Décidément, il n'y a pas de métier plus harassant et plus ingrat que celui de ministre du temps d'Ennahdha, surtout quand on est ministre d'Ennahdha, et qu'on gère les affaires de citoyens aussi ingrats que les tunisiens qui ne savent pas juger les gens à la valeur des sacrifices et des efforts qu'ils concèdent pour réussir dans leur travail et faire bénéficier les tunisiens de leur expertise chacun dans son département. Et pour confirmer ce que nous avançons, voilà la mésaventure qu'a vécue en ce deuxième jour de l'Aïd, notre Mohamed Ben Salem national, ministre de l'agriculture. Exténué par une saison agricole qu'il a eu beaucoup de mérite à faire réussir, contre vents et marées, et surtout contre les saboteurs de tous bords, et surtout, écœuré par les évènements qui secouent le pays, il n'avait vraiment pas la tête à s'amuser ni à profiter des largesses de ses connaissances, patrons d'hôtels, entre autres. Il a donc profité de ce répit donné par les fêtes, et par le fait que quelque part, les choses se sont certainement calmées et la crise que vit le gouvernement s'est certainement résolue, moyennant quoi ? allez savoir, il a donc profité de ce répit, pour aller se recueillir dans le calme et la quiétude d'un hôtel de renommée de Hammamet, dont l'enseigne affiche autant d'étoiles qu'une nuit d'aout. Il a, pour l'occasion, pris avec lui tout son petit monde et s'est loué un bungalow, hors de prix, en front de mer. C'est tout ce qu'il pouvait se permettre le pauvre, avec le salaire de misère pour lequel il ne cesse de subir campagne sur campagne. Mais voilà que ces tunisiens aussi ingrats qu'insolents, l'ont envié pour cette petite pause méditation, et l'ont accueilli par de tonitruants et assourdissants « dégage » dont ils ont le secret. Ils ont même osé dire qu'il était là à profiter de l'argent du peuple. Mais à la fin, trop c'est trop ! Et si lui, en pauvre serviteur du peuple, il pouvait comprendre et pardonner à ces pauvres « égarés », cela ne semble pas du tout être le cas de certains éléments de sa famille, qui se sont rués pour défendre l'honneur bafoué de Si Mohamed, et ils n'y ont pas été de main morte. Ils y sont carrément allés en force et en démolisseurs de mâchoires. Les clients de l'hôtel ont compris que malgré le prix qu'ils avaient payé pour profiter des espaces de l'hôtel, ils étaient devenus gênants. Certains se sont même empressés de quitter les lieux pour laisser le seigneur profiter d'un repos dûment mérité, et d'une méditation qui sera certainement, d'un grand apport pour l'essor de la Tunisie et de son agriculture.