Le Caire a vécu des heures de très grande tension en ce dimanche après-midi, avec, notamment, un rassemblement massif pour réclamer la démission du président Mohamed Morsi, mais aussi des manifestations de ses partisans en ce jour du 1er anniversaire de sa prise de fonctions. Toute la journée, des manifestants ont convergé vers la place Tahrir, où des centaines de personnes avaient déjà passé la nuit. Les opposants ont planté des tentes et tendu des banderoles hostiles à Mohamed Morsi, en ce haut lieu symbolique de la révolte de janvier 2011. D'autres manifestants anti-Morsi se sont dirigés vers le palais présidentiel situé à Héliopolis, au Caire. Des rassemblements hostiles au président ont également eu lieu dans toutes les provinces. Dans l'autre camp, les partisans de Morsi défendent la «légitimité» du « premier président civil ». Les Frères musulmans, confrérie dont il est issu, appellent à une «mobilisation générale» pour appuyer le chef de l'Etat. Ces mobilisations rivales ont donné lieu à de nouvelles violences après des heurts en Alexandrie et dans les provinces du Delta du Nil entre manifestants pro et anti-Morsi qui ont fait huit morts depuis mercredi, dont un journaliste Américain. La police et l'armée ont été déployées pour protéger les établissements vitaux du pays en cas de graves dérapages. A l'origine des appels à manifester contre le président, depuis repris par l'opposition, se trouve Tamarrod (rébellion en arabe), un mouvement qui a revendiqué quelques 22 millions de signatures pour une pétition appelant à une présidentielle anticipée. D'un autre côté, les signes témoignant du ralliement des forces de la police et de l'armée, le rang des manifestants anti-Morsi se multiplient, depuis quelques heures. On a vu, ainsi, des hauts cadres de la police (Vidéo) scander des slogans anti-Morsi, appelant même le ministre de la défense à assumer ses responsabilités, et à prendre les commandes, lui assurant leur soutien inconditionnel. Selon une correspondante au Caire de la chaîne Al Jazeera, un dernier bilan fait état de quatre morts. Trois dans la province d'Assiout, un à Beni-Souef. Par ailleurs, une journaliste étrangère aurait été prise à parti par des manifestants, et violée dans les abords de la place Attahrir. Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur égyptien, 17 millions de personnes ont manifesté à travers le pays. Il s'agit «de la plus grande manifestation dans l'histoire de l'Egypte», a déclaré une source militaire.