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La Tunisie et la phase des 3B (Beys, Bourguiba et Ben Ali)
Publié dans WMC actualités le 14 - 07 - 2011

Invité de l'ASECTU (Association des économistes de Tunisie) pour son séminaire sur les défis de la transition, Dhafer Saïdane revient sur les questions fondamentales avec une approche individuelle.
WMC: Quels paris pour la transition, après 23 ans de pensée unique?
Dhafer Saïdane: En fait, je dirais qu'on est sorti d'une phase plus longue et qui s'étendrait sur un demi-siècle environ par laquelle le pays est passé, sans vouloir faire de jeu de mots, par la phase des “3B“. D'abord les Beys, ensuite Bourguiba et en bout de course Ben Ali. Durant cette période, on a vécu en paradoxe. Nous, qui avions parié en bloc sur l'enseignement et qui avions des IDH (Indices de développement humain) d'un niveau convenable, étions privés de la liberté d'expression et donc ne pouvions peser sur la gestion des affaires de notre pays. Aujourd'hui, grâce à la révolution, nous vivons cette thérapie salutaire. On a donc cassé cette fatalité de la soumission. En somme, nous sommes exposés aux paris de la refondation du système.
Dans ce contexte de refondation où l'enseignement est en panne, que peut apporter l'université au pays?
On est dans une stratégie bottom up. L'idée est que nous avons toute une série de circuits à construire ou reconstruire même. On a toujours évité la question de savoir quel type de compétences est compatible avec les besoins de nos entreprises. On a éludé la question et on a fait de la formation tout court. Il est vrai que l'on s'alignait sur les orientations qui se font dans le monde. On a importé le système LMD, voilà et on est resté là.
L'on doit s'interroger pour savoir si ce qu'on fait est conforme aux attentes de l'économie. Et dans ce sillage, pourquoi ne pas intégrer l'université au reste du corps social et économique. Pourquoi ne pas ouvrir les conseils des universités aux entreprises. Il faut se dire que les entreprises peuvent intégrer l'université au niveau des régions et les soutenir financièrement.
Il faut mettre l'entreprise et l'université en phase. Il y aura des résistances car le monde académique est nombriliste, il aime bien s'entendre parler quitte parfois à se détacher de l'essentiel. Je ne suis pas contre la réflexion académique. Elle est importante, c'est comme la recherche fondamentale. Mais si un confrère spécialiste de micro-économie n'est pas prêt à se remettre en cause pour accepter de travailler en binôme avec un opérateur économique, pour rendre cette matière accessible et utile au tissu entrepreneurial, je désapprouve.
L'ASECTU affirme qu'il faut réinventer le modèle économique. Alors par quel ordre de priorité pour les réformes?
Le modèle économique tunisien est le fruit de l'histoire et c'est un processus réfléchi qui s'inscrit dans une logique et un compromis, si je puis dire, entre des forces internationales qu'on appelle le consensus de Washington. C'est-à-dire le contexte de la déréglementation et de la libéralisation. C'est un processus qui a du sens, historiquement. Il est en ligne avec l'économie de marché et c'est un choix volontaire.
L'ASECTU soutient que le site Tunisie est prisonnier d'un choix de sous-traitance. Qu'en pensez-vous?
Il a été victime, à partir des années 90, d'un dysfonctionnement de notre système global. A partir des années 90, notre processus de libéralisation financière s'est déconnecté de la sphère réelle et le système bancaire est resté sur ses lignes antérieures. Au moment où l'économie avait besoin de banques qui s'engagent qui orientent et qui conseillent, le système bancaire n'a pas joué ce rôle. Il faut savoir qu'il faut la banque avant l'homme d'affaires. Or, depuis les années 90, on est rentré dans une sorte d'incohérence. Nous avons accepté le paradigme de la libéralisation économique et financière en ouvrant notre économie sans préparer le terrain financier qui doit l'accompagner et la renforcer. Les banques sont dans une impasse dangereuse pour l'économie réelle.
Quelle voie de sortie par le haut peut-on envisager?
La sortie doit se faire top down et bottom up. Mettre en cohérence notre politique monétaire et financière et notre stratégie bancaire avec nos besoins réels. Mettre en phase la politique monétaire avec la politique budgétaire et faire du budget l'instrument qui va corriger les distorsions du système et notamment en matière de formation universitaire.
Il faudra un nouveau rôle à l'université, vous en conviendrez?
Il est clair que l'Université doit se remettre en cause et s'ouvrir sur l'économie réelle. Elle doit faire le choix de définir la stratégie qu'elle veut suivre et l'angle d'attaque dans lequel elle doit inscrire cette stratégie. L'ouverture de l'université est une question vitale, indispensable, une condition nécessaire. Il faut ouvrir les programmes et les instances de l'université sur le corps économique et social si on veut que nos ressources humaines collent aux besoins du marché du travail. De manière concrète, l'université de Jendouba, que je connais pour avoir contribué à la mise en place de son mastère de banque et finance, doit s'ouvrir sur son entourage et doit coller aux besoins spécifiques de la région.
Finance et banque en milieu agricole. Est-ce une recette magique?
Ce peut-être le financement agricole. Il n'y a pas que le secteur financier. D'autres secteurs d'activité peuvent être concernés. Et là, je recommande d'associer les chefs d'entreprise, les PME-PMI, les petits porteurs de projets. Tout ce vivier doit s'agglomérer et constituer un ensemble cohérent. C'est une condition nécessaire. A côté de cela, il faut décoincer le moteur de la croissance qui est le système financier et le monde bancaire, en particulier. Le tout est d'assurer les conditions du développement des RH. Au final, je considère qu'il faut veiller à ce que les appels de l'entreprise trouvent des financements dédiés. Et pour cela, il y a des réformes à faire au niveau du système bancaire. Reformer au niveau du système bancaire, réformer au niveau de l'université, voilà une approche schumpétérienne de l'innovation et de la formation. Voilà des idées si on veut retrouver des sentiers de croissance dignes de nos ambitions. La clé c'est donc d'innover et de trouver des financements en phase.
Est-ce que vous recommanderez de restructurer le système bancaire?
Oui, absolument. Ce système est éclaté, donc inefficient et il appelle une restructuration. La situation est assez paradoxale, du reste. L'efficacité absolue y est. Les banques ont de bons résultats. Il faut dire aussi qu'elles sont en situation d'oligopole. Elles réalisent des marges d'intérêt élevées. Leurs conditions de garantie sont draconiennes, elles écrèment les meilleurs clients. Il est normal, dans ces conditions, que leur rentabilité soit bonne. Il faut revoir l'efficacité relative, par contre. En la matière, elles sont distancées par leurs homologues internationales, africaines y compris. Elles ont également le handicap de la taille. Par conséquent, j'appelle à faire émerger un pôle public important pour que les banques puissent se destiner, véritablement, à leur mission initiale qui consiste à un financement sain et compétitif de l'économie.
Mais vous ne faites que reprendre les termes du programme présidentiel de Ben Ali 2009-2014?
Et pourquoi jeter le bébé avec l'eau du bain? Je ne suis pas politicien, je suis économiste et même avant que Ben Ali ne décide de cette orientation, je l'ai évoquée. Ben Ali n'a pas inventé. C'est un principe scientifique du XIXème siècle.
Quid du secteur bancaire privé ?
Lui aussi est éclaté, atomisé, avec un capital très concentré entre les mains de certains groupes. Il doit, lui aussi, être restructuré et toiletté. Ce sera l'occasion de faire la chasse à l'inefficacité et aux surcapacités. Et par-delà à toutes ces choses qui entravent son développement et par conséquent celui de l'entreprise tunisienne.
La Tunisie peut-elle encore s'endetter?
Devant l'insuffisance de notre épargne nationale, il nous faut des ressources supplémentaires. Cet appoint est nécessaire pour l'amorçage de la reprise. Je recommande l'impulsion d'une dynamique de type keynésien. En pariant sur l'effet de levier, avec le retour de confiance, et ce thème est fondamental dans les circonstances actuelles. Alors oui, on peut très bien lever de la dette.
Le rôle de la société civile dans le processus de transition?
Il est fondamental. L'ASECTU fait un travail remarquable de prospection d'idées. Et même si l'on n'est pas d'accord sur tous les points, je soutiens totalement ses initiatives.


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