Plus que tout autre champ de drame, le bourbier syrien semble inspirer et faire monter sur ses grands chevaux notre cher et non moins coûteux chef d'Etat provisoire. Après avoir permis et pris part, en grande pompe, à Tunis, à la rencontre de l'opposition syrienne, après avoir rompu les relations diplomatique avec ce pays frère, après avoir accepté que la terre tunisienne accueille la première conférence des « amis du peuple syrien » au cours de laquelle le CNS a été bombardé unique représentant de la Syrie, après avoir offert l'asile à Bacchar Assad, allant jusqu'à demander à la Russie d'en faire de même, ce qui lui a valu un cinglant jet de bois vert de la part du Kremlin, voilà qu'aujourd'hui , au Koweït, en marge du Sommet de la Ligue des Etats Arabes, le « prisonnier de Carthage », sur sa funeste lancée, a non seulement rencontre Ahmed Al Jarbaa, chef de la coalition d'opposition syrienne mais notamment en a invité une délégation à Tunis pour examiner les moyens de renforcer la coopération et la coordination. D'abord, de quel type de coopération et de coordination est-il question ? Implicitement, ceci laisse comprendre que la Tunisie est disposée à soutenir l'opposition sur le plan politique, voire même matériel. On dirait que notre président (heureusement provisoire) de la république traite avec un chef d'Etat ou de gouvernement sur des questions d'investissement et d'échange commercial. N'est ce pas là un acte d'ingérence dans les affaires interne d'un pays, qui plus est frère ?? En se la jouant Tsar des Droits de l'Homme, Moncef Marzouki a-t-il à l'esprit que des centaines de tunisiens croupissent dans les prisons syriennes, outre les familles tunisiennes qui vivent dans des conditions atroce de dénuement et d'insécurité, à la merci des hommes du pouvoir comme des rebelles. Ensuite, en rencontrant officiellement ledit Ahmed Al Jarba, Moncef Marzouki soupçonne t-il une seconde qu'il se place à contre-pied de l'action gouvernementale et en torpille la nouvelle politique d'ouverture envers la Syrie. En termes diplomatiques, sur le dossier syrien, la Tunisie parle de deux voix : D'une part, le gouvernement qui a promis d'ouvrir un bureau à Damas pour gérer les intérêts de la Tunisie, notamment de sa colonie. Et d'autre part, la présidence qui planche sur la coopération et l'accueil à Tunis de la coalition d'opposition syrienne, outre qu'il a exprimé toute sa satisfaction de voir le siège syrien à la Ligue arabe attribué à la coalition d'opposition. Une diplomatie à géométrie variable, tout au discrédit de la Tunisie et de sa politique extérieur. Enfin, c'est quand même étrange et non moins grotesque que Moncef Marzouki n'ait pas compris jusqu'à maintenant qu'il n'y a pas une opposition en Syrie mais des oppositions dont la ligne, la stratégie, la politique d'alliance et le déploiement sont bien divergents sinon complètement antagoniques, sans compter leur rivalité souvent meurtrière sur le terrain et leur dispersion sur la scène international. Donc, notre chef d'Etat a privilégié une faction au détriment d'autres.