Présenté lundi 25 juillet 2011, le monitoring des médias durant l'élection de la Constituante est une surveillance de tous les instants de la couverture de cette élection. Au programme: suivi et analyse à la fois quantitative et qualitative des contenus. Pour s'assurer que les médias ont assuré une couverture équilibrée et équitable des partis et candidats en lice. Mais les choses ne sont pas faciles. Mesurer l'impartialité des médias, et par-là défendre la déontologie de la profession et l'exercice, par l'électeur, de son libre choix. Mme Sana Ben Achour, présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), a donné le ton, lundi 25 juillet 2011, dans une conférence de presse, en précisant l'objectif de l'opération de monitoring concernant les médias durant l'élection des membres de la Constituante du 23 octobre 2011. Un monitoring qui se déroulera en trois phases: la phase préélectorale, la campagne électorale et la phase postélectorale. Mais qu'est-ce que le monitoring? Terme anglais signifiant surveillance, il peut être défini comme la mesure d'une activité, de quelque nature que se soit: humaine, économique, électrique, Aussi le monitoring est utilisé dans de nombreux domaines comme la médecine où il s'agit de surveiller des patients lors des études cliniques. Le contenant aussi bien important que le contenu Largement utilisé dans le monde des médias, il concerne pour les différents supports (presse écrite, radio, télévision et presse électronique) et consiste en un suivi et une analyse des contenus. Une opération qui mobilise beaucoup d'efforts pour lire les différents articles ayant trait aux thématiques choisies et à écouter et regarder les émissions se rapportant à ces thématiques. Bien souvent, il faudra procéder à la lecture des journaux et à l'enregistrement des émissions de radio et de télévision, objet des «investigations». Les enregistrements étant on ne peut plus nécessaires pour assurer un visionnage des contenus. Mais pas seulement les contenus. Les spécialistes savent que le contenant, c'est-à-dire la forme, est aussi important que le contenu. Le choix d'un emplacement dans un journal et le plan choisi par un cameraman peuvent en dire long sur la manière avec laquelle sont supposés être traités les partis et candidats en présence. Inutile de préciser qu'une partie importante du travail de monitoring va être une analyse de contenu quantitative: thèmes et événements «traités», occurrence, mise en valeur de l'information (longueur des articles, présence ou absence de photographies, d'exergues ). Et dans ce domaine, le non dit est souvent aussi important sinon plus important que le dit. Taire un événement ou une information peut être significatif d'une volonté délibérée de «nuire» à un parti ou à un candidat. Se nourrir d'un référentiel Le monitoring va concerner également des aspects qualitatifs, comme le choix des mots utilisés dans les articles et émissions, notamment les éditoriaux, commentaires et autres journaux télévisés et débats qui font, généralement, l'objet d'un intérêt bien particulier. Pour ce faire, les analyses réalisées à cette occasion devront se nourrir d'un référentiel quant au rôle et au comportement du journaliste en période électorale. La Tunisie n'est, évidement, pas le premier pays à avoir vécu une transition démocratique avec des élections établissant donc un ordre nouveau. Elle devra s'appuyer sur les vécus électoraux d'autres pays. Il s'agit, à ce niveau, de voir si les médias ont assuré une couverture équilibrée et équitable des partis et candidats en lice, notamment parti pris et respect de la déontologie (mélange d'information et de commentaire, diffamation, propagation de fausses nouvelles ). Il s'agit de voir également dans quelle mesure les médias ont fourni au lecteur, auditeur, téléspectateur et internaute, les informations nécessaires pour qu'ils puissent voter dans les meilleures conditions. Une partie du travail des médias consiste à développer une information dite de «servitude»: heure d'ouverture et de fermeture des bureaux de vote, fonctionnement du vote, rôle et travail des observateurs En somme, un devoir civique auquel les médias doivent faire valoir. Pour ce faire, de nombreux acteurs du paysage médiatique, tunisiens et étrangers, ont mis à profit les mois d'avril, mai, juin et de juillet 2011 pour former les journalistes tunisiens aux techniques de couverture des élections. L'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication (INRIC) a même concocté un guide du journaliste tunisien pour l'élection du 23 juillet 2011. Il a été présenté à la presse, en mai 2011, et est censé aider les médias «à garantir les principes d'impartialité et d'égalité de traitement entre les formations en lice et leurs candidats». Comme il précise «la marche à suivre lors des différentes étapes du déroulement de l'élection des membres de la Constituante» et «le mode de traitement avec les différents partis politiques ainsi que les démarches à adopter au cours de la couverture des événements». Les choses ne seront pas pourtant faciles à gérer pour la coalition d'ONG, qui regroupe notamment l'ATFD, l'Association des femmes pour la recherche sur le développement, la Ligue tunisienne des Droits de l'Homme, le Conseil national des libertés, le syndicat national des journalistes et l'Observatoire pour la liberté de presse, d'expression et de création, ainsi que des organisations internationales telles que l'Agence danoise International Media support (IMS), l'institut italien Observatore du Pavia et le Groupe de travail arabe pour l'observation des médias, initiateurs de l'opération de monitoring concernant les médias durant l'élection des membres de la Constituante du 23 octobre 2011.