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Chronique, Le mot pour le dire : A la Tunisie Faite (fête) femme dans la meme enveloppe
Publié dans Tunivisions le 10 - 03 - 2014

« Cette nouvelle époque ne voulait pas de statues. Elle n'avait que des socles vides (…). Les philosophes disaient que c'est là, ces emplacements déserts, les seules œuvres qui vaillent : assumant, parmi les foules naïves, la tâche d'inexister ».Yves Bonnefoy, La Vie errante
I
A vous, à moi, que je nous vois lorsque, le miroir m'amenant mon visage telle une preuve irréfutable, qui me rient au nez, et, comble de dérision, me sortent leurs langues, ces furies ou ces masques obscènes. Pourquoi mon être se moque-t-il de mon être et, spectre tentateur, dévaste mon visage ? Je ne suis plus, c'est lui qui est en moi, c'est lui qui est moi. Suis-je donc mort, ou suis-je toujours en vie ?
Je ne saurais le dire. Une chose est sûre : désormais, je n'ai d'autre visage que celui de l'autre. Il y a longtemps déjà que je ne suis plus maître de moi-même. Il y a longtemps déjà que j'ai cessé de voir, dans le miroir du monde, les traits du mâle que je crois être, l'être qui n'est ni homme, ni femme, ni personne. Mais qu'est-ce moi et qu'est-ce l'autre, en moi, qui nargue l'exorciste ?
Ah, qu'il est exaltant d'être, dans la même enveloppe, soi-même et son contraire !
*******
Là où je réside, dans ces reliefs lugubres et escarpés, les vivants – ce serait inopiné de parler de parler d'amis ! – sont si rares que je suis réduit, pour fuir mes démons, à m'entretenir avec moi-même et, me voyant dans mon visage, je me vois un alors que je suis double, triple ou multiple peut-être. Si ce que j'énonçais là est folie, que serait donc le bon sens ? Levez votre verre, ô ma moitié, et buvons de suite en l'honneur de la fête se pavanant, là-bas, dans le noir, qui mêle la thériaque au poison et proclame, vipère au poing, l'avènement de l'ère du soupçon.
Chantons en chœur, c'est là le moment, pour le vivant, de dire haut sa détresse et d'aller, courbé sous sa croix, jusqu'au terme de son calvaire : l'impossible en lui qui le travaille comme une lame.
Ah, qu'il est exaltant d'être, dans la même enveloppe, le sacrilège et la piété !
*******
Levez vos verres, ô moi-même, mon ombre tapie dans le noir, car il est triste, pour la multitude que je suis désormais, de boire seule. Vivant nous sommes toujours en dépit de notre mort annoncée. Vivant nous sommes parmi les vivants, drapés dans leurs suaires, qui exhalent une pestilence tel l'arome de musc se répandant alentour.
Nous sommes toujours vivants en dépit de nos corps en lambeaux. Ne voyez-vous pas, ô mon double, que nous sommes toujours dans le monde, dans l'arène où s'active le vivant ? Il est temps, dites-vous, maintenant que le crépuscule m'insuffle ses tourments, que nous nous entretenions de nous-mêmes.
Ah, qu'il est exaltant d'être, dans la même enveloppe, l'être et le néant !
II
Ô lumières du firmament, donnez tous vos éclats que je puisse, dans l'injonction, retrouver la voie vers le monde ! Je ne sais si je devais parler – le pourrais-je seulement ? – ou c'est à l'autre – mon égal tout à fait –, qui m'habite, de narrer notre désarroi d'une multitude où la solitude est la loi.
Le crépuscule m'apprend – nous apprend car, depuis des lustres, je suis plusieurs dans mon enveloppe mortelle – que la liesse n'est plus. L'agonie a été longue et drue. A la fin, à l'heure où décline dans le monde son pouls, la liesse a rendu l'âme et glissé dans le précipice où se déchaînent, dans un grand fracas, brasier et malédiction.
— Désormais, me susurrent les bourreaux qui nous habitent, il n'est plus de salut pour l'inquiétude dévoreuse et les pics de la question férue d'absolu !
Et point de salut pour l'angoisse, emportée par l'incendie. Jamais, dans le verbe en transe, ne capitulent prières et soumission, ni ne se défait la piété qui irrigue l'illusion pour que le front cède à la torpeur de la quiétude, de la paix dans tant d'abris montés, en toute hâte, dans la tourmente des éléments !
Ah, qu'il est exaltant d'être, dans la même enveloppe, la loi et le chaos !
*******
N'est-ce pas le verbe, revigoré par le brasier, jaillissant de l'antre même de la terreur exacerbée, qui, de ses fruits indolents, charme âme et cœur et les entraîne dans le sillage du néant bienfaisant ? Ô vous, ombre parmi les ombres, mon horizon fuyant, mon étoile filante, mon étendard et mon mât, que ne veniez-vous partager ma déchéance profuse ! Que ne veniez-vous boire de suite en l'honneur des ruines !
Venez donc que je nous insuffle le désir cuisant de la lame défaisant, dans l'immobilité, sa mollesse et érigeant, dans la quiétude, l'espoir de renaissance ! Que ne veniez-vous donc ! Aujourd'hui même, j'ai renoué avec ma fin. Au gré des étendards flottants, survient le néant, chantant, de sa voix de prosélyte, les apprêts de l'indolence et semant, à tour de bras, la bénédiction prodigue de l'essor.
Venez donc que nous parlions, ô mon horizon indocile ! Peut-être qu'alors l'hymne de la félicité se lève-t-il sur les cimes croulantes du souffle, allant de ciel en ciel, jusqu'au pied du trône auguste, et plus loin encore, dans l'arène de l'impossible le plus rude, et même au-delà, dans les confins des apprêts imprenables !
Ah, qu'il est exaltant d'être, dans la même enveloppe, la femelle et le mâle !
*******
Venez donc que je vous entretienne de la nuit terrorisant le jour. N'auriez-vous pas vu, ô vous l'immaculée, comment la nuit s'est muée en halo, plaidant le silence auprès du vivant à bout de souffle.
— Buvez, ô misérable vermine, le nectar amer du verbe sans bouquet !
Et la nuit d'ajouter, prêtresse indomptable :
— Qui ne boit pas sa fin jusqu'à la lie ne goûterait jamais aux délices du réveil !
Femme, dont l'aile redoutable pilonne mon calme, n'auriez-vous pas entendu l'appel du ressac, déferlant de l'au-delà, à hauteur de fléau, ou encore plus loin ?
Ah, qu'il est exaltant d'être, dans la même enveloppe, la montagne et l'abîme !
III
N'auriez-vous pas entendu, ô sublime, ces incantations qui nous viennent du grand large, disant, dans le bonheur, sa fragrance et déclinant aussitôt ? A peine s'évanouissent-elles qu'elles se relèvent de leur néant, bannissant, dans la mort, la mort ? Les voilà qui célèbrent, dans la nuit épineuse, la haute rupture.
Ah ! Quelle est magnifique la déroute en soutane ! Ah ! Quelle est misérable la renaissance évoluant dans le suaire ! La terre a déserté le foyer du pouls. Et aussitôt, l'âme, rebelle incurable, retrouve l'âpre ferment des questions.
— Sans répit, stipule notre infini.
Ah, qu'il est exaltant d'être, dans la même enveloppe, le vagissement et le râle dernier !
*******
C'est chose insensée en effet d'espérer un ultime nid d'où s'exhalent, toujours invincibles, les sagas des origines. Que répondre à l'insurgée, en moi, qui, d'une rime à l'autre, déclame le thrène ?
— Pourquoi, se demande-t-elle, le boudoir a-t-il capitulé ? Et l'arbre ? Et la ferme ? Et la forêt ? Pourquoi l'horizon a-t-il capitulé ? Et la patrie, à portée de dignité, pourquoi a-t-elle capitulé ?
Ô vous, arome authentique de la pluie profuse et saveur du faire insoutenable quand s'exacerbe l'extase ! O vous, ma surrection !
Ah, qu'il est exaltant d'être, dans la même enveloppe, l'éclipse et le lever !


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