Les enseignants du secondaire entament, mardi 17 février, une grève générale qui se prolongera jusqu'au mercredi 18 février. Intervenant sur fond de l'échec des négociations initiées avec le ministère de l'Education, cette grève sera observée sur l'ensemble du territoire tunisien. Les négociations semblaient dans l'impasse hier à l'issue d'une nouvelle réunion entre le syndicat et l'autorité de tutelle. Entre le moratoire demandé par le ministère sur les revendications exprimées par le syndicat et l'intransigeance de ce dernier, un nouvelle passe d'armes est à craindre. Les négociations piétinent sur les augmentations salariales. Le Syndicat Général de l'Enseignement secondaire a menacé de recourir au boycott des examens du deuxième trimestre si ses requêtes ne sont pas satisfaites. Pendant ce verrouillage, le nouveau ministre de l'Education, Neji Jalloul, entend lever les vrais blocages de l'enseignement. Figé dans une posture d'opposition et d'intransigeance, le syndicat de l'Enseignement résume sa quête autour des doléances financières. S'il est vrai que l'objet de son courroux dépasse largement ce cadre, les revendications financières exprimées par le syndicat semble aujourd'hui cristalliser l'attention au point d'occulter les maux qui frappent de plein fouet l'éducation nationale. Le décrochage, les inégalités croissantes, la violence dans le milieu scolaire, la difficulté d'accès à la culture ou encore la pénurie d'équipements dans les écoles. Autant de dossiers de première urgence qui demeurent sacrifiés à l'autel d'autres revendications, qui aussi légitimes soit-elles, ne doivent pas affecter l'inévitable reconquête dont l'école doit faire l'objet. Chargé de trop de maux, l'école doit aujourd'hui se parer à la menace qui guette notre société. On charge l'école de prémunir les générations futures contre le fléau de l'extrémisme, de transmettre des valeurs et d'esquisser la vision sociale tout en remettant en marche l'ascenseur social. Telle qu'elle est tenue aujourd'hui, l'école ne permet pas de répondre à ces exigences. Et même si elle tente de survivre, elle doit être revue de fond en comble et dotée de moyens à la hauteur de la charge qu'on lui attribue. A travers l'esprit d'initiative et la culture d'innovation, le nouveau ministre de l'Education veut faire de l'éducation sa nouvelle bataille. Il ne renie pas les acquis mais insiste sur les nouveaux défis. Il a déjà fait savoir que son action se concentrera autour de quatre piliers : -Le rétablissement de la cantine et de l'office des œuvres scolaires. -La généralisation des collèges et lycées pilote à tous les gouvernorats -La généralisation du numérique - L'amélioration des infrastructures scolaires. Par le rétablissement de la cantine dès l'année prochaine, le ministre espère alléger le poids pesant sur les directeurs et inspecteurs qui pourront alors s'atteler à l'aspect pédagogique. La généralisation des collèges et lycées pilote a pour objectif de renouer avec la culture de l'élite, de faciliter l'accès au savoir et de réduire les inégalités. Au cours d'une récente intervention, Neji Jelloul a affirmé que chaque parcelle du pays doit se doter d'un collège ou lycée pilote. Quant à la généralisation du numérique, elle s'inscrit dans le même sillon de la lutte contre le décrochage et les inégalités en se dotant d'un outil correspondant à la teneur du défi. Enfin, l'amélioration des infrastructures scolaires concourt à en finir avec cette pénurie d'équipement qui mine les écoles supposées représenter le visage de la société.