puis cherché le mobile après coup. En plus, il y a eu une confusion dans les mécanismes de sanction. Si une faute d'ordre professionnel était établie, il reviendrait au Conseil Central, convoqué à l'occasion en tant que Conseil de Discipline, de se prononcer. Donc, la décision unilatérale de Rafik Abdessalem ne brillait pas par sa légalité et sa justesse. Si par contre la faute est d'ordre pénal, la justice tunisienne n'est pas habilitée à statuer sur l'affaire, en vertu du principe « non extraterritorialité de la loi nationale ». Donc, en tout état de cause, l'affaire reste confinée dans sa sphère administrative et, à ce titre, relève uniquement de l'ordre procédural administratif.
Certes, d'autres aspects négatifs et non moins révoltants, de moindre portée, ont ponctué la gestion de Rafik Abdessalem, mais l'espace réservé à cet article ne peut contenir tous les abus. En un mot, imbu de sa personne, coincée dans sa bulle, inaccessible, incapable de discernement et imperméable à toute idée de dialogue ou de coordination, Rafik Abdessalem a miné la diplomatie tunisienne, horizontalement et verticalement, et en a sapé et discrédité le personnel. Tout bonnement, il a raté l'occasion de faire un bon Ministre des Affaires Etrangères, il en avait pourtant le profil, perdant ainsi son poste et grillant définitivement sa carrière politique. Nul doute que sur nombre de volets, la responsabilité de l'échec incombe également à la présidence de la république.
En conclusion, après l'éviction de Rafik Abdessalem, le Ministère des Affaires Etrangères a –t-il pour autant fini de manger son pain noir et commencé à rebrousser chemin pour se dépêtrer de ce carcan de déliquescence, d'abus et d'opacité dont il a été longtemps l'objet. Un grand et douloureux malaise mortifie aujourd'hui le Département et son personnel. A vue d'œil, la déchéance suinte à tous les niveaux (Administration, Statut, réglementation, infrastructure, stratégie, promotion, plan de carrière, mouvement diplomatique,...). Beaucoup d'espoirs sont fondés sur le nouveau chef de la diplomatie, enfant de la boite, pour remonter la pente et guérir un corps longtemps criblé de clivages, de disparités et d'injustices et dont les perspectives ne sont guère dégagées.


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