TUNIS (TAP) - «Toute expérience transitoire a ses propres spécificités qui doivent être prises en considération lors de la mise en place des mécanismes de justice transitionnelle», a indiqué, mercredi, le représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) Mohammed Belhocine. S'exprimant lors d'une conférence sur le thème « La justice transitionnelle en Tunisie : Pour un processus participatif et consensuel », M. Belhocine a estimé que les victimes de l'ancien régime doivent contribuer à la mise au point de ces mécanismes afin qu'ils prennent conscience de leur contribution au processus de justice transitionnelle qui, a-t-il dit, « ne peut être consacrée en l'absence de l'établissement des faits, du dialogue social et de la réconciliation ». Pour le ministre des droits de l'Homme et de la justice transitionnelle et porte-parole officiel du gouvernement Samir Dilou, la consécration de la justice transitionnelle ne dépend pas uniquement de l'article 24 de la Loi organisant les pouvoirs publics provisoires, mais elle est aussi tributaire de la sensibilisation quant à l'importance du maintien de la stabilité et de la baisse de la tension. « Le ministère prend en considération les propositions et recommandations des différentes composantes de la société civile à ce sujet ainsi que les avis de certains victimes et anciens détenus », a-t-il ajouté. Quant au chef de bureau du haut commissariat aux Droits de l'Homme à Tunis (HCDH) Mazen Shaquoura, il a rendu hommage à la Tunisie pour son engagement à instaurer un dispositif institutionnel, législatif et réformateur pour favoriser le processus de justice transitionnelle. La société civile, a-t-il relevé, constitue une force d'impulsion à même de permettre de contribuer à l'instauration de la justice transitionnelle, à travers ses propositions et initiatives constructives, la mise en place de réseaux et le développement de partenariat avec les structures de l'Organisation des Nations Unies. Selon le directeur du centre « Al-Kawakibi » pour la transition démocratique Mohsen Marzouk, la justice transitionnelle ne signifie point « la justice des vainqueurs » ou « la justice vindicative » mais elle signifie « la réédification de l'identité nationale », à travers la réconciliation et la consécration des valeurs de la sublime religion de l'Islam fondées sur le pardon, l'indulgence, la tolérance, et la compassion. De son côté, le Président du Forum « El-Jahedh » Slaheddine Jourchi a souligné la nécessité de réussir l'adéquation entre la demande d'éclaircissement et la réconciliation, à travers la consécration de la justice sans pour autant agir par vengeance. Participent aux travaux de cette conférence qui se poursuivra pendant deux jours, des représentants du programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), des organisations et associations opérant dans le domaine des droits de l'Homme, ainsi que des experts en droit et justice transitionnelle.