Les nouvelles qui parviennent depuis quelques heures de la ville de Kasserine ne sont guère rassurantes et évoquent de trop douloureux souvenirs qui remontent à la même période d'il y a six ans. Les nouvelles font état d'affrontements soutenus entre des protestataires et les forces de l'ordre qui essaient de les repousser pour les éloigner des institutions et édifices publics. Certaines sources parlent, même, d'un relatif retrait des forces de l'ordre de l'épicentre des protestations, au niveau de l'entrée de la Cité Ennour, avec prise de position des soldats de l'armée nationale pour garder les administrations et les édifices public. Les heurts ont commencé quand de simples manifestations, au début pacifiques, des ouvriers des chantiers, ont dégénéré avec intervention de casseurs qui ont mis le feu à des pneumatiques et bloqué les voies principales reliant la Cité Ennour à la ville de Kasserine. Puis les manifestants s'en sont, soudain, pris à la fourrière municipale en forçant son portail et en la dévalisant, emportant les motos qui y étaient saisies, de même qu'une voiture, apparemment de luxe, saisie le jour même chez un contrebandier notoire, qui est revenu avec les manifestants pour la récupérer, ce soir. Par ailleurs, et au même moment des incidents, en tous points, similaires, ont éclaté à Jendouba, profitant du mouvement social enclenché ce matin par les ouvriers des chantiers, et aboutissant aux mêmes troubles avec les mêmes affrontements avec les forces de l'ordre. Pendant ce temps, des témoins dans la région du Kef font état d'un large dispositif sécuritaire qui s'est mis en place depuis les premières heures de l'après midi bloquant les accès vers la frontière algérienne, notamment au niveau de Sakiet Sidi Youssef et Kalaât Senan. Donc, en résumé, çà commence à bouger, assez sérieusement, dans les régions tunisiennes limitrophes de l'Algérie, pratiquement le long de la frontière, et ce, sans aucune raison évidente valable, et de façon, on serait tenté de dire, coordonnée. Et cela se passe, curieusement, de façon concomitante avec un début de mouvements sociaux en Algérie, prétextant un rejet de la loi de finances de 2017. Sachant que la première réaction des autorités algériennes à ces mouvements a été de renforcer la sécurité, sur ses frontières avec la Tunisie, justement. Ou, alors, serait-ce qu'une pure coïncidence ?