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Chronique, Le mot pour le dire : A poil !
Publié dans Tunivisions le 24 - 05 - 2013

« Pour son corps, elle ne le connaît que trop ; tout la porte à le flatter, à l'orner et à s'en faire une idole : il est capital de lui en inspirer le mépris en lui montrant quelque chose de meilleur en elle ».
Fénelon, De l'éducation des filles,
cité par Agnès Michaux dans Dictionnaire misogyne
La chance – ou la malchance – de la Tunisie a voulu qu'elle ait, en la personne du Dr Moncef Marzouki, qui passe pour être le plus fervent des défenseurs des droits de l'homme que le monde ait jamais connus jusqu'à nos jours, le premier président de la première république, établie après la révolution du 14 janvier 2011 sur les ruines de ce que l'éminent professeur de médecine, actuellement président provisoire, se plaît à appeler jomloukiyya, un néologisme de son cru qui est censé désigner un mode de gouvernement hybride, consistant dans un mélange monstrueux des régimes monarchique et républicain ; néologisme que nous traduisons, à notre tour, par républinarchie.
Le mérite du Dr Moncef Marzouki est d'être conséquent, jusqu'à la provocation, avec ses convictions de militant qui ne reconnaît point de limites aux droits de ses sujets et, plus particulièrement, ceux de ses sujettes. Nous employons sciemment ces vocables dégradants (sujets – et sujettes, néologisme que nous avons inventé pour rivaliser avec le talent néologisant de son Excellence –) pour attirer l'attention sur le fait que, sous l'heureux règne de M. Marzouki, le Tunisien, qui aspire au statut de citoyen, a été rétrogradé à celui de sujet d'une théocratie et non d'une monarchie comme ce fut le cas sous les règnes des ses prédécesseurs honnis. La Tunisienne, quant à elle, s'est retrouvée dans la position inconfortable de complément. Son Excellence n'y a trouvé rien à redire du moment que son saint allié – le gros maillon de la Troïka qui a pris ses dispositions pour régner indéfiniment – en a ainsi décidé et que, son Excellence, s'est engagé, pour se démarquer des laïcs grincheux et revanchards, de ne jamais dénigrer le parti Ennahdha.
C'est pour cette raison que, dans son discours d'investiture, le militant-président a proclamé solennellement sa ferme détermination de défendre les mounaqqabat, les mouhajjabat et les safirat, signifiant par là son alignement inconditionnel sur les positions rétrogrades du grand frère et allié que l'ironie de l'histoire a placé à la tête d'un Etat qu'il a toujours rêvé de détruire pour lui substituer une grotesque chimère, appelée Califat. Le discours de son Excellence était tout le programme politique d'un président (provisoire, mais appelé à durer) désœuvré qui, pour se désennuyer, devrait se trouver des préoccupations dignes de son rang et de sa haute stature intellectuelle. Joignant l'utile à l'agréable, le militant-intellectuel-écrivain-président, livré à lui-même dans sa cage dorée, a ouvert toutes grandes les portes de sa prison présidentielle et de son cœur à ses sujets barbus et à ses sujettes monaqqabat, victimes de l'intolérance des affreux laïcs qui ne souffrent pas que l'on parle, en leur présence, d'Islam et, encore moins, d'islamistes et de salafistes.
Son Excellence, indigné jusqu'à l'exaspération, s'étonne que les fanatiques laïcs, que l'Islam et ses adeptes dérangent tant, ne proposent pas de solution à ce problème épineux. Il est clair que son Excellence, scandalisé par l'attitude de cette racaille laïque destituée par la révolution, fait allusion ici à la solution finale prônée par le chancelier nazi, de triste mémoire, Adolphe Hitler, qui a été à l'origine de l'holocauste d'aussi triste mémoire. C'est pour cette raison que son Excellence ne manque pas, chaque fois qu'il se produit en public pour annoncer au peuple (terrorisé par l'éventualité de son départ de Carthage) sa farouche détermination de ne pas démissionner de son poste de Provisoire, de réaffirmer son intention d'honorer ses promesses électorales, surtout en ce qui concerne les droits inaliénables de ses sujettes, ces pauvres femelles que la racaille laïque, implantée dans les universités et les établissements scolaires se plaît à persécuter, poussant l'injustice jusqu'à les priver des examens sous prétexte qu'elles ont le visage couvert, c'est-à-dire néant !
Son Excellence, professeur de médecine de son état, fin pédagogue de surcroît, ne voit pas d'inconvénient du tout, en dépit des décisions prises par les conseils scientifiques des universités et ratifiées par la justice, à ce que ses sujettes niqabées passent normalement leurs examens. Son Excellence a omis cependant de préciser si ces victimes de l'intolérance laïque devrait jouir également du droit d'assister aux cours sans être dans l'obligation de se défaire de leur ceinture de chasteté (faciale, cela s'entend) et s'il fallait, pour que la justice règne partout, généraliser ces mesures salutaires. Si certaines députées de l'ANC (appelée, à l'instar du Provisoire, à durer encore et encore), certaines ministres du faussement gouvernement provisoire, les fonctionnaires de l'Etat, en déliquescence, dans tous les secteurs, y compris celles exerçant au palais présidentiel, se décidaient un jour à porter le niqab, personne ne devrait s'en offusquer puisqu'il est du droit de la femme de disposer de son corps comme elle l'entend.
Au rythme où évoluent les choses dans la nouvelle république révolutionnaire de son Excellence le Provisoire (qui perdure), dans un avenir très proche, la Tunisie offrira au monde civilisé un spectacle inouï : des actrices niqabées, des chanteuses niqabées, des poétesses et des écrivaines niqabées, des sportives niqabées, des baigneuses niqabées, des coureuses cyclistes niqabées, des infirmières niqabées, des femmes d'affaires niqabées, des prostituées niqabées, des savantes niqabées, des prédicatrices niqabées, des conductrices de bus, de trains et d'avions niqabées, des maîtresses-nageuses niqabées, des athlètes gymnastes niqabées, des serveuses niqabées pour satisfaire les clientes niqabées qui afflueront bientôt des confins du désert où le pétrodollar coule à flots ! Car, dans nos hôtels, libérés enfin des mécréants d'Occident, il est désormais permis aux victimes de la racaille laïque de se produire en hijab et, pour celles qui y tiennent vraiment, en niqab ! Il n'y a là rien de vraiment étonnant puisqu'il est possible, par ailleurs, pour les porteurs de barbes, kamis, horkas, et Nike aux pieds, de dresser leurs tentes de prédication en plein centres touristiques dans l'espoir de convertir quelques égarés parmi leurs propres concitoyens, mais également parmi les mécréants d'Occident, leurs satanés clients !
Pour compléter ce carnaval fantastique, ce chef-d'œuvre inégalable de son Excellence, la Tunisie laisserait fleurir la mode des policières niqabées et des soldates niqabées auxquelles serait confiée la tâche de débusquer les prêtresses de l'amour niqabées, retranchées avec les moudjahidines sur le mont Châambi, pour les aider à supporter les affres de la guerre. Ce serait là, selon son Excellence, le locataire – provisoire jusqu'à nouvel ordre – de Carthage la preuve que la Tunisie a réussi l'épreuve, impossible selon ses détracteurs, de son entrée dans l'arène démocratique. Dans sa dernière bafouille, que son Excellence a entièrement consacrée à La Leçon tunisienne, le Provisoire, qui s'oublie, a longuement traité des retombées économiques, scientifiques et civilisationnelles de sa louable entreprise de niqabiser entièrement sa république postrévolutionnaire.
Les détracteurs de son Excellence, ces coupeurs de cheveux en cent mille et plus, lui reprochent sa partialité flagrante. Selon eux, le Provisoire, que seules les urnes pourraient déloger, n'a pas été aussi juste qu'il le prétend puisqu'il semble oublier, qu'en plus de l'infime minorité des niqabées de sa glorieuse république (qu'ils se plaisent d'ailleurs de qualifier de républicratie), dont une part infinitésimale fréquente les établissements universitaires, il existe une minorité non moins importante de naturistes qui, elle, à l'instar de son corollaire niqabée, désire jouir de son droit inaliénable de passer ses examens à poil !
Le fervent défenseur des droits de l'homme, pour être conséquent, et donner à ses sujets et sujettes l'occasion de s'épanouir pleinement, devrait autoriser les naturistes, un peu plus visibles que nécessaire, de côtoyer les niqabées, un peu plus invisibles que nécessaire (en fait, tout à fait invisibles), et promulguer un décret en vertu duquel le port du niqab ne serait plus le privilège exclusif des femmes. Tous ceux, parmi les bienheureux sujets de son Excellence Provisoire, qui désirent porter le niqab, pourraient le faire en toute liberté. C'est de cette façon que la républicratie de son Excellence entend donner la preuve, à tous ceux qui en doutent encore, qu'elle vit désormais en marge de l'Histoire, toute heureuse de s'être enfin totalement réconciliée avec son éternelle identité arabo-musulmane, laquelle, sans le niqab et ses vertus miraculeuses, n'aurait ni sens ni saveur !
La racaille laïque, s'acharnant contre le Provisoire – qui s'incruste –, prétend discréditer ainsi l'humanisme et la générosité de son Excellence et ruiner les efforts qu'il ne cesse de déployer, depuis son accession au pouvoir, pour réaliser les objectifs de la révolution, dont l'un des plus importants, sinon le plus important, est la liberté de culte, qu'elle s'exerce dans les endroits appropriés ou dans l'espace public, de préférence à proximité des marchés, des hôtels, des usines, des collèges, des lycées, des instituts et des facultés et partout où des mécréants attendent que des âmes bienveillantes viennent à leur secours. C'est pourquoi les hordes de prédicateurs ne se gênent plus de dresser leurs filets de chasse – appelés également tentes de prédication – là où les guident leurs pas baladeurs, sans se soucier de demander des autorisations aux autorités compétentes. Leur Autorisation – au singulier et une fois pour toutes, d'où la majuscule –, ils la tiennent d'Allah – quelle fatuité ! – en personne !
Ces exploits, et bien d'autres encore qu'il serait fastidieux d'énumérer dans cet aperçu, sont à mettre à l'actif du Provisoire, qui se prend déjà pour un permanent, de ses acolytes – que les mauvaises langues laïques s'obstinent de désigner par le terme désobligeant de complices – et de leurs hooligans, dont en particulier les milices de la sauvegarde de la révolution et la nébuleuse des moudjahidines qui n'a pas manqué de féliciter son Excellence pour son courage, son honnêteté et sa piété. Les enfants de ‘Okba Ibn Nafi' ont été sensibles au fait que, de tout le personnel politique, seul le Provisoire, soucieux de sa titularisation, ait eu le courage de jouer à l'avocat du diable. Rached Gannouchi a lâché les niqabées, Moncef Marzouki, doté d'un cœur à aimer toutes les sujettes de Tunisie, a courageusement épousé leur juste cause. En s'engageant de la sorte, il sait qu'il risque sa carrière politique, mais il est dans la nature du Provisoire, que le trône n'a pas réussi de corrompre, de faire passer le devoir avant l'intérêt.
Le dernier exploit du Provisoire, réputé pour ses frasques et ses coups d'éclat, n'est pas passé inaperçu. Le lendemain de son discours éminemment révolutionnaire, il a été chaleureusement congratulé par ceux-là mêmes qui, au mépris de toutes les lois de la république, marchent sur Kairouan, la capitale des Aghlabides, pour y planter leurs bannières hideuses et y répandre leur bonne ( ?) parole. Le ministre de l'intérieur menace d'intercepter ces hordes pieuses et faire foirer ainsi la fête qu'elles comptent organiser dans l'enceinte de la grande mosquée. Cette fois-ci, le Provisoire, qui semble plus soucieux du sort de ses sujettes que de ses sujets, n'a pas jugé bon d'intervenir en faveur de ses protégés. Pour les beaux yeux des niqabées, le Provisoire n'a pas hésité à enfreindre les lois de la république dont il est censé être le garant. Il aurait dû donc continuer sur sa lancée et prodiguer son soutien aux pauvres hères qui avancent, à pieds, vers la ville sainte pour y vociférer leur Chahada !
N.B : Nous tenons à préciser, à l'intention du Provisoire, qui s'apitoie sur le sort de ses sujettes niqabées, qu'il n' y a de pays dans le monde entier qui tolère que cette catégorie de femelles s'introduisent dans les établissements scolaires sans visage. En Arabie Saoudite, qui a inventé cette extraordinaire mode rigoriste, les élèves et les étudiantes suivent les cours à visage découvert. Les Saoudiens ont sur les Tunisiens (qui s'emploient aujourd'hui, avec la bénédiction du Provisoire et de sa claque, à calquer leur mode de vie et de gouvernement), l'avantage d'avoir les moyens de leur fanatisme. Chez eux, et chez ceux qui ont adopté leur manière d'être, le problème du niqab ne se pose point. Grâce aux flots inépuisables de pétrodollars, les autorités saoudiennes ont cloisonné l'espace public de telle sorte que les hommes soient scrupuleusement séparés des femmes.
Si son Excellence le Provisoire avait, comme ses alliés du Golfe, les moyens de son fanatisme (maquillé en légalisme), il devrait donc ordonner, par décret, l'abolition de la mixité et débloquer des fonds pour la mise en place de l'infrastructure nécessaire à la réussite de ce projet de salubrité publique qui, le Provisoire en est persuadé, mettrait fin à toutes les dérives. C'est cela qui s'appelle avoir les moyens de sa politique. Le Qatar serait-il prêt à financer un pareil projet si le Provisoire, qui n'est pas très pressé de partir, le lui demandait ? Ou faudrait-il qu'il se tourne vers l'Arabie Saoudite, qui héberge toujours son prédécesseur déchu, pour lui demander de participer à l'édification de la théocratie républicaine, laïque, progressiste, droit-hommiste, charaïque et démocratique de Tunisie, issue de la glorieuse révolution du 14 janvier 2011, dite encore l'Hiver Arabe, dont l'objectif primordial est, au grand plaisir des adeptes d'Abdelaziz Ben Bèz, de niqabiser et de théocratiser la répulinarchie de feu Habib Bourguiba ?!


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