Le deuxième round du dialogue national initié par l'Ugtt a eu lieu jeudi dernier. Les principaux protagonistes de la société civile et politique y ont pris part. Le principal enseignement qu'on peut tirer de cet évènement politique, c'est que la menace du terrorisme jihadiste qui guette le pays a pu amener certaines parties politiques qui jusque-là ont exploité soit l'Islam soit les idéaux de la révolution à des fins exclusivement politiques, à revoir leur copie et adhérer au consensus national anti-terroriste et antiviolence. Mieux vaut tard que jamais ! En effet, pour la première fois depuis le 14 janvier 2011, la société civile et la société politique sont unanimes pour dire que le terrorisme n'est plus une hypothèse, que les événementsdeChaambi ainsi que tous les actes de violence constituent un danger réel qui menace la transition démocratique et le modèle sociétal et qu'il faut instaurer l'union sacrée contre la violence jihadiste. Des faits matériels montrent que la nébuleuse jihadiste a établi, à travers plusieurs régions du pays, des sortes de succursales aux fins de semer la terreur et la peur au sein de la population et «pour faire mûrir les conditions favorables à l'émergence d'un ordre islamiquepur et dur» . Aujourd‘hui, la question est de savoir premièrement ce que signifie le «djihad» et deuxièmement s'il n'est pas une déformation d'un principe clair de la sainte religion musulmane par ceux qui veulent discréditer l'Islam. Nombreux sont les savants musulmans qui s'accordent pour dire que le grand et vrai djihad est une guerre livrée par l'homme contre sa propre faiblesse, sa petitesse, ses instincts, ses possessions, ses obsessions, avec un objectif de détachement, un affranchissement vis-à-vis des tentations, et une maîtrise de soi. Il n'y a que le «petit et faux djihad» qui implique la guerre au sens matériel du mot, mais dans une démarche exclusivement défensive. Un penseur contemporain et qui est un excellent connaisseur du Coran, est allé jusqu'à soutenir que l'Islam est aujourd'hui «agressé» par le fanatisme religieux des jihadistes et de leurs alliés, qui est l'ennemi non seulement des musulmans mais de l'humanité dans son ensemble. Disons que les errances des attitudes politiciennes sont mal venues, en un moment où il est du devoir de toute la société civile et de la société politique de s' évertuer à mettre en évidence ce qui est de nature à unir les Tunisiens sur la base de leur appartenance citoyenne et non à les diviser sur la base de leur croyance spirituelle ou de leur obédience idéologique, à accepter et à respecter le point de vue de l'autre, les différents modes de vie des Tunisiens, les us et coutumes en usage depuis des siècles, les acquis de la raison et de la pensée réformiste, les expressions multiples du beau. Que l'on dise haut et fort ça suffit à ceux qui propagent le discours de₺celui n'est pas avec moi est contre-révolutionnaire, c'est-à-dire mon ennemi ! ₺ La menace de la violence met les Tunisiens sans exclusive devant leur responsabilité patriotique pour retrouver le sens des valeurs de l'appartenance citoyenne à la Tunisie et les mettre en mouvement dans le discours et dans la pratique. Par ailleurs, cette menace interpelle davantage la classe politique dirigeante pour accélérer et réussir la deuxième phase du processus de transition démocratique.