L'ancien conseiller du président de la République, Aziz Krichèn, a livré son analyse des résultats des élections législatives et esquissé le rapport de forces qui en découle et dont dépendra, majoritairement, l'équation du deuxième tour de l'élection présidentielle. Il a prédit une défaite cuisante du président sortant, Moncef Marzouki, estimant qu'il sera lâché par son principal allié, Ennahdha, pour des raisons stratégiques et tactiques. Livrant d'abord sa lecture des résultats des élections législatives, Aziz Krichèn, a affirmé qu'il en « fait une bonne lecture » « Le paysage politique partisan a enfin commencé à se clarifier et s'équilibrer. C'est une bonne chose pour tout le monde. C'est une bonne chose pour Nahdha, qui ne peut plus se laisser aller à ses penchants hégémoniques. C'est une bonne chose pour Nidaa Tounes qui, même s'il est arrivé en tête et même s'il le voulait, ne pourrait pas se permettre de reproduire les pratiques d'exclusion de l'ancien régime », estime-t-il. Disséquant la bataille du deuxième tour de l'élection présidentielle, Aziz Krichèn a jugé que l'affaire parait mal engagée pour le candidat, Moncef Marzouki. D'abord, par l'enlisement de son discours alors que la logique du deuxième impose au candidat de fédérer bien au-delà de son camp et de jouer sur l'unité. Or « l'espèce d'agressivité frénétique dans laquelle le candidat sortant s'est jeté n'a aucune chance de succès » avance Krichèn. Ensuite, par le rapport de forces qui semble déjà ancré pour les cinq prochaines années et où le président sortant ne représente qu'une infime équation. Au détour de son article, Aziz Krichèn lâche que pour éviter le scénario d'une élection au premier tour de Béji Caïd Essebsi signifiant, de facto, son effritement, Ennahdha a mobilisé ses troupes en faveur de Moncef Marzouki. Aujourd'hui qu'elle se trouve condamnée à un compromis et à une cohabitation avec Nidaa Tounès, parti détenant les principaux leviers du pouvoir, Ennahdha sera, contrainte à lâcher son dernier allié. De fait, affirme Kichène, « le lâchage a commencé » et il ira crescendo. Par conséquent, Marzouki se trouvera isolé, « livré à lui-même », assène Krichène. « Il sera battu et bien battu. Et il passera à la trappe, comme ses anciens compagnons piteusement éliminés au premier tour. Sauf que sa chute sera sans doute plus douloureuse que la leur, car il tombera de plus haut », conclut-t-il.