La droite et l'extrême droite entendaient sabrer les Accords de 1968 qui avaient permis à la France et à l'Algérie de pacifier leurs relations après une guerre sanglante qui a laissé des traces. Le projet de loi défendu au Parlement français par la droite – Les Républicains – fut un cuisant échec. Le leader de la France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon en a rajouté à la rancoeur de la députée Michèle Tabarot et compagnie… Le trublion de la gauche, depuis le Maroc, n'avait pas hésité à dire ses vérités aux Français après les bisbilles autour de l'aide d'urgence suite au séisme du 8 septembre dernier ; cette fois il s'est saisi de la question algérienne qui passionne toujours autant en France. Mélenchon a pis les pieds dans le plat dans un entretien avec le journal Orient XXI. "En France, il y a toujours des rancœurs enfouies. La guerre d'Algérie a constitué un fonds d'autant plus pénible à vivre pour les Français que leurs dirigeants avaient renié les valeurs et les principes au nom desquels ils prétendaient agir", a dit le politicien. Il a ajouté : "sortant de l'occupation, dès mai 1945, on bombarde Sétif ! Et ensuite il a fallu attendre 1999 pour reconnaître qu'il s'agissait d'une guerre et non d'une opération de police (…). Qu'avons-nous fait ? Qui l'a fait ? Qu'aurait-on dû faire ? Dans quelles conditions (…). Jamais, on n'aura pu expurger les atrocités commises aussi bien en Algérie que dans l'Hexagone. Le Maghreb et l'Algérie n'ont jamais cessé d'être une rancœur française enfouie. Pourtant, aujourd'hui 35% de la jeunesse de notre pays reste affectivement liée à l'Algérie par ses parents, ses grands-parents, son présent, sa binationalité ou son couple. Mais combien d'anciens ont encore du mal à cicatriser... !". "Cicatriser"… Quand et comment ? C'est toute la question. Les 89 députés de Marine Le Pen – le Rassemblement national – avaient annoncé la couleur dès la première séance de la législature à l'Assemblée nationale en faisant l'apologie de l'Algérie française. L'occupation a duré de 1830 à 1962 et s'est achevée dans la douleur, avec des tragédies et drames humains des deux côtés. Mais il y a les faits et il y a ce que l'histoire en fait, ce que les hommes en font. Et en France ça prend une tournure qui malmène "l'apaisement" pour lequel s'active le président Emmanuel Macron… Les théories du Front national – l'ancêtre du Rassemblement national – ont tellement infusé que même l'ancien Premier ministre de Macron Edouard Philippe appelle ouvertement à enterrer les Accords de 1968. Bien entendu le chef de l'Etat et sa majorité sont montés au front pour dénoncer cette hystérie qui gagne du terrain. Le texte de la droite a fait un flop au Parlement mais la messe n'est pas dite au regard des sondages qui font de Marine Le Pen la femme de la situation dans un proche avenir. Enfin, si elle survit à ses déboires judiciaires…
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