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Chronique, Le mot pour le dire : Ken Yema Ken !
Publié dans Tunivisions le 10 - 10 - 2013

« A l'aide d'un copule (sic), chaque phrase relie une chose à l'autre ; et tout serait vraiment lié si l'on découvrait d'un seul regard dans sa totalité le tracé laissé par un fil d'Ariane, conduisant la pensée dans son propre labyrinthe. Mais le copule des termes n'est pas moins irritant que celui des corps. Et quand je m'écris : JE SUIS LE SOLEIL, il en résulte une érection intégrale, car le verbe être est le véhicule de la frénésie amoureuse ».
Georges Bataille, Œuvres complètes, t. I, p. 81
La Tunisie est victime, depuis le 23 octobre 2012, d'une faute de conjugaison en vertu de laquelle l'accompli a occulté définitivement l'inaccompli. C'est en effet grâce à cette énorme supercherie que le mouvement-parti (dont le nom, ainsi composé, est un défi à la raison politique) se permet aujourd'hui de répéter à qui voudrait bien l'entendre qu'il est légitime parce qu'il est majoritaire, alors qu'il aurait dû nuancer et reconnaître qu'il était – il y a exactement une année – légitime – lui et ses comparses, cela s'entend – parce qu'il avait – avant le 23 octobre 2012, mais plus après – la majorité numérique à l'ANC, qui n'existe plus, lui aussi, et tout ce qui en est issu, depuis la date fatidique du 23 octobre 2012. Il en découle que la Tunisie est victime d'un putsch perpétré, depuis le 23 octobre 2012, par les trois partis vainqueurs des élections du 23 octobre 2011, pour un mandat non extensible d'une année.
Les conséquences désastreuses de cette énorme infraction sont incalculables et justifient, dans une large mesure, l'impasse dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Faire passer un mort pour un vivant et, plus grave encore, lui confier le soin de gérer les affaires des vivants, est le péché capital qui a ruiné la révolution du 14 janvier 2011. Le mort, dont il s'agit ici, est la représentation d'un double néant ou, pour parler comme les mathématiciens, d'une mort au carré. Vouloir ressusciter le passé est, en soi, une aberration insoutenable dont nous voyons les effets démentiels un peu partout dans le pays. Faire de cette folie le programme révolutionnaire d'un parti politique – ou qui se dit tel – est une aberration encore plus insoutenable qui a fait perdre à la Tunisie la chance inouïe de devenir enfin un pays démocratique.
Un vieil adage stipule que celui qui ne détient pas un bien donné ne peut pas vous en faire bénéficier. La démocratie convoitée ne peut donc être l'œuvre d'un mouvement-parti dont l'unique souci est de restaurer l'Absolu, qu'il se plaît d'ailleurs de qualifier de divin. Instituer l'Absolu dans le politique, qui est, par définition, l'espace du relatif, est le péché originel dont la Tunisie est en train de subir les terribles contrecoups, décuplés, depuis le 23 octobre 2012, par les tentatives réitérées des usurpateurs de se reconstituer une légitimité de façade qui n'est en fait que le prélude à la dictature naissante que nous a promise le premier ministre sortant et que l'actuel locataire de la Kasbah est en train de parfaire.
Pour réussir cet exploit, les putschistes tentent de se faire passer pour les victimes présumées de leurs victimes effectives, à savoir la Tunisie et son peuple, en usant, de manière on ne peut plus abusive, de cette erreur de conjugaison qui leur a permis – du moins, c'est ce qu'ils croient – de mettre en évidence le droit divin qui fonde leur pouvoir, au nom duquel ils continuent l'œuvre de démolition systématique qu'ils ont entreprise il y a deux ans. C'est pourquoi le salut de la Tunisie ne pourrait être possible qu'une fois rectifiée l'erreur fatale qui a été à l'origine de la débâcle actuelle. Le dialogue national, inauguré le lundi dernier, nous semble être l'espace approprié pour remettre les pendules à l'heure.
Cela veut dire, en clair, qu'il est impératif que les participants à ce dialogue – qui risque de dégénérer à n'importe quel moment – soient suffisamment explicites sur un certain nombre de points, dont en particulier les suivants:
1 – La légitimité de toutes les instances issues des élections du 23 octobre 2011 est caduque depuis le 23 octobre 2012. Sans cette précision fondamentale, rien de valide et de fiable ne pourrait être envisagé.
2 – L'ANC et les institutions qui en sont issues (gouvernement et présidence) ne sont donc plus habilitées à gérer les affaires du pays sous prétexte qu'ils sont les élus du peuple, alors qu'ils ne le sont plus depuis bientôt une année.
3 – Il est impératif que les victimes du putsch du 23 octobre 2012 apprennent aux usurpateurs à conjuguer les auxiliaires être et avoir, dont ils raffolent, aux temps qui arrangent les affaires de la Tunisie et de son peuple, autrement dit au présent et au futur, et nom aux temps du passé proche, moyen, lointain et révolu, sous prétexte que l'avenir de la Tunisie du XXIème siècle se situe au XIXème siècle.
4 – La Tunisie vit actuellement un état de vacance de légitimité dans le cadre duquel tous les partis, sans exception, se valent. En conséquence, il n'est du droit d'aucun parti d'imposer son diktat aux autres. Pour aboutir vraiment, le dialogue national devrait s'organiser sur cette base, et rien que sur cela.
5 – Si l'ANC, instance illégitime – il est impératif d'appeler les choses par leurs noms – depuis le 23 octobre 2012, devait continuer d'exister, il n'est pas question, pour lui, de jouir des prérogatives abusives que lui a conférées la "mini-constitution", confectionnée par la Troïka. Cette dernière est une abomination juridique qui a permis de transformer une assemblée constituante en parlement, qui plus est "maître de lui-même" et qui a été, pour une large part, dans la restauration de la dictature.
5 – Un gouvernement de compétence devrait être investi dans les plus brefs délais, à qui il incombe de gérer la dernière étape de la phase transitoire, de remédier aux énormes dégâts occasionnés par les deux gouvernements précédents et de veiller à ce que les prochaines élections se fassent dans les meilleures conditions pour tous.
6 – Le ministère des affaires religieuses devrait être confié à une personne compétente et responsable dont le rôle est de rétablir l'autorité de l'Etat dans l'ensemble des mosquées du pays, de rationaliser le discours religieux et de combattre énergiquement tous les excès qui ont été à l'origine du terrorisme. Le ministère s'emploiera par ailleurs à endiguer la ruée de la marée noire wahhabite que les gouvernements précédents ont laissé prospérer.
7 – Mettre un terme aux désordres qui règnent actuellement dans le secteur de l'enseignement, en particulier celui qui se rapporte aux écoles dites coraniques.
Le plus important est que la Troïka réalise enfin, et l'admette ouvertement, que les résultats des élections du 23 octobre 2011 font partie du passé et qu'elle ne peut pas continuer de confisquer l'avenir de la Tunisie au nom de cette prétendue épopée qu'elle a fini par sacraliser. Le dialogue national est l'ultime occasion de rectifier le tir et d'arrêter l'hémorragie. Les acteurs politiques, toutes tendances confondues, devraient se rendre à l'évidence que la Tunisie révolutionnaire ne saurait accepter le statut rétrograde et humiliant que le parti, autrefois majoritaire (et qui ne l'est plus), s'obstine à lui imposer. Qui ne vit pas au présent, ne saurait avoir d'avenir, et se doit donc de cohabiter avec les morts. Or, jusqu'à preuve du contraire, la Tunisie n'est pas l'endroit indiqué pour héberger des morts-vivants. La place de ces derniers est dans un cimetière. Une chose est sûre, la Tunisie n'en est pas un.
L'objectif primordial du dialogue national est donc de remettre les pendules à l'heure et, ce faisant, de débarrasser la Tunisie, une bonne fois pour toutes, du suaire que la Troïka l'a contrainte de porter au cours des deux dernières années. Sans cela, elle serait condamnée à végéter en marge de l'histoire, en quête d'une utopie improbable, celle-là même qui est à l'origine de l'horrible effusion de sang en Syrie, en Egypte et, plus près de nous, en Libye.
Nous souhaitons que la Nahdha, et les deux comparses qui l'épaulent, admettent que kana (كان) ne peut en aucune manière occulter yakounou (يكون) et réalisent surtout que kan ya ma kan (كان يا ما كان) est ce fameux il était une fois que l'on trouve fatalement au début de tous les contes de fées et que ces derniers n'ont rien à voir avec l'Histoire, en particulier celle dont ils s'estiment être, au nom d'une révolution à laquelle ils n'ont jamais cru, le moteur. Un moteur qui, paradoxalement, tourne à rebours!


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