La salle du 60ème (deuxième grande salle du Festival de Cannes) était comble hier lors de la projection du long métrage documentaire du réalisateur tunisien Mourad Ben Cheikh “Plus jamais peur”, inscrit à la sélection officielle de la 64ème édition du festival qui prend fin demain soir. La projection s'est déroulée en présence de Thierry Frémaux, Délégué général du Festival, du producteur tunisien Tarak Ben Ammar, du Vice-président de la Chambre syndicale des producteurs de films, Lotfi Layouni, ainsi que du jury de la “Caméra d'Or” et de plusieurs personnalités du monde du septième art et des médias. Avant la projection, M. Frémaux s'est, au nom du Comité de direction du Festival, déclaré honoré du retour du cinéma tunisien à la sélection officielle à travers une oeuvre témoin de la plus impressionnante réalisation du peuple tunisien”. Dans ce sens, il a, dans une déclaration à la TAP, précisé que le choix de ce film procédait également de la qualité de l'oeuvre et de la réussite du réalisateur à décliner, en une heure, toute une révolution et à porter sa caméra pour filmer ces événements à partir d'angles divers que tout le monde n'a pu voir à travers les news”. Pour l'auteur de l'œuvre et son producteur Habib Attia (Ciné téléfilms), cette participation est le fruit de leurs efforts et un cadeau qu'ils offrent à la Tunisie en cette période de reconstruction et de démocratisation. “J'espère que ce retour sera de bonne augure pour le cinéma tunisien afin de reprendre de plus belle et se positionner comme il se doit dans les manifestations internationales”, ajoute Mourad Ben Cheikh. Bien que ce film soit en compétition pour la Caméra d'or, le réalisateur s'est contenté de dire en toute modestie “Ma participation avec ce film sur la révolution tunisienne est pour moi la plus grande récompense”. Les images de “Plus jamais peur” commencent par le départ de Ben Ali pour raconter durant une heure 12 minutes, et à travers les témoignages de l'opposante et avocate Radhia Nasraoui, la blogueuse Lina Ben Mhenni et le journaliste Karem Chérif, la souffrance d'un peuple de la dictature et de l'injustice qui ont perduré plus de deux décennies. “Je crois que le film apporte surtout des éclairages sur les dessous de cette révolution : ce qui a provoqué cette révolution et les raisons pour lesquelles le peuple a insisté pour le départ de Ben Ali” commente une journaliste du journal électronique Africk.com. Mourad Ben Cheikh (47 ans) a fait des études de Beaux-arts avant de se lancer dans le cinéma en Belgique. Il a à son actif plusieurs séries documentaires dont “Le cinéma dans les pays arabes” (1997) et “Histoire en Méditerranée” (2007). Il a réalisé deux courts métrages “Pâtre des étoiles” et “Une saison entre enfer et paradis”.