L'ancien gouverneur de la Banque centrale a mis en garde contre le spectre d'une crise politique de grande ampleur si l'initiative présidentielle venait à échouer. Il y a ceux qui ont salué, avec un optimisme béat, l'initiative de formation d'un gouvernement d'Union nationale et ceux qui, plus sceptiques, ont laissé entrevoir quelques réserves sur cette entreprise. Tel est le cas de l'ancien gouverneur de la Banque centrale, Mustapha Kamel Nabli, s'il reconnaît à l'initiative présidentielle l'effet d'un électrochoc pouvant largement contribuer à un redressement collectif, MKN avertit contre des signes avant-coureurs d'une crise politique de grande ampleur si le gouvernement d'Union nationale venait à échouer. Dans un entretien accordé, jeudi, au journal « Assabah », l'ancien gouverneur de la Banque centrale s'interroge sur l'alternative réelle que constitue le changement du chef du gouvernement: « Ne valait-il pas mieux réorganiser et réorienter les priorités du gouvernement », s'interroge MKN. « Fort du concours d'une grande volonté politique, le gouvernement aurait pris le mal à la racine en s'attaquant de plein fouet à ce qui mine fortement l'autorité de l'état », s'insurge MKN en énumérant les nombreux défis auxquels le prochain gouvernement doit s'atteler. La lutte contre le terrorisme, l'économie informelle, la corruption et le népotisme sont autant d'épines qui menacent fortement l'action du prochain gouvernement s'il se heurtait aux mêmes entraves que le précédent, ajoute-il. L'ancien gouverneur de la BCT souligne, également, l'hypothèse d'un scénario de grande crise pouvant conduire à la dissolution du parlement et à des élections anticipées si le prochain gouvernement de Youssef Chahed peinait à trouver des alternatives. Plusieurs observateurs se sont interrogés si le gouvernement actuel n'a pas été sacrifié sur l'autel de la crise du parti vainqueur des élections législatives, Nidaa Tounès. Plus qu'un exercice de contrition, le vote de confiance demandé par Habib Essid s'est avéré être une véritable plaidoirie en sa faveur. Dès lors, il convient de se demander si l'initiative présidentielle n'avait pas pour unique objectif de remettre de l'ordre au sein de la maison Nidaa, décimée par les querelles fratricides et l'excès de zèle d'un fils à qui on prête une certaine outrance dans les velléités et les ambitions. L'ancien gouverneur de la BCT a jugé que la crise de Nidaa Tounès a gagné le sommet de l'état et mis à mal l'autorité de Habib Essid, dont les relations avec Nidaa Tounès vacillaient à plus d'un égard. Sollicité pour présenter sa vision à une sortie de crise, Mustapha Kamel Nabli préconise une dose non négligeable de volonté politique. « Nous souffrons d'une absence de volonté, affirme MKN faisant remarquer, sans ambages, que la sortie de sortie nécessitera une audace et une capacité à faire des choix douloureux voire même impopulaires. Réformer l'administration, la justice, le système bancaire et fiscal et assainir le climat des affaires sont des choix indispensables, souligne l'ancien gouverneur de la BCT exhortant, par la même occasion, à approfondir le dialogue social et à rationnaliser les dépenses.