Le vœu de millions de tunisiens de voir les nouvelles élites politiques rompre définitivement avec les pratiques héréditaires et le mélange douteux entre argent et pouvoir n'a pas été exaucé et si quelques cavaliers seuls émergent de ce brouhaha, la politique reste la panacée de familles, de cousins, de gendres et de cercles restreints de connaissance. Moyen très court mais oh combien efficace de s'embourgeoiser et de peser sur l'échiquier politique, des chefs de clans reproduisent les liens familiaux en politique pour s'assurer de la fidélité des siens et surtout de leur loyauté. Ainsi les dynasties se multiplient et aucune formation n'est à l'abri de ce jeu dangereux entre politique et famille. C'est vrai que ni les lois ni les principes n'interdisent de telles pratiques, mais le mélange des genres et sa généralisation inquiètent tant elles transgressent l'éthique et hypothèquent le débat libre au sein de ces formations héréditaires plus connues par le patronyme et les liens que par les pensées et l'idéologie. Les effets délétères des liens familiaux sur la politiques sont incalculables et on ne compte plus les anonymes au pays du jasmin élevés au rang d'icônes et qui tirent leur légitimité du seul fait de leur appartenance. Les Besma Khalfaoui, devenue célèbre après l'assassinat du feu Chokri Belaid , Rafik Bouchlaka, gendre de Ghannouchi propulsé ministre à la faveur de son mariage la confrérie Daimi qui règne sans partage sur le CPR et le fond d'aide Qatari grâce à son allégeance à l'ancien président Marzouki , le couple Nassraoui et Hammami qui surfent entre communisme et capitalisme au gré des circonstances, Issam Chebbi qui ne doit son élection qu'à son frere Nejib Sihem Ben Sedrine qui tire profit de son lien avec le clan Mestiri pour lancer une radio associative revendue à un prix d'or, Hafedh Caid Essebssi, fils du président de la République Béji du même nom, Samia Abbou, épouse de Mohamed , l'épouse Bhiri, …. pour ne citer qu'eux représentent les nouvelles dynasties politiques composées de fils de, de mari de, de sœur de, de gendre de , de frère de, ……… qui règnent sur la vie publique en Tunisie et qui brandissent haut et fort les slogans pompeux de représentativité et de l'égalité des chances post-révolution. Au pays du jasmin qui s'apprête à fêter le 5 eme anniversaire de la conspiration « révolutionniste », les rapports entre politique, famille et argent sont très étroits et les partis politiques se gèrent en famille, l'usufruit du militantisme se partage entre proches, les privilèges de la république se transmettent par testament et les postes font partie de la succession. Et sans faire preuve d'une naïveté zélée, il serait illusoire de faire des liens de parenté un motif d'exclusion politique ou de sanction mais il serait judicieux que nos élites souscrivent volontairement à une charte de déontologie politique pour assurer une plus grande transparence et pour réconcilier les tunisiens avec la politique.