MONASTIR (TAP)- L'ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi a affirmé que la consécration du processus démocratique en cette étape transitoire est une responsabilité commune qui exige l'élargissement de la représentation du Gouvernement, afin que le peuple entier puisse contribuer à la réussite de l'expérience démocratique en Tunisie. Présidant, samedi, à la salle omnisports de Monastir, une conférence nationale, placée sous le signe "Appel à la nation" et organisée par l'Association nationale de la pensée bourguibiste, l'ancien premier ministre a appelé à réunir les meilleures conditions pour assurer l'alternance au pouvoir et à oeuvrer à garantir l'équilibre sur la scène politique tunisienne. Au cours de cette conférence qui a été marquée par une présence massive de milliers de citoyens et d'un grand nombre de représentants de partis politiques et d'organisations, M. Béji Caïd Essebsi a, également, appelé à fixer une date claire pour les prochaines élections, insistant sur l'impératif à ce que l'Assemblée nationale constituante se hâte de préparer la nouvelle loi électorale, en plus de la mise sur pied d'une commission chargée de la préparation des prochaines élections. Il a, à cet égard, rappelé l'accord conclu avant les dernières élections entre le gouvernement qu'il présidait et le reste des acteurs politiques, à propos de l'organisation des élections présidentielles dans un délai maximum d'une année. L'ancien premier ministre a, d'autre part, proposé l'organisation d'un référendum sur l'article premier de la Constitution de 1959, indiquant que le gouvernement actuel "est incapable de trancher cette question, en dépit de son engagement précédent à faire en sorte que cet article demeure le dénominateur commun entre tous les Tunisiens". Aussi, a-t-il fait allusion au danger que recèle la lenteur de l'écriture de la nouvelle constitution du pays par les membres de l'Assemblée nationale constituante. Il a insisté sur la nécessité d'associer les différentes composantes de la société civile et les personnalités nationales aux efforts déployés en vue d'unifier certains partis centristes pour édifier une société centriste moderne, sans l'exclusion d'une quelconque partie, se félicitant, à cette occasion, de l'initiative prise par le président de la République provisoire Mohamed Moncef Marzouki de concrétiser la réconciliation entre Bourguibistes et Youssefistes. Les représentants de quatre groupes partisans avaient, auparavant, affirmé leur appui à l'initiative de M. Béji Caïd Essebsi qui vise à rapprocher les points de vue entre les partis du Centre et les différentes composantes de la société civile, réitérant l'engagement à adhérer à n'importe quel processus d'union qui vise à rassembler non seulement les partis au référentiel destourien mais aussi toutes les forces démocratiques progressistes et modernistes. Le président du parti "Initiative", Kamel Morjane a appelé, dans cet même ordre d'idées, à serrer les rangs et à s'accorder sur l'intérêt supérieur de la Tunisie, loin des conflits et pour l'établissement d'un Etat civil moderne, saluant le processus d'unification des forces politiques qui tend à promouvoir l'action politique au service des aspirations réelles du peuple tunisien. De son côté, M. Faouzi Elloumi, un des membres fondateurs du nouveau pôle moderniste, le Parti national tunisien, a déclaré que les destouriens ont depuis toujours appelé "à la réforme et à l'édification, avec pour principal objectif l'intérêt de cette nation", exhortant le gouvernement à assumer pleinement ses responsabilités pour prévenir la dérive et les tractations. Il a, également, invité toutes les sensibilités politiques à éviter les surenchères, réaffirmant la détermination du Parti national tunisien "à accélérer l'instauration de la justice transitionnelle" et son refus de toutes formes de sanction collective ou de vengeance." Pour sa part, le fondateur du Parti démocrate progressiste (PDP), Ahmed Néjib Chebbi a estimé "qu'en dépit de la légitimité du gouvernement provisoire, il demeure incapable de diriger l'Etat", soulignant la nécessité d'élargir la composition du gouvernement actuel pour en faire un véritable gouvernement d'union nationale, présidé par une personnalité nationale indépendante et composé de compétences tunisiennes, avec une participation équilibrée des partis politiques. Il a affirmé sa disposition à collaborer avec M. Béji Caïd Essebsi pour la concrétisation de son initiative destinée à remettre le pays sur la bonne voie. Prenant également la parole, le coordinateur général du mouvement Ettajdid, Boujemâa Remili a confirmé l'adhésion de son parti au processus participatif et de concertation engagé par M. Béji Caïd Essebsi qu'il considère comme étant "un homme d'Etat qui rassemble toutes les forces politiques et qui fait l'unanimité", appelant à s'inspirer de la pensée bourguibiste pour mettre en place une société juste et démocratique. Des milliers de citoyens qui se sont massivement rassemblés dans la salle couverte et dans ses environs, ont scandé des slogans qui expriment leur adhésion à l'initiative de Caïd Essebsi, brandissant le drapeau national et arborant des banderoles qui appellent notamment au juste-milieu, à la concorde, au rejet de la discorde et "à l'organisation des prochaines élections en octobre 2012". Cette rencontre a été marquée par la présence de l'étudiante Khaoula Rachidi qui avait dernièrement empêché, à la faculté de La Manouba, un jeune salafiste de retirer le drapeau national. La jeune étudiante a été accueillie par l'acclamation du slogan : "O drapeau, nous nous sacrifions pour toi, par notre âme et par notre sang". A cette occasion, M. Béji Caïd Essebsi a reçu le flambeau de la fidélité qui lui a été remis par des jeunes de Dar Ben Ayed à Ksar Hellal, où le parti du néo-destour avait vu le jour, le 2 mars 1934.