TUNIS (TAP) - Le tribunal militaire permanent de première instance de Tunis a décidé, à la demande de la défense, le report au 3 janvier 2012 de l'affaire des martyrs et blessés de la révolution pour le district du Grand Tunis et les gouvernorats de Bizerte, Nabeul, Sousse et Zaghouan. Le juge a entendu, au cours de l'audience de l'après-midi, l'ancien ministre de l'Intérieur Rafik Haj Kacem et l'ancien directeur général des brigades d'intervention (BOP) Jalel Boudriga, qui ont nié toute responsabilité dans les incidents survenus lors de la révolution. Ils ont également nié avoir eu connaissance de l'existence des snipers (tireurs d'élite). Rafik Belhaj Kacem, ministre de l'Intérieur de novembre 2004 au 12 janvier 2011, a maintenu ses déclarations et affirmé qu'il n'était pas un responsable sécuritaire de terrain. Il a ainsi démenti les propos du Commandant de la garde nationale à l'époque des faits qui avait affirmé dans son témoignage que "Rafik Bel Haj Kacem était cruel et intervenait sur tous les détails de l'action sécuritaire" et qu'il était "en contact direct avec les directeurs généraux des unités de la sécurité intérieure". Belhaj Kacem a nié, également, toute part de responsabilité dans la mort de citoyens durant cette période, affirmant qu'il a « oeuvré sans relâche » pour empêcher les forces de sécurité de faire usage de balles réelles. Jalel Boudriga, directeur général des BOP entre le 29 août 2008 et 21 janvier 2011, a pour sa part indiqué que les forces opérant sous ses ordres manquaient d'équipements nécessaires pour disperser les manifestants, en particulier les canons à eau et les bombes lacrymogènes. Il a, aussi, nié que des snipers aient été entraînés parmi les BOP. "Seule la brigade anti-terroriste est entraînée au tir d'élite, outre quelques éléments de la garde présidentielle", a-t-il indiqué sans porter d'accusations. Boudriga a nié avoir donné des ordres pour tuer les manifestants dans les débuts de la révolution, précisant que le l'usage des balles réelles a été opéré sans ordre écrit. Le juge Hédi Ayari a reçu des demandes de libération de plusieurs accusés, dont l'ancien directeur général de la sûreté publique Lotfi Zouaoui et l'ancien directeur de la sûreté nationale Adel Tiouiri. L'affaire en question concerne les événements survenus dans les gouvernorats de Tunis, Manouba, Ben-Arous, Ariana, Zaghouan, Bizerte, Nabeul, Sousse et Monastir entre le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011, où les mouvements de protestation ont été réprimés par balles réelles faisant 42 morts et 97 blessés. Le nombre total d'accusés dans cette affaire est de 43, dont Zine El Abidine Ben Ali, deux anciens ministres de l'Intérieur et des membres des forces de la sûreté intérieure de divers grades et titres.