TUNIS, 8 sept 2009 (TAP) - Certains fumeurs pensent que si la cigarette est incontournable, elle l'est encore plus durant le mois de Ramadan. Devant le réflexe de fumer qui revient avec insistance après la rupture du jeûne, la tentation est double, surtout lors des rencontres au café avec les amis et des veillées ramadanesques. D'autres, par contre, en profitent pour poser la dernière cigarette. Car et c'est prouvé scientifiquement, le mois de l'abstinence aide beaucoup au sevrage. "Pourquoi pas ? si l'organisme a pu résister durant toute la journée, soit quinze heures de manque ?" précise Dr Mounira Masmoudi Nabli, chef de service des maladies non transmissibles à la direction des soins de santé de base au ministère de la santé publique. Oublier la cigarette, entre 6 semaines à 3 mois Ramadan ou non, arrêter la cigarette, doit, sans doute, apporter un changement au niveau du mode de vie du fumeur qui sera amené, désormais, à éviter tout ce qui peut lui rappeler le tabac (consommation de café, thé et boissons gazeuses, fréquentation d'espaces fumeurs et longues veillées). La famille et l'entourage peuvent beaucoup aider à combattre ce fléau qui tue chaque année 7 mille tunisiens, soit l'équivalent de 20 personnes par jour, fait remarquer Dr Nabli. D'où l'importance des consultations de sevrage, ajoute-t-elle, une expérience qui a démarré en 2000 en Tunisie, en vue d'assurer la prise en charge médicale et psychologique des fumeurs. "il ne faut pas attendre jusqu'à ce qu'on soit malade pour consulter" avertit-elle. Le premier entretien est très important. Il permet de mesurer le niveau de dépendance et d'évaluer la motivation du fumeur au sevrage. A la lumière des informations recueillies, une stratégie personnalisée adaptée au type de dépendance est mise en place. L'équipe, composée d'un pneumologue et d'un psychologue en plus du corps paramédical, est appelée à traiter une triple dépendance: chimique, psychologique et gestuelle. En l'année 2009, proclamée, sur instructions du Président de la République, année de lutte anti-tabac, environ 2000 médecins opérant dans les secteurs public et privé ont été formés en "conseil minimum". Ils sont chargés d'orienter les fumeurs vers les consultations de sevrage. Durant la même année, 105 autres médecins ont reçu une formation approfondie en matière de sevrage tabagique. Ils viennent s'ajouter à ceux répartis dans les 21 centres de consultations que compte le pays, assurant, ainsi, la couverture de toutes les régions. Le sevrage, une thérapie qui réussit mieux en groupe L'Etat fournit gratuitement les substituts nicotiniques aux personnes nécessiteuses ou aux groupes à risque ( insuffisants cardiaques, rénaux ou respiratoires). Mme Masmoudi Nabli insiste sur l'importance à ce que les médicaments anti-tabac soient prescrits par un médecin, et ce, après examen de l'état de santé du fumeur pour assurer l'efficacité du traitement qui dure de 6 semaines à 3 mois. Ce qu'il faut savoir, c'est que dès le premier jour, le fumeur commence déjà à sentir la différence : retrouver la vraie saveur des aliments et humer toutes les senteurs, deux sens ralentis par la cigarette. En plus, la thérapie réussit mieux quant on est en groupe. Le médecin traitant peut recommander aux fumeurs, pendant la période de sevrage, d'entrer en contact avec d'anciens fumeurs pour s'aider mutuellement à vaincre l'envie de fumer. La cigarette contient plus de 4 mille substances nocives responsables de maladies comme les cancers, les inflammations, les infarctus cérébraux et cardiaques. En plus, elle vieillit la peau et favorise le développement d'abcès et de caries dentaires etc. En Tunisie, 50 pc des hommes fument, contre 5 à 10 pc des femmes, selon les régions. De plus en plus, le tabac se répand parmi les jeunes avec une prévalence de 30 à 35 pc, a indiqué Mme Nabli qui n'a pas manqué de souligner que les efforts nationaux s'orientent vers l'application de la loi anti-tabac en vigueur, la sensibilisation et la promotion du sevrage, avec la mobilisation de toutes les composantes de la société civile.