Retenez bien ces noms: Wided Bouchamaoui, Mohamed Ben Sedrine, Tarek Chérif, Hichem Elloumi; car c'est certainement autour d'eux que tournera le tiraillement de l'UTICA dans les prochains mois. Mais ne comptez pas sur nous pour dire qui a raison et qui a tort! Car, pour paraphraser le logicien Kurt Gödel, l'UTICA nous semble se diriger de plus en plus vers une situation “indécidable“. C'est le résultat des théorèmes d'incomplétude qui disent, en gros, qu'il existe des questions à propos desquelles on ne peut décider si elles sont vraies ou fausses... d'où le terme “indécidable“, donc! Eh bien, aujourd'hui, on ne peut dire si l'UTICA est sur la bonne ou la mauvaise voie si on observe les attitudes de certains de ses leaders! Après la venue de Wided Bouchamaoui à la tête de l'UTICA, on croyait que le brouillard s'était définitivement levé pour ouvrir les grandes perspectives au patronat. Mais tout montre qu'il n'en est rien et que la Centrale patronale pourrait s'enfoncer durablement dans la crise car une partie du patronat reste attachée au “courant“ que représente Mohamed Ben Sedrine. Coupés ainsi en deux parts inégales, les patrons sont rendus encore plus perplexes quant à leur avenir alors que Ben Sedrine vient d'annoncer son intention de créer un “Parti des Patrons“ en faisant très attention à souligner qu'il ne tranchera pas à ce sujet avant d'avoir l'aval de la majorité des chefs des structures de l'UTICA. Tout de suite après, Ben Sedrine est ouvertement attaqué par Hichem Elloumi, l'un des leaders de l'UTICA, qui estime qu'il n'est pas du tout dans la vocation de la Centrale patronale de faire de la politique et que cette idée de création d'un parti des patrons est singulièrement saugrenue. Sur ce, un quatrième nom des leaders les plus respectés de l'UTICA, Tarek Chérif, annonce son intention de créer la ''Confédération des entreprises citoyennes tunisiennes- CONECT'', qui n'est rien de moins qu'un pendant à l'UTICA... une autre Centrale patronale, pour tout dire, rajoutant ainsi au brouillard qui enveloppe les patrons tunisiens depuis des mois. Mme Bouchamaoui a raison de ne pas lâcher le terrain, Ben Sedrine a tout à fait le droit de créer un parti politique, Elloumi a raison pour défendre l'indépendance de la Centrale patronale, M. Chérif est libre de mobiliser autour d'une alternative patronale... Mais le problème, c'est que tout cela veut dire “chacun pour soi!“ et qu'il ne pouvait arriver à un moment aussi inapproprié qu'aujourd'hui.