Le chef du gouvernement, Mehdi Jomâa a tenu aujourd'hui son premier grand oral. Un oral en forme d'une long entretien télévisé diffusé ce lundi soir sur la chaine « Al Watanya 1″ et Nessma Tv. Un exercice à haut risque si l'on considère qu'il avait vocation à dresser le véritable état des lieux de la situation sécuritaire et économique. Limpidité et vérité, tels étaient les maitres mots que le chef du gouvernement a voulu s'imposer tout au long de son entretien. Dire toute la vérité quitte à risquer l'impopularité. Mehdi Jomâa gouvernement était assigné à insuffler un esprit de sacrifices tout en préservant une légitimité consensuelle fragile, tributaire du soutien de toutes les parties et du respect de la feuille de route. Mehdi Jomâa a ainsi développé son intervention en trois points clefs : l'organisation des élections, la sécurité et l'économie car plus encore que ses prédécesseurs, Jomâa avait conscience que le délai de grâce dont il dispose risque d'être épuisé au plus vite. Appelé à assurer un climat propice pour les prochaines élections, Mehdi Jomâa devait s'attaquer de front aux réformes inhérentes à leur transparence. Un climat paisible: Révision des nominations partisanes: Première des exigences, la révision des nominations partisanes laissait à désirer, ont laissé entendre certains. S'expliquant, le chef du gouvernement a affirmé qu'il a entamé par une évaluation de la situation et a ensuite opéré les premiers mouvements dans le corps des gouverneurs. 18 nouveaux gouverneurs ont été récemment été nommés sur la base de la neutralité, la compétence et l'intégrité, a déclaré Mehdi Jomâa précisant l'extension de ces mouvements aux délégués. « Afin qu'aucun doute ne puisse entacher la transparence des élections, le neutralité des administrations est impérative et j'y veillerai » a-t-il souligné. Dissolution des ligues de la protection de la révolution: « La loi sera appliqué » a tranché Mehdi Jomâa. « Nous avons une loi qui réglemente les activités des associations et celles impliquées dans des dépassements ou ayant enfreint la loi seront jugées » a ajouté le chef du gouvernement précisant que le ministère public sera désormais en première ligne. Il a cité à cet égard les dernières arrestations opérées au Kram. Neutralisation des mosquées: « Les mosquées sont un lieu de culte et non un espace de propagande » a affirmé le chef du gouvernement soulignant que parmi les 149 mosquées qui échappent au contrôle de l'Etat, neuf ont d'ores et déjà été reprises. Sécurité: une relative amélioration : Le chef du gouvernement s'est félicité de l'amélioration de la situation sécuritaire et du rétablissement de la confiance entre les forces de l'ordre et des citoyens. « Nous avons enregistré une avancée dans les opérations de renseignement et la coordination entre l'armée et la sécurité. Toutefois la bataille pour l'éradication de ce fléau n'est pas encore gagné et nous devons nous attendre à d'autres attaques ». Jomâa a évoqué dans ce sens la bombe à retardement du retour des jihadistes en Syrie. Concédant qu'il n'est pas en possession du chiffre exact- environ 400 djihadistes- le chef du gouvernement a affirmé s'imprégner des méthodes algérienne et marocaine ayant déjà démontré leur efficacité dans la lutte contre ce phénomène. Il a en outre assuré se pencher sur une collaboration stratégique avec les Etats-Unis dans ce domaine. Le chef du gouvernement a tenu, par ailleurs, à infirmer les rumeurs sur la présence de troupes militaires américaines sur les frontières tuniso-algériennes. Economie: Gel du recrutement dans la fonction publique: « La réalité économique est plus difficile que nous l'avons prévu ». D'emblée, le chef du gouvernement a annoncé la couleur. Un surendettement frôlant les 50% du PIB, des investissements en chute, un déséquilibre fiscal, l'économie du pays est au bord du gouffre. Le chef du gouvernement a annoncé qu'il se retrouve avec un manque à compenser de 4 milliards de dinars dans le budget de l'Etat. « Tous mes efforts seront concentrés à lever des emprunts auprès de nos bailleurs de fonds » a indiqué Mehdi Jomâa et d'avancer que le prêt du FMI était avant tout destiné à renflouer les caisses. « Les réformes structurelles sont indispensables, le dialogue économique et social les définira mais il n' y aura pas de nouveaux recrutements dans la fonction publique à l'horizon 2014″ a martelé Jomâa. « La Tunisie doit se remettre au travail et nous pouvons gagner la bataille ». Le chef du gouvernement a voulu conclure sur une note d'optimisme et de confiance dans la détermination du peuple tunisien à relever tous les obstacles qui heurteront la bonne marche de leur démocratie naissante.