Le Lagocephalus Sceleratus nommé aussi poisson « lapin », un poisson toxique et dangereux, se multiplie à un rythme rapide en Méditerranée. La Tunisie a détecté cette espèce fin 2010. Selon le dr.Ridha M'Rrabet, directeur général de l'Institut National des Sciences et des Technologie de la Mer (INSTM), au Centre La Goulette : « le lagocephalus sceleratus, est un poisson ayant une glande qui contient un poison, il peut atteindre une longueur de 110 cm (taille ordinaire 40 cm) et un poids allant jusqu'à 7kg. Il est passé en Méditerranée via le canal de Suez. Cependant, ces derniers jours, on a trouvé cette espèce dans la mer tunisienne et précisément au large de Gabès. Nous avons rapidement alerté les pêcheurs par des communiqués ». « On a avisé les pêcheurs, surtout que les consommateurs ne savent pas de quelle manière on prépare ce type de poisson », a t-il ajouté. Selon les chercheurs, le lagocephalus sceleratus, est un poisson dangereux pour l'être humain car il contient un poison très puissant qui est la tétrodotoxine. C'est une toxine isolée pour la première fois en 1909, et présente chez certaines espèces de poisson, les tétraodons. Cette espèce est aussi appelée poisson Fugu. Le poison a aussi été isolé dans d'autres espèces incluant le triton de Californie, le poisson-perroquet, certaines grenouilles, certains crabes, chez le poulpe à anneaux bleus. M.Najmeddine Baradai, le directeur du laboratoire de biodiversité biologique et de la biotechnologie maritime à Sfax a précisé : « Ce type de poissons se trouve notamment en Lybie. En Tunisie il a été découvert pour la première fois en décembre 2010 dans le Golfe de Gabès, mais nous avons été avisés en 2008 par une correspondance du ministère des Affaires étrangères ». En collaboration avec l'Agence de Vulgarisation et de Formation Agricole (AVFA), le laboratoire a mené une campagne de sensibilisation par la distribution d'affiches auprès des marins-pêcheurs. M. Najmeddine souligne : « Les affiches contiennent les photos de ce poisson, sa couleur, sa taille et son poids ». Cette espèce meurtrière se trouve, notamment, au large des îles grecques de Rhodes, Symi et la Crète. C'est un poisson verdâtre avec des points noirs qui présente une bande argentée sur les flancs. Deux décès ont été constatés suite à l'ingestion de ce poisson dans le bassin méditerranéen. Le dr.Ridha M'Rrabet, a précisé : « nous avons pris de grandes précautions car, même si nous avons identifié un seul poisson au large de Gabès et bien qu'il ne vive pas en essaim, il trouvera dans nos mers un milieu idéal pour vivre et se reproduire ». Aucune procédure ne peut prévenir l'invasion de ces espèces dans cette période de réchauffement planétaire parce qu'ils sont à l'origine adaptés à la chaleur. Plusieurs scientifiques évoquent un réchauffement moyen de l'eau méditerranéenne de l'ordre d'un degré au cours de la décennie passée. « Malheureusement, nous sommes contraints à mener des campagnes de sensibilisation car nous ne pouvons pas intervenir, sans risque, dans la biodiversité et le fragile écosystème de la mer », a ajouté le dr.Ridha.