TUNIS, 27 oct 2010 (TAP) - La 5ème conférence économique africaine organisée sur le thème "Etablir un plan d'action pour la relance économique et la croissance à long terme de l'Afrique" s'est ouverte, mercredi, à Gammarth, par M. Mohamed Ghannouchi, Premier ministre. Les travaux de la conférence se poursuivront jusqu'au 29 octobre avec la participation des ministres des Finances, d'acteurs du monde des affaires, d'intellectuels, d'économistes et de chercheurs de haut niveau de plusieurs pays africains Participent, également, à cette conférence des représentants d'institutions africaines et internationales, notamment, des banques centrales du continent, de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI), etc.. Elle est organisée par la Banque africaine de développement (BAD) et la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA). M. Pascal Lamy, directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a indiqué, à cette occasion, que les économies africaines ont mieux résisté que les autres économies à la crise économique, enregistrant une forte croissance économique (+5 pc) et du commerce (+ 6 pc). En outre, les exportations africaines ont progressé, vers les pays asiatiques et d'Amérique Latine. Dans la perspective de capitaliser cette forte croissance, M. Lamy a fait trois propositions. Premièrement, l'accent doit être mis sur la diversification des exportations africaines, l'amélioration des qualifications de la main-d'œuvre du continent et l'investissement dans les services. Deuxièmement, il s'agit de bien mener les négociations dans le cadre du cycle de Doha notamment pour les exportations agricoles africaines. L'objectif est de lutter contre les barrières tarifaires et les subventions commerciales mises en place par les pays riches. L'issue des négociations de Doha est primordiale pour le continent, a-t-il affirmé. Troisièmement, il importe de réduire la forte dépendance des exportations africaines d'un nombre limité de marchés et diversifier les débouchés commerciaux. Le Directeur général de l'OMC a précisé que l'obstacle qui entrave l'intégration de l'Afrique au commerce mondial, consiste en le déficit en matière d'infrastructure et notamment de transport, appelant à développer la connectivité des infrastructures africaines. La Tunisie, a indiqué M. Lamy, constitue un exemple en matière d'insertion à l'économie régionale et mondiale. Il a évoqué les réformes mises en oeuvre par le pays avec "patience et constance", en procédant à un subtil dosage entre "ouverture économique et politique publique, menée par l'Etat". L'exemple de la Tunisie constitue un enseignement plus convaincant, que l'élaboration de simples théories", a-t-il conclu. M. Donald Kaberuka, président de la BAD, a souligné, pour sa part, que la voix de l'Afrique doit se faire entendre. Le continent qui a enregistré au cours de la dernière décennie une forte progression, est sur la trajectoire de la croissance. Il a rappelé que des réformes macro-économiques ont été mises en oeuvre, ce qui a permis aux pays du continent de résister à la crise économique. Toutefois, a-t-il poursuivi, le continent reste pauvre et progresse lentement. Etant donné que chaque pays africain présente des conditions différentes, il importe de mener des expériences empiriques pour définir de solutions de relance économique. Cette relance, estime le président de la BAD, devrait être axée sur l'intégration économique, la bonne gouvernance et la contribution du secteur privé aux efforts de développement. De son côté, M. Abdoulie Janneh, secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), a rappelé que l'Afrique a enregistré un taux de croissance de 5 pc, cette année, et devrait atteindre un taux similaire l'année prochaine. Si l'Afrique réalise de bons scores, les perspectives économiques mondiales incitent à la prudence, a-t-il toutefois relevé. Il a évoqué à ce niveau, les politiques d'austérité budgétaire menées par les pays riches, ainsi que les dévaluations compétitives des monnaies menées par certains pays, lesquelles ont des incidences sur les exportations africaines. Il a réitéré que l'Afrique doit se faire entendre et freiner les tendances protectionnistes, appelant pour cela à l'intégration régionale, la diversification économique et la mobilisation des financements nécessaires à la relance économique du continent noir. M. Tegegnework Gettu, secrétaire général adjoint et directeur du bureau régional pour l'Afrique du PNUD (programme des NU pour le développement), a appelé, pour sa part, à poursuivre les réformes économiques dans les pays africains, promouvoir les systèmes de protection sociale, accroître l'élasticité de la croissance, assurer une distribution plus équitable des revenus, améliorer la productivité agricole et renforcer la participation des femmes dans les efforts de développement. La Tunisie constitue à ce niveau un bon exemple, a-t-il soutenu, indiquant "le pays a entrepris des investissements ciblés et mené des programmes dynamiques pour assurer sa croissance économique".