Le Cercle algérien de Tunis, regroupement convivial et informel d'Algériens vivant en Tunisie, se veut le héraut d'une Algérie intelligente, de ses penseurs et créateurs, et plus largement de sa culture, auprès des Algériens et des amis de l'Algérie en Tunisie. Dans le cadre de ses actions, il organise, le samedi 29 mars 2014, à 20h, à El Teatro (Tunis), un spectacle intitulé : Le Cœur entre les dents ou Kateb Yacine revient à partir d'un texte de Benamar Mediene, mis en espace et joué par Sid-Ahmed Agoumi Joué, dans une version courte, au théâtre du Vieux Colombier de la Comédie française, le 7 décembre 2003, ce spectacle a été présenté, en version intégrale, à l'Institut du Monde arabe, le 9 décembre 2009, avec la participation de Mohamed Fellag, Marianne Epin, Sid-Ahmed Agoumi et Fettouma Bouamari (pour le chant). Spectacle en deux tableaux. Qui naquît ainsi : à la mort de Kateb Yacine, le 28 octobre 1989, un muphti d'Alger prononça, en guise d'oraison funèbre à la radio nationale algérienne, un anathème contre l'écrivain, le déclarant apostat. Et de proposer que sa sépulture soit rejetée par toute terre d'islam. Benamar Médiène, ami du poète, s'en est saisi pour composer le premier tableau de ce spectacle en deux temps : il imagine un face à face entre l'autorité religieuse et l'écrivain, exilé ad-aeternam des territoires musulmans. Deuxième tableau : au sommet d'une montagne, lieu d'une rencontre quasi hallucinée, Kateb Yacine, poète exfiltré par des syndicalistes (pour les raisons ci-dessus exposées) dialogue avec un vieil ex-maquisard désabusé, Ammi Arezki, revenu de tout ce qui avait pétri ses idéaux de combattant pour l'indépendance, et qui lui raconte sa vie d'édenté. Conteur éblouissant et iconoclaste, le vieil homme fourbit ses armes désormais à la lame de l'humour et de la dérision, truculent et impitoyable envers et contre tout hypocrite. L'humour est la politesse du désespoir, dit-on ? Le rire est ici le personnage principal du spectacle, auquel Sid-Ahmed Agoumi prête sa voix, un rythme et une gestuelle pour accomplir ici une performance inouïe. Vingtième anniversaire de l'assassinat d'Alloula : C'est en mars 1994 qu'Abdelkader Alloula, metteur en scène et dramaturge algérien de renom, a été assassiné, à Oran, alors qu'il se rendait à un débat dans un théâtre… Cette soirée « théâtrale » se veut donc un hommage. A Alloula, que l'obscurantisme et l'intolérance ont tué froidement, et plus largement à l'ensemble des hommes de culture et intellectuels qui ont été éliminés au cours de la terrible décennie 90, durant laquelle le terrorisme s'est abattu sur l'Algérie. Déroulé de la soirée est ainsi programmé : - Introduction, par Lotfi Madani - Spectacle - Echanges avec le public, en présence de Benamar Mediene & Sid-Ahmed Agoumi - Cocktail convivial. Benamar Mediene : Ecrivain et universitaire de renom, né dans l'Ouest de l'Algérie, Benamar Mediene est sociologue, également titulaire d'une thèse en histoire de l'art. Il a enseigné à Oran, Alger puis à Aix-en-Provence, en France, quand la « décennie noire » (ou rouge, c'est selon), l'a contraint de quitter son pays dans les années 90, où il a vu nombre de ses amis intellectuels assassinés. Benamar Mediene a continué de franchir les frontières, convié à participer à de nombreux colloques et conférences à travers le monde : à Tunis notamment, mais aussi à Cornell et Columbia aux Etats-Unis, à Moscou, à Milan, Bologne, Madrid, Amman, Rabat, au Caire, à Vienne, Leipzig, Bonn… Membre du Conseil national de la Culture en 1990, Il a mis également son expertise au service de la Commission nationale des Patrimoines en Algérie, avant de devenir expert auprès de l'UNESCO. Ce grand ami et compagnon de route de l'écrivain Kateb Yacine et du peintre Mohamed Issiakhem, amoureux d'art et de littérature - algérienne, certes, mais pas seulement -, a commis plusieurs ouvrages, dont quatre consacrés à ces deux monuments de la culture et de l'art. Il vient d'obtenir le Prix Spécial Kateb Yacine 2014, pour l'ensemble de son œuvre, à l'occasion du Forum international Kateb Yacine à Guelma (Algérie, 15-18 janvier 2014). Sid Ahmed Agoumi : Né en 1940 à Alger, formé au Conservatoire de la capitale, Sid Ahmed Méziane est l'un des comédiens les plus populaires d'Algérie. Entamant sa carrière dans les années 1960, sous le nom de scène de Sid Ahmed Agoumi, il se fait connaître dans des téléfilms, au théâtre, et au cinéma – il compte à son actif plus de 50 long-métrages, dont le fameux Z de Costa Gavras. Sid Ahmed Agoumi a également marqué de son empreinte quelques-unes des institutions culturelles majeures d'Algérie : les théâtres régionaux d'Annaba et Constantine qu'il a dirigées dans les années 1970, après avoir conduit la belle aventure de la Maison de la culture de Tizi-Ouzou, en Kabylie. En 1993, il prend la tête du Théâtre national d'Alger (TNA), en des temps troublés pour les hommes de culture et d'art. Contraint à l'exil, comme tant d'autres de ses pairs, Sid-Ahmed Agoumi a poursuivi sa carrière de comédien en France, pour l'essentiel sur les planches de théâtre. Il a notamment prêté son talent à des textes de Jean Sénac, Mouloud Feraoun, Mohamed Dib, Rachid Mimouni, Abdelkader Alloula, Benamar Mediène et Kateb Yacine. Ces dernières années, Sid Ahmed Agoumi a joué dans plusieurs comédies, diffusées sur les écrans algériens et tunisiens. Contact: Tél : 71 894 313 / site web : www.elteatro.net