Emblème de la révolution, à la pointe de tous les combats, la femme tunisienne célèbre aujourd'hui sa journée dans un contexte particulièrement tendu. Pour une supposée même cause, celle de la préservation des acquis de la femme tunisienne, modèle unique dans le monde arabe, et de la lutte contre le terrorisme, une manifestation et une contre manifestation sont organisées aujourd'hui dans ce qui s'apparente tout au plus à un bras de fer entre le pouvoir dirigé par le mouvement islamiste Ennahdha et l'opposition. Alors que le pays est plongée dans une grave crise politique dont il peine à voir le bout depuis l'assassinat, le 25 juillet, de l'opposant Mohamed Brahmi- Ennahdha se cantonnant dans ses positions et empêtrée dans un véritable dialogue de sourds, les femmes seront ce mardi en conclave et marqueront probablement le point d'orgue d'un combat qui s'est engagé depuis plus de 15 jours maintenant pour le « salut » de la Tunisie. Les unes à l'avenue Habib Bourguiba sont honorées par le mouvement Ennahdha dont les positions équivoques sur la « femme complémentaire de l'homme » avaient provoqué un tollé et souvent accusés de vouloir remettre en cause les acquis de la femme tunisienne. Les autres à la place du Bardo, épicentre du sit-in du « Départ » appelant à la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée Nationale Tunisienne. Promulgué par Habib Bourguiba en 1956 bien avant la révolution de Mai 68, le code du statut personnel donne à la femme tunisienne le statut le plus avancé du monde arabe. Tenues en dilemme par la prouesse du 13 août 2012, les femmes tunisiennes qui ont été en première ligne dans tous les combats seront peut être aujourd'hui la clé de voûte de la crise actuelle.